Comment décrire ce Magnolia ? Ça ne va pas être simple, tant mes sentiments à l'égard du film sont confus. Tout d'abord, et c'est, je crois, le point le plus important ; malgré 3 heures de pellicule, je ne me suis pas ennuyé. Ou très peu. Ça au moins, je crois pouvoir l'expliquer, tient à la qualité du cinéaste, qui a contrario de celle de l'auteur, est incontestable. PTA évite en effet cet ennui, en même temps qu'il entremêle 9 histoires différentes (oui 9, si ça ce n'est pas osé ...), par un montage de maestro et un maniement de caméra parfois virtuose, bien que quelquefois endormi. La gageure à laquelle il se heurte, c'est-à-dire l'incroyable complexité de son récit, il la contourne donc aisément, également grâce à une très belle justesse dans ses choix narratifs. Raccourcir le film, c'était, en fait, shunter le développement de certains personnages voire en supprimer, et donc enlever énormément de force à un propos qui repose justement sur la pluralité des acteurs de notre société humaine. Car Magnolia est un film, au final, qui n'a de raison d'être que ce qu'il cherche à raconter, et la richesse des thèmes qu'il aborde. Seulement et de fait, pour pouvoir en profiter pleinement, il faut saisir où le jeune réalisateur souhaite nous emmener, et c'est là que sont survenues, pour ma part, quelques anicroches. J'ai en fait perçu ce long-métrage, au-delà de son message apparent et assez pataud du "tout peut arriver", comme un film sur la rémission et la renaissance, qui peut-être amenée par un hasard (Dieu ? Jolie allégorie au passage) mais demande aussi de faire face à ses démons (...). Je crois, tant le film est riche, que je pourrai continuer à lui chercher des interprétations pendant un bon moment, mais sa richesse thématique est comme un océan duquel aucune idée forte n'émerge. Magnolia m'a jeté en plein brouillard c'est vrai, mais n'allez en revanche pas vous mettre en tête qu'il fut une expérience désagréable. En fait, je distingue clairement deux possibilités : soit Paul-Thomas Anderson est un génie si subtil que je ne parviens pas à saisir la finesse de son oeuvre, soit mes a priori le concernant me font chercher entre les lignes, pourtant seulement séparées par du vide ! Je crois, en fait, qu'il y a sans doute un peu des deux ! Petite mention pour finir à un Tom Cruise apparemment en pleine période "films d'auteur", lui qui croisera quelques temps plus tard la route d'un certain Stanley Kubrick ... à voir.