Sans surprise, les acteurs de ce film disparaissent derrière les dinosaures. Mais ils sont bien là, du cupide au boute-en-train en passant par le sage, l’obtus et les autres, rapidement dessinés à la louche. Les dinosaures l’emportent, ce qui fait d’ailleurs qu’on frise souvent le film d’horreur. Mais on adore ce crétacé d’où ils surgissent. Et c’est tellement bien réalisé qu’on en oublie la faiblesse de l’histoire et la médiocrité du déroulement. Et avec ces grosses distractions, on en a plein les yeux, plein les oreilles, plein le cœur, on fait le plein. On y mange beaucoup les gens, c’est vrai que c’est un peu violent, mais ça va, les dinosaures mangent toujours les méchants. Il faut dire, en passant, que le film fait bien la distinction entre les vrais méchants, ceux qui sont mal-intentionnés, et les faux méchants, ceux qui sont bien-intentionnés. Notre Chris Pratt, dresseur de vélociraptors, est l’un de ces derniers. Les mal-intentionnés n’en réchappent pas, c’est la morale du film; les autres en réchappent, c’est aussi la morale du film (morale qui ne surprend pas quand on pense à tous ces génies bien-intentionnés qu’on a eus au XXème siècle, en chimie, en physique, en génétique, voire en philosophie, qui ont finalement causé de grands malheurs, mais dont on laisse la mémoire tranquille). Cela dit, la fin du film (et la scène post-générique –dîtes merci !) laissent deviner qu’il y aura un Jurassic World 3, la promesse d’une autre grosse distraction, l’espoir dont on a besoin en ce sombre monde... Alors, dans cet épisode 3, où en sera la morale vis-à-vis des gentils inconscients ? Où en seront les dinosaures ? Ceux de cet épisode 2 sont finalement assez classiques. On verra peut-être demain surgir chez les scénaristes un de ces animaux de cauchemar de 6 tonnes et 10 mètres récemment découverts, lézards-faucheurs, lézards-autruches. Sinon, un hybride avec Frankenstein. Quoi qu’il en soit, dans ce film-là, il y en a un qui attire particulièrement la sympathie, et qui devrait être oscarisé, herbivore mais costaud, le croisement d’un bélier et d’un tank, il rend bien des services, il est jubilatoire –c’est Stiggy, pour le stygimoloch, un pachycephalosauridé, dit-on.