Bien des histoires magnifiques de personnes faisant le bien autour d’elles existent. Certaines sont connues, comme celles de Mère Teresa ou de l’abbé Pierre. Mais combien demeurent inconnues de tous ? Pourtant elles font un travail tout aussi remarquable, souvent avec des moyens dérisoires, et heureusement, le 7ème art est parfois là pour nous conter comment des hommes, des femmes, luttent contre la précarité et la pauvreté partout dans le monde. De plus, il est toujours plaisant de découvrir des destins hors normes. Le sort est ici jeté sur une irlandaise que la vie n’a pas épargné malgré sa foi. Au prix de flashbacks dont le premier déroute un peu dans le sens qu’il nous arrive de façon plus ou moins inattendue, le spectateur est invité à suivre le périple d’une femme qui trouve sa voie au Vietnam. On ne peut qu’être admiratifs devant cette inébranlable détermination que Deirdre O’Kane fait ressortir à merveille, en plus de la dévotion, d’un moral à toute épreuve, et d’un sacré culot, tout cela grâce à son excellente expression scénique. Bien que plutôt académique, la réalisation de Stephen Bradley est bonne, souvent intimiste, mais bénéficie parfois de quelques raccourcis un peu faciles, en ne développant pas suffisamment la psychologie des personnages, ou en faisant preuve d'un peu trop de pudeur en faisant l'impasse sur des scènes plus dures et qui auraient pu argumenter un peu plus le propos. Il manque même ce petit supplément d’âme qui pourrait rendre ce film définitivement plus bouleversant encore, malgré la présence de scènes choquantes
, comme cette affaire de tourisme sexuel effectué auprès de jeunes gens mineurs, ou comme ces pauvres nouveau-nés abandonnés simplement parce qu’ils ont une pathologie, difforme pour certaines d’entre elles
. Je ne dis pas que "Christina Noble" est exempt d’émotions, loin de là, mais je m’interroge quand même si la partition de Giles Martin n’accompagnait pas aussi efficacement le film. Elle est variée, empreinte des couleurs des contrées locales dans lesquelles nous voyageons, mais aussi parfois magnifique, notamment en début de film avec ces instruments à cordes censés faire vibrer le spectateur au même titre que leur sonorité. Une telle œuvre offre souvent une belle photographie, et c’est le cas, et vous verrez que si vous vous amusez par moments à faire de l’arrêt sur image, alors vous vous rendrez compte qu’elle est digne des clichés de quelques reportages ayant pour sujet la misère dans le monde. Pour finir, je donnerai ma mention spéciale à Deirdre O’Kane, cette actrice qui a interprété Christina adulte, et à qui on a attribué quelques répliques savoureuses d’ironie. Mais je crois qu’on peut aussi féliciter la petite Gloria Cramer Curtis (d’autant plus que c’est là sa toute première apparition à l’écran), visiblement heureuse d’être libre de faire presque n’importe quoi afin d’interpréter une joyeuse et non moins délurée petite fille décidément incorrigible. Boudé par le public en France (à peine un peu plus de 35 500 entrées), Christina Noble est un beau témoignage sur l’un des 36 héros qui ont inspiré le monde, qui m’a été vivement recommandé, et que je vous recommande également.