Des dialogues qui n’en finissent plus, une Emma Stone qui ne fait qu’exagérer son rôle tandis qu’un Joaquin Phoenix énerve plus qu’il ne sidère en alcoolique endormi, poète du dimanche à deux sous. Le montage, de style lent, exaspère, les plans, longs plus qu’il n’est possible, nous font fermer les yeux. La musique, extrêmement répétitive, n’a le don que de nous provoquer de l’urticaire et sûrement pas une certaine grâce qui ne serait pas de refus. Qu’y-a-t’il à sauver face à cette interminable heure et ces trente-cinq minutes qui dépassent avec flemme de la couette de la table autour de laquelle sont réunis des acteurs en sous-régime, qui discutent d’une philosophie tellement de comptoir qu’elle se retrouve être sans aucune importance pour nous, spectateurs… Ou la question serait peut-être la suivante : peut-on faire une overdose de Allen et de son cinéma? Si on considérerait ses films comme des étendues d’eau, cet « Irrationnal Man » ne serait qu’un lac trop paisible et surtout trop faible niveau quantité, donc on se retrouve avec des situations ridicules, jouant, paraît-il, du comique de l’absurde, mais on a affaire qu’à un pétard mouillé, une véritable grenade qui ne peut exploser car elle est calquée sur l’une des pires et l’une des plus durs choses à mettre en scène au cinéma : la philosophie. Le problème avec ce nouveau Woody Allen, c’est que les dialogues semblent être écrits le matin même du jour de tournage. Une suite sans queue ni tête de conversations sur le mal-être bien-pensant d’un professeur d’universités qui n’arrive plus à respirer. Voilà ce que c’est et ce que représente ce film : un continu de scènes prolongées au maximum, durant lesquelles on voit des personnes marcher, parler sans entrain ou avec trop d’entrain, sur-jouant ou sous-jouant, buvant du vin et converser sur le sens cabalistique de la vie. Il n’y a purement et simplement rien de passionnant à voir, et encore moins à entendre, car on s’ennuie sans fin et on ne parvient jamais à être passionnés par ce casting en vacances, qui n’est présent sur le tournage juste pour dormir et manger dans un dinner le midi puis dans un restaurant de luxe le soir, et qui ne sortent de leurs appartements que pour sortir quelques répliques qui, comme dans la plupart des Allen, sont des exemples d’immondices d’écriture idiotes et barbantes. C’est dramatiquement bavard, ennuyant et trop sec. À un moment on décroche face à ce lot d’idioties sorties par un réalisateur qui n’a, si rien à prouver, plus aucune idée de mise en scène et ce depuis une bonne dizaine d’années. Que dire d’autre de plus sur un trou noir artistique dont on sort comme répugnés? Rien, sinon parler de ce final hautement ridicule, voire de cette voix OFF qui n’arrête jamais, avec celle de Stone en fond, déjà trop énervante lorsqu’on la voit à l’écran, mais ce sont deux autres affaires qui rabaisseront encore plus un film déjà bien minable et pauvre. « Il y’a deux ans sortait Jasmine, enveloppée dans son Blue, qui lui allait si bien… Cate, ton caractère nous manque ». Le tien aussi, Woody.