Victoria est une espagnole fraichement débarquée à Berlin depuis peu. Elle aime faire la fête, s'amuser, boire mais surtout les gens. En effet, Victoria n'a pas peur de suivre un groupe de mecs un peu bourrés pour voler des bagnoles ou aller discuter sur le toit d'un immeuble. Mais ce que Victoria ignore, c'est que sa vie va basculer en seulement deux heures de temps. Le film est fascinant dans la gestion du temps, on a l'impression, à la fin, que tout ce que l'on vient de voir s'est déroulé sur une nuit entière, voire même plusieurs, avec de nombreuses ellipses. Mais non, le temps diégétique et celui du spectateur sont les mêmes pour la simple et bonne raison que le film est un plan séquence à lui tout seul. Peut-être un hommage à "La Corde" d’Hitchcock mais sans "trucages" ou alors, plus récemment, à "L'Arche Russe", le film a en effet la particularité d'être complètement en plan-séquence, ce qui a ses qualités mais également ses défauts. Tout d'abord, soulignons la prouesse du réalisateur, de l'équipe technique qui doit être au taquet en permanence pour ne pas faire la moindre erreur mais également des acteurs et en particulier de Leia Costa qu'on ne quitte pas des yeux une seule seconde ou presque. On s'émerveille devant l'improvisation des acteurs mais également devant les techniques utilisées en se demandant comment ils ont fait pour tel ou tel plan, comment ils ont passés la caméra ici etc. De plus, le format est complètement justifié, ce n'est pas simplement un caprice de mise en scène. Ce format permet de placer le spectateur au cœur de l'action, directement avec les personnages, comme s'il accompagnait Victoria. On ressent ainsi sa fatigue, son énergie, son adrénaline, son stress, sa tristesse etc. De plus, la relation entre les deux personnages principaux est également très bien écrite, elle passe par différents stades de vie en seulement deux heures tout en restant réaliste. De même que les choix que fait Victoria peuvent faire basculer sa vie en, encore une fois, seulement deux heures. Seulement voilà, le film possède également beaucoup de longueurs, notamment dans la première heure et demi, avant que le film ne devienne beaucoup plus fluide. Effectivement, l'inconvénient du film en plan séquence est que l'on suit les personnages dans des situations bateau ; c'est sympa au début, notamment dans la rue, ça apporte une certaine authenticité mais ça commence au bout d'un moment à devenir assez longuet, comme lorsqu'ils sont sur le toit par exemple. "Victoria" est donc très intéressant sur le plan formel et interroge beaucoup mais pèche un peu de par son histoire finalement assez basique.