Jour de pluie.
Jour de gris, jour de rien, jour de vide.
La tête contre le carreau de la fenêtre, errant, pensif, rêveur ou fataliste, à la vie.
Jour de pluie, jour de vie et de mort, jour de terre et d'eau, jour de joie et de tristesse, jour de retrouvailles et de pertes, jour du destin.
Nul ni échappe. Nul ne le fuit. Il frappe à la porte tel le maître de nos vies.
Jour de pluie, jour de choix, jour fatal, jour décisif.
Le cinéma est une invitation. Une invitation à autre chose. Le cinéma est ce qui n'est pas, et qui pourtant est. Le cinéma est une célébration de la vie, de la mort, de l'amour, de la haine, de toutes les choses du Bien et de toutes les choses du Mal. Le cinéma est une porte vers l'universalité, c'est un monde qui s'ouvre à nous quand on insère le disque dans le lecteur, un monde que l'on partage à plusieurs, entre amis, avec la famille, ou que l'on garde précieusement pour soi tel un objet du désir d'évasion ou de révélation que l'on garde pour son plaisir solitaire. On avance dans les tranchées d'une œuvre, dans ses obscurs méandres, telle une énigme à déchiffrer, à en extirper la substance. Le cinéma est l'art de l'autre chose, du miroir de nos vies, de ce qui importe et importe peu.
Effet papillon.
Théorie du chaos.
Depuis toujours je suis fasciné par cela. Le choix, le seul et unique, celui qui décide du reste. Celui qui convoque notre raison, qui questionne notre nature et qui empiète sur celle d'autrui. Le choix qui bouleversera notre destin, le fil de notre vie, et de celle des autres, ces autres qui ont suivi leur voie et qui s'entremêle avec la notre dans un réseau de coexistence infini. Tant de choses nous échappent, tant de choses nous mènent loin, tant de choses restent à vivre. Parfois c'est le plan minutieux de plusieurs années, parfois c'est le destin d'un jour, c'est le grand bouleversement.
Le grand bouleversement, la résurgence de vieux démons, le sentier inexploré d'une rencontre hasardeuse, la révélation au terme d'une expérience de vie insoupçonnée, ou d'une pluie battante transportant nos vacantes errances en un état de grâce divin, une remise en question de tout ce que l'on a vécu, et un nouveau départ. L'histoire du destin, de la vie, de la mort, de la misère, de la pitié, du pardon, cette grâce qui nous fera surmonter toutes les épreuves à venir, gravir les monts les plus ardus, passer au travers de sentiers vierges, vaincre sa peur du vide et nous jeter dedans. Plus jamais nous ne serons les mêmes au terme d'un jour de grâce, jour de pluie où les esprits vacants se croisent, s'ignorent, se remarquent, s'embrassent sous la symphonie déchaînée de l'eau frappant de toutes ses forces contre la boue. Plus jamais, plus jamais nous douterons de nous, de l'autre, et de la vie.