Deuxième film d'Angelina Jolie en tant que réalisatrice, il est peut-être plus intéressant de voir « Vue sur mer » aujourd'hui lorsque l'on sait comment s'est terminé le mariage très médiatique de celle-ci avec Brad Pitt. C'est assez curieux car lorsque j'y pense, il y a à la fois ce que j'aime et ce que je n'aime pas ici. D'un côté, Jolie donne indéniablement à son œuvre un côté très « poseur », « arty », ce soleil écrasant la Côte d'Azur apparaissant quelque peu cliché, le sérieux manque de densité comme le sentiment de répétition finissant par s'installer ne manquant pas de se faire ressentir, le « contexte historique » des 70's étant uniquement exploité à travers quelques détails et objets : un peu court. De l'autre, et de façon assez étonnante, je ne peux pas dire que je me sois réellement ennuyé : malgré les réserves évoquées précédemment, on sent que l'actrice y croit, non sans maladresse, mais avec une certaine grâce. On a beau être constamment au bord de la caricature, ça passe, ces images très léchées, ce travail sur la lumière témoignent d'un vrai soin formel pour accompagner ce mélo qui, à défaut d'être franchement original ou réellement crédible, sait plutôt bien capter notre attention quant au roman de ce couple en pleine crise, sans que l'on sache exactement les origines de celle-ci. Ce qui aurait pu être ridicule fonctionne plutôt bien : le tenancier interprété avec délicatesse par Niels Arestrup, le couple Melvil Poupaud - Mélanie Laurent apportant un pendant « heureux » aux deux héros, les crises conjugales laissant place aux moments de complicité... L'équilibre est assez juste, la prestation tout en retenue de Brad Pitt également, la sculpturale Angelina faisant preuve d'un bel effort pour apparaître le plus triste possible, sans convaincre totalement. Dommage que le dénouement soit aussi médiocre, non seulement ne justifiant absolument pas (notamment vis-à-vis de son mari) le comportement de l'héroïne depuis le début, mais surtout s'avérant extrêmement banal et décevant, à l'image d'un
« happy end »
sonnant franchement faux. De quoi être moins indulgent que je ne m'apprêtais à l'être, même si ce drôle d'objet signé par l'une des plus grandes stars du cinéma américain peut susciter la curiosité, notamment pour son raffinement formel un peu forcé, mais plutôt séduisant. Douglas Sirk peut toutefois reposer en paix sans la moindre inquiétude...