Angelina Jolie Pitt continue mollement de faire ses gammes avec By The Sea, sorte de thérapie de couple dans laquelle est embarque son mari pour un résultat mitigé. Tout d'abord, j'aimerais préciser que le nombrilisme du film n'est pas du tout en question dans mon appréciation plutôt réservée. On ne parle jamais aussi bien que de soi, c'est logique, surtout quand on en vient à traiter des sujets aussi psychologiques. Au moins, le couple glamour a le mérite d'assumer complètement l'entreprise, faisant de ses personnages misanthropes et pas franchement aimables des supports derrière lesquels il ne peut se cacher. Les ex Mr and Mrs Smith s'étudient, sans chercher à se déguiser, sans éluder les parts d'ombres de leurs personnages pour éviter le risque de voir l'image de ceux-ci s'amalgamer à celle leurs interprètes. Le film n'est ni trop fasciné, ni moraliste : il arrive à l'équilibre exact de celui qui voit clair en lui-même et y trouve des traits douteux et salis, qu'amender revient à se délester d'une autre part de soi. Non, vraiment, l'étude est profonde, réelle et honnête, la mise en abyme amenée avec conviction. Le cliché, véritable mot-d'ordre sur lequel est bâtie toute la diégèse du film, n'a pour moi rien de toc. L'univers de By The Sea est prismatisé par ses deux personnages principaux, c'est l'image de la France du Sud retenue par leur esprit d'américains bourgeois, celle qu'ils se sont construite pour répondre au besoin qu'ils voulaient satisfaire par elle. By The Sea en devient d'autant plus facilement une prison, où rien n'échappe au domaine de l'intime, dans tout ce qu'il peut avoir de cruellement impersonnel, de vide malgré le charme dont on veut le nourrir. Non, vraiment, le problème est pas dans l'intention, le parti pris. Ce qui me gêne, c'est l'exécution qui voit l'idée se transformer en métrage. La narration, surtout, annonce beaucoup trop ses effets ; les dialogues paraphrasent ou ouvrent la porte aux errements psychologiques du couple et aux objets qui les matérialisent. Tout est trop explicatif, pas assez rentré, pas assez recroquevillé. Le mouvement de refoulement de ses personnages, le film le désamorce par le manque d'ombre qu'il laisse planer, et c'est à ce titre que ce couple qui se cache à lui-même et dont nous savons pourtant tout finit par devenir un peu toc, comme s'il était trop évident qu'il était écrit et non réel pour que le film prenne la peine de l'accompagner jusqu'au bout. Cela vient peut-être, d'ailleurs, de ce que Mrs Jolie Pitt a du mal à se défaire d'une logique d'actrice, qui est de clarifier son jeu, de s'offrir à tout moment au spectateur comme un possible miroir de lui-même. Un réalisateur, lui, aura plutôt tendance à préférer l'énigme ou le trouble, à cacher jalousement ses secrets, qui tant qu'ils ne sont pas révélés laissent toujours cette impression si profonde qu'il demeure quelque chose que le cadre ne peut pas embrasser en entier. Brad Pitt, plutôt sobre, est bien dirigé, ce n'est pas le problème. Mais By The Sea manque encore de maîtrise et de radicalité, et finit par fonctionner sur un plan abstrait, objet un peu trop beau et pas assez bousculé pour que j'y voie autre chose que de l'art, ou la volonté d'en faire. Émotionnellement sans prise.