Les blockbusters s'enchaînent et se ressemblent tout en finissant par s'annuler les uns les autres... Il y a quinze jours à la sortie du film tout le monde parlait de déception monumentale, de navet, etc. Et aujourd'hui tout le monde est passé à autre chose. Que ça soit un Star Wars ou un Jurassic Park (parce qu'on va pas se mentir, c'est la même franchise hein), deux sagas on ne peut plus populaires, mais jusqu'à récemment assez peu prolifiques et sachant se faire attendre, les derniers films issus de ces franchises ne sont que des micro-événements que tout le monde oublie quasiment immédiatement après les avoir vus. Les réalisateurs et scénaristes peinent à proposer un spectacle réellement inédit, vraiment novateur, mais aussi tout simplement à écrire des personnages.
Parce qu'il faut bien l'admettre, j'ai beau avoir apprécié Jurassic World premier du nom pour son final et son discours sur le cinéma, les personnages ne sont pas des monstres de profondeur. D'ailleurs ça se voit dans cette suite où Chris Pratt se présente en disant qu'il a fait de la moto avec des raptors... Dit comme ça c'est bien évidemment ridicule, mais surtout on voit la différence entre ces personnages là qui sont des héros jusqu'à l'absurde et les personnages bien mieux construits et surtout qui étaient des gens normaux, du premier Jurassic Park. Ici les personnages sont tellement exceptionnels et capables qu'il leur faut une nouvelle menace, le T-Rex, le Raptor sont leurs alliés et donc il leur faut un nouvel opposant (le « more teeth » du film précédent).
Et c'est là que c'est dommage, dès le début on voit qui vont être les personnages principaux, on a deux gamins qui se parlent dans le bureau de Claire, forcément c'est eux qui vont être important, mais sans qu'ils aient une réelle personnalité allant au delà de leur stéréotype. D'ailleurs on sent que la distribution a été passée à la moulinette du progrès, on a des gens de toutes les tailles, de toutes les couleurs, mais surtout on n'a plus réellement de demoiselle en détresse... Ce qui n'empêche pas le film d'être débilement viril avec le personnage de Chris Pratt qui fait maintenant du sport de combat. Youhou... Quelqu'un aurait imaginé Alan Grant faire du jujitsu contre des gardes armés ?
D'ailleurs je ne comprends pas pourquoi le personnage de Grant est à ce point là malmené par la saga, Spielberg voulait faire revenir Malcolm dans la suite et a même forcé l'auteur du bouquin à le ressusciter car il était mort dans le livre... Là Malcolm revient, mais pas de Grant... Alors bon, quand j'étais jeune je préférais largement Grant, mais avec le temps j'apprécie peut-être plus le personnage exubérant de Malcolm... Mais bon... Je ne comprends quand même pas. Parce que s'ils veulent du fan service remettre les deux dans un plan ensemble, ça aurait de la gueule...
Enfin, je dis que Malcolm revient... Vite fait et c'est assez inutile et d'ailleurs on a manqué une excellente référence à « la vie trouve toujours un chemin » à la fin du film... En effet, énorme moment de suspens (ironie) autour de la question de faut-il laisser mourir les dinosaures ou non et il aurait été mieux plutôt que la pseudo réflexion sur la vie proposée, ben de leur faire trouver un chemin... pour que la vie trouve toujours un chemin...
D'ailleurs, rien que l'idée de départ va à l'encontre de la maxime de Malcolm. Un volcan sur l'île qui va tout casser, ok... Bon même si clairement on a vu la forme de la montagne un volcan effusif et pas explosif (mais ça permet d'avoir Chris Pratt qui pourra rajouter à son palmarès le fait d'avoir survécu à une nuée ardente) et un volcan effusif, ça ne fait pas exploser une île... enfin je dis ça, je ne dis rien... Mais surtout même un volcan explosif il y a moyen de s'en sortir... Parce que là clairement c'est assez irréaliste la nuée ardente à 360° autour du volcan... (et puis faut qu'on m'explique comment ils ont capturé le T-Rex qui était dans la nuée ardente avec les héros quelques minutes avant, ah et tant que j'y suis je veux aussi savoir comment les mecs montent dans le bateau sans se faire repérer
D'ailleurs en parlant de ça, on voit quand même le premier dinosaure que l'on a vu dans le premier Jurassic Park rester l'île et la scène fonctionne vraiment bien. Sans doute l'une des meilleures scènes du film et l'une des seules construite correctement, où elle est assez longue, tout en nous faisant entendre le bruit du dino que l'on connaît quasiment depuis notre naissance.
L'autre scène que j'ai beaucoup aimée dans la dernière partie du film, lorsque leur nouvel hybride dégueu pas beau, après avoir été sous la pluie, ruisselle, ressemble quasiment à un alien et avance sur le lit virginal d'une gamine. C'était juste parfait. Surtout qu'avant on avait eu énormément de jeux d'ombres renforçant toute la dimension cauchemardesque.
Quel dommage que la scène, comme beaucoup trop dans le film se termine par un deus ex machina. D'ailleurs il faudra quand même m'expliquer comment fait Chris Pratt pour toujours savoir où se trouve la gamine ou le dino... Je ne vois qu'une explication, il est la caméra... C'est le monstre d'Evil Dead, c'est une rupture du quatrième mur et il devient la mise en scène... ou alors c'est juste écrit avec les pieds et on pense qu'à chaque fois s'amuser à reproduire la scène de fin du premier Jurassic Park avec le T-Rex qui délivrait nos héros des vélociraptors, c'est une bonne idée.
En parlant du T-Rex, encore une fois quelle déception. Autant dans le film précédent je ne m'attendais limite pas à le voir étant donné qu'on avait un nouveau monstre et qu'on l'avait montré quelques secondes totalement placide dans son enclos et là il y avait cette scène jubilatoire qui permettait en en faisant beaucoup trop, c'est vrai, de sacraliser le T-Rex... Mais là... ? Franchement ? C'est d'une tristesse. Ils ont tenté de faire pareil avec Blue, le raptor que Chris Pratt avait dressé dans le premier film... Mais franchement, ça ne fonctionne pas vraiment car encore une fois ça n'a pas été construit correctement. On a beau nous montrer des vidéos où Chris Pratt fait copain copain avec les raptors et où Blue est capable d'empathie, clairement ça ne colle pas trop avec le caractère très versatile du raptor dans le film précédent.
Et là, Blue est clairement la solution à tout. Un vrai couteau suisse... Mais pendant ce temps on oublie le T-Rex... qui n'est ni réellement une menace sérieuse, surtout qu'on le revoit aider le héros au début du film, ni réellement un allié (c'est une bête sauvage quoi), mais où il n'y a rien, aucune magie, rien du tout...
Toute la thématique autour de l'armement pour les dinos, etc, enlève également de la magie. Alors je sais bien que c'était déjà en filigrane dans le premier film, que c'était dans le bouquin... Mais là on est allé trop loin... C'est aussi la thématique du film, ce que dit Malcolm, mais franchement je n'ose pas imager JW 3 s'il se fait un jour, si on part dans cette direction. Parce que clairement je ne vois pas l'intérêt de créer des raptors améliorés pour faire la guerre, on aurait pu faire des supers soldats tout simplement... ça a l'air moins dangereux et plus obéissants...
Idem, tout le questionnement autour de la gamine est passé sous silence et n'a rien à faire dans un film Jurassic Park, enfin je sais pas, mais non seulement je l'ai vu à des kilomètres, mais en plus c'est trop mal traité pour être intéressant. Sans doute avaient-ils peur de faire un film trop violent psychologiquement pour les enfants. Mais dans ce cas pourquoi se lancer dans cette piste là, surtout que c'est vraiment casse-gueule.
Le film est parsemé de ces maladresses qui le rendent moins sympathique que Jurassic World (et bien sûr que Jurassic Park), parce que j'ai l'impression qu'ils sont passés à côté de faire un film d'aventure horrifique (plus ou moins) avec des dinos et qu'ils veulent absolument traiter de sujets qui les dépassent et qu'ils n'arrivent pas à bien traiter, alors ils recyclent. Parce qu'il y a énormément de déjà vu ou de clin d’œil... C'est selon... Le fait d'aller capturer des dinos ça fait le monde perdu, la fin dans le manoir ça fait la fin de JP1... Toute la scène où ils soignent le raptor, ça fait penser à la scène où ils soignent le bébé T-Rex dans le monde perdu... Bref, c'est pas forcément très original en plus d'être totalement improbable... Franchement un mec qui stocke que des dinos dans son manoir... on croit rêver, le tout au nez et à la barbe du patron... Qui y croit ?
Mais ça donne lieu à quelques scènes sympa, celle de la vente aux enchères qui permet d'introduire le nouvel hybride et de l'iconiser avec un jeu d'ombres bien sympa, même si clairement je suis frustré, j'aurais adoré que toute la scène dure une plombe et m'asseoir dans la salle pouvoir les différents dinosaures présentés, voir les réactions des gens, etc.
Le film ne manque pas forcément de savoir faire, j'ai beau ne pas aimer l'Orphelinat, Bayona arrive à faire quelques plans sympas, c'est pas totalement un manche... Mais clairement ça aurait mérité de durer plus longtemps, de s'offrir des séquences de survie sur l'île, ça a déjà été fait, mais clairement dans la jungle on peut imaginer plein de choses et pas forcément avec les schémas habituels. On peut noter la séquence un peu étrange avec le dino dans le genre de bunker. Un peu étrange car on sent quand même malgré tout que c'est un peu trop statique ce dino bloqué par de la lave qui n'ose pas avancé, pour rendre la scène intéressante il aurait fallu revoir le dispositif pour qu'il soit plus inquiétant, un peu comme dans la seconde partie de la séquence.
Et mine de rien, malgré tous les défauts évidents du film, j'ai passé un bon moment. Certes je ne dirais jamais à personne de voir ce film ni même que c'est bien, mais j'ai apprécié. J'y ai pris du plaisir, parce qu'il y a des dinosaures, quelques blagues qui fonctionnent et parce qu'il y a des dinosaures... des bonnes idées (entourées de moins bonnes) et parce qu'il y a des dinos... C'est fou cette capacité du dinosaure à me faire revenir en enfance et là ça marche d'autant mieux avec ce manoir qui abrite un labo qui mélange ainsi Jurassic Park premier du nom avec sa séquence finale dans les locaux du Park et Resident Evil. Vraiment ça fait malgré tout ressortir quelques peurs enfouies et à me parler, bien que j'avoue qu'une petite séquence dans la jungle chaude et humide, ça aurait pu également donner un truc bien freudien sur le viol.
Clairement le résultat est fouillis, on semble avoir greffé certaines parties du film, certains personnages (genre le sous John Hammond) ce qui donne un film chimérique, oubliable, mais qui était malgré tout pour un moi un bon moment. Je ne le défendrai pas comme j'ai pu défendre JW pour ses thématiques, mais j'en redemande et même si j'ai peur pour la suite, je signe directement.