Un documentaire retraçant l'incroyable histoire de la Cannon, de sa naissance jusqu'à sa liquidation, et de ses créateurs, l'inénarrable duo Menahem Golan - Yoram Globus. Globalement on ne s'ennuie pas, on apprend des choses, et si les interventions sont un peu inégales, elles restent globalement de qualité. Le choix de la réalisatrice est de donner à 80% la parole aux deux trublions, ce qui s'avère un choix plutôt pertinent, mais souffrant inévitablement de partialité. Si les entendre permet de bien distinguer le rôle de chacun (le « meneur de projets » d'un côté, le financier de l'autre), il est très vite évident que Golan manque totalement de lucidité sur son travail, au contraire de Globus, beaucoup plus réaliste et reconnaissant quelques grosses erreurs (son témoignage sur la mise en chantier de « Superman IV » est éloquent). C'est à la fois intéressant et en dit pas mal sur le bonhomme, mais de l'autre celui-ci est tellement incapable d'avoir un regard lucide que cela empêche tout esprit critique concernant l'entreprise. Il y a d'ailleurs un peu trop de complaisance : pas un mot sur le niveau pourtant désastreux de Golan comme réalisateur, par exemple, ou des choix étonnants : l'empire des cassettes vidéos sur lequel a régné un temps en maître la Cannon n'est pas évoqué une seule seconde... Sincèrement, je pense que cela aurait pu, dû être mieux. Maintenant, le montage est plutôt équilibré, ce n'est pas trop long et on ne nous abreuve pas d'images de films : juste ce qu'il faut, celles choisies étant d'ailleurs très... éloquentes (mon Dieu, que de navets!), sans oublier les (rares) projets ambitieux mis en chantier par le studio, notamment leurs collaborations avec John Cassavetes, Jean-Luc Godard et Andreï Kontchalovski. Surtout, la première partie évoquant les débuts de la firme, notamment en Israël avec des productions parfois pour le moins étonnantes (dont quelques comédies musicales semblant valoir leur pesant de nanaritude), montre une autre facette de ces deux amis (ou cousins, pour être précis) qui étaient quand même un peu prêts à tout pour faire du pognon (de dingue), au point de finir par se foutre complètement de l'art cinématographique : assez déconcertant, mais sans doute assez proche de la mentalité de nombreux producteurs américains aujourd'hui... Divertissant et plutôt instructif, donc, à défaut d'avoir le recul et l'objectivité nécessaire pour en faire un documentaire de référence.