2015 fut une véritable année de « résurrection », un véritable bouleversement dans la Force et le cosmos cinématographique ! En même temps que ressuscitait Star Wars avec son « Réveil de la Force » et que les moteurs des bolides de Mad Max vrombissaient de nouveaux avec « Fury Road », 30 ans après, c’est là qu’un p’tit yes-man novice inconnu au bataillon du nom de Colin Trevorrow au CV quasi vide se lança dans une entreprise aussi ambitieuse que folle visant avec un gros budget de 150 millions de dollars…a tenter ni plus moins que de dés-fossiliser l’une des grandes légendes du Cinéma… celui qui fut l’un des rois du Box-office mondial pendant un règne de 5 ans entre 1993 et 1998 avec 1,029 milliard de dollars, le rugissant, cultissime « Jurassic Park » de Steven Spielberg !! 22 ans après le chef d’œuvre culte et 14 ans après le peu acclamé « Jurassic Park III » de Joe Johnston (« Jumanji » et « Captain America First Avenger » en 2011) sort alors ce 4ème volet de la saga J.P et là, coup de poker !!! Les fans furent au rdv et au-delà de toutes les attentes, de tous les pronostics, tel un T-Rex, « Jurassic World » piétina littéralement le Box-Office mondial rapportant à Hollywood la somme hallucinante de 1 670 000 000 de $, faisant de lui le 5ème plus gross succès lucratif de toute l’histoire du Cinéma (ET ENCORE ^^, le film ne doit sa rétrogradation à la cinquième place uniquement car la météorite Marvelienne portant de nom d’ « Infinity War » lui est passé devant il y a deux semaines O_O) ! Alors évidemment, Hollywood ayant un radar à dollars à la place de l’odorat, pas question de laisser filer un tel ptérodactyle aux œufs d’ors… « Jurassic World 2 » était inévitable , et le voilà enfin dans nos salles 3 ans après.
« Jurassic World : Fallen Kingdom » (aka « Jurassic World 2 »), suite du « Jurassic World » de Colin yes-man Trevorrow, cette fois reprit par le réalisateur hispanique Juan Antonio Bayona, confirmé dans le fantastico-épouvante et le film catastrophe, affichant cette fois un CV un peu plus rempli, notamment « L’Orphelinat » (2008), « The impossible » avec Naomi Watts et Ewan McGregor (2012), et surtout très remarqué depuis son très bon comte dramatique-fantastique « Quelques minutes après minuit » début 2017, nous raconte la suite des événements survenu dans « Jurassic World » (2015).
3 ans après le désastre du parc Jurassic World à Isla Nublar, les dinosaures vivent en liberté sur l’île. Mais les pertes financières dut à la destruction du zoo ont étés colossales, aussi, l’événement ayant démontré la dangerosité des créatures du Crétacé…de sérieuses manifestations ont vues le jour, donnant lieu à un débat primordial : faut-il sauver les dinosaures et leur offrir la protection ou bien les éradiquer ? Sans parler qu’entre temps, la situation a prit une tournure plus qu’urgente lorsque le volcan de l’île rentre de nouveau en activité. Claire monte alors une expédition avec un détachement militaire et convainc Owen de repartir avec elle sur Isla Nublar afin de sauver les dinosaures d’une éruption volcanique imminente. Cependant, une fois sur l’île, un retournement de situation inattendu va complètement changer la donne. C’est une course contre la montre pour Owen et Claire pour sauver les dinosaures d’un danger encore plus grand.
Voilà pour le pitch global sans trop en spoiler.
Verdict : Je ne suis pas comme la majorité des gens, moi, « Jurassic Park » (1993) n’est pas un film faisant parti de ma culture d’enfance, pour vous dire, je n’ai comblé cette lacune cinématographique il y a seulement 2 ans. Du coup en 2015, ben…j’avais pas vu JP, donc « Jurassic World », j’étais resté loin de l’événement. Par la suite j’ai bien entendu vu la saga (excepté le III) et « Jurassic World ». Je me range dans le camps des déçus de J.W
« Jurassic World » qui était attendu comme la renaissance d’un film mythique sur grand écran s’était avéré décevant, Trevorrow ne faisant qu’illustrer/dépoussiérer un monument, que prendre une photo d’une relique, qui donna juste une copie, une illustration ne brillant que par la modernité de son gigantisme au caractère de fan service capitalisant sur la nostalgie des fans avec l’ajout d’une 3D moderne et un gros budget pour attirer les nostalgiques dans ses filets. Si Trevorrow en grand fan honnête (je n’en doute pas un instant) de l’oeuvre de Spielberg sensei voulait avant tout rendre un hommage moderne au célèbre film de dinos , il n’empêche que son « Jurassic World » s’arrêtait à un divertissement impersonnel et figé, une coquille vide, un film « squelette », une carcasse sans la peau sur les os et assez dépourvue de perspective d’avenir à la saga. Si je n’ai pas détesté ce remake, j’avoue avoir été quand même déçu de sa fainéantise. Pour moi, la saga Jurassic Park s’arrêtait donc à 1 seul vrai chef d’œuvre et des suites bonnes sans plus très dispensables au fond. Je désespérais presque de voir un jour émerger un autre « grand » parmi la saga « Jurassic ». Je ne plaçais quasiment aucun espoir en ce deuxième volet de « Jurassic World » et la première bande annonce me faisait craindre un enfoncement dans la flemme en ce qui commençait à se présenter comme un remake du « Monde Perdu » (1997) (déjà pas oufissime en sois ^^). C’est là qu’apparue une deuxième bande annonce qui pour le coup reboota complètement mon intérêt perdu par un côté manoir/film d’horreur . Près à redonner une chance à la saga « Jurassic World » et habité d’un espoir neuf, j’ai finis par voir ce « Fallen Kingdom » non sans impatience !
Et COMME JE SUIS CONTENT ! Quelle joie, QUELLE JOIE !!! ENFIN on a un « Jurassic World » digne de ce nom, et pile pour les 25 ans du film culte ! Coïncidence ou destin ?? Je ne saurais le dire ! Après le « Flemmosaure » de Colin, Juan Antonio Bayona reprend les rênes pour remettre une saga à la qualité douteuse sur de bons rails ! Ce deuxième J.W enterre complètement le précédent et à tous les niveaux. Que ce soit en terme d’écriture, en terme d’ambiance, de plan, d’ambition, d’esthétique, « Fallen Kingdom » est à Jurassic World ce que « l’Empire contre-attaque » est à « Un nouvel Espoir », ce que « Terminator 2 : le jugement dernier » est au premier (attention je ne suis pas du tout en train de descendre « Terminator » et SW IV, comprenons-nous bien ^^), une suite qui surclasse avec brio son aîné.
« Jurassic World : Fallen Kingdom », au croisement entre « Le Monde Perdu » (1997), « King Kong » (1933 / 2005), « Le labyrinthe de Pan » (2006) et « Quelques minutes après minuit » (2017), le réalisateur de « L’Orphelinat » prend ici littéralement en bon matador, le tricératops par les cornes et ose aller plus loin. Avec « Jurassic World 2 », Bayona démontre qu’il est un vrai réalisateur et qu’il possède sa pâte esthétique-graphique de plus en plus reconnaissable. Pour un premier pas dans la cour des grands à Hollywood, le réalisateur espagnol montre qu’il n’est ni un bleu ni un yes man comme Trevorrow. Bayona a très bien comprit ce qu’il fallait faire là où Trevorrow a échoué en 2015. Le « Jurassic World 2» de Bayona démontre l’intelligence d’un réalisateur qui n’est en rien dupe car il sait faire la différence, il a saisi la limite entre inspiration et copie car « Fallen Kingdom » n’est plus dans l’imitation, la simple exposition de « Jurassic Park » de 1993 telle une pièce de musée, mais dans l’innovation, l’extension, la prise de risque et l’exploration de perspectives nouvelles. Tout en étant dans son élément et en amenant délicieusement et subtilement ses origines espagnols dans le blockbuster (se manifestant par ses marques de fabriques phares que sont les genres du fantastique-horrifique et le film catastrophe), Bayona sublime la suite de cette saga remake qui trouve enfin un tremplin pour déployer ses ailes et s’affranchir et de Spielberg et du travail de Trevorrow. Le réalisateur est complètement dans son élément !
Côté scénario, la crainte logique était bien sûr une redite modernisée du « Monde Perdu » (1997)…mais là encore, l’histoire est « T-Rex »cellente ! On avait très mal jugé, mais le « scénariosaurus » en a beaucoup plus dans le ventre qu’il n’y paraît ! Là aussi, pour la première fois il y a de la perspective, pour la première fois depuis 25 ans on retrouve un questionnement thématique captivant et visionnaire, bien plus que dans beaucoup de blockbusters bon marché !
Car la fameuse partie du sauvetage des dinosaures sur l’île d’Isla Nublar ne constitue qu’un arc du film, ce n’est que la face visible de l’iceberg mais le film cache en réalité bien plus de secrets que cela et on ne les voit pas venir (d’ailleurs, la scène ou Claire, Owen et le commando sont dans les ruines du parc recouvert par la nature est presque une métaphore symbolique via l’environnement quand on y repense car le parc était le travail de Trevorrow et sur cette « ruine », Bayona va rebâtir le mythe « Jurassic Park » ^^).
Après ça, le réalisateur met en place un deuxième arc narratif avec l’emprisonnement des dinosaures rescapés dans les sous-sols du manoir des Lockwood et l’organisation en secret de ventes aux enchères des reptiles et d’expériences de modifications génétiques à des fins lucratives.
Avec Jurassic Park en 1993, Steven Spielberg réunissait 2 passions, deux thèmes : l’Archéologie et le Cinéma. De cette union, le papa d’E .T et Indiana Jones avait su mettre en scène un véritable et complexe cheminement sur l’Art du Spectacle et la recherche de spectaculaire chez l’Homme, un questionnement sur ce qu’est le cinéma derrière le motif des dinosaures comme attraction (!). Avec juan Antonio, « Jurassic World » amène enfin une suite à la « thèse » de Spielberg et la complète.
Non seulement le film continu ici de théoriser, de questionner le cinéma comme « pouvoir créateur » presque divin de l’Homme, mais il aborde aussi des questionnements financiers. Bayona réussi à lier aux dinosaures des thématiques budgétaires. La question de dinosaures, animal ou bien sera au centre de l’intrigue et surtout dans la fameuse séquence de la vente aux enchères ou les dinosaures sont présentés au public dans des cages géantes sur rails. On aurait presque affaire à une citation de « King Kong » au moment où Carl Denham présente le gorille géant au public dans les années 1930. Par cette séquence, là ou Spielberg avec son Zoo à dinosaures critiquait le cinéma, la « fabrication » de spectacle, Bayona, par la mise scène, dresserais presque une sorte une grosse critique engagé du Cinéma Hollywoodien et du spectateur ayant contemporain ayant « l’habitude des chocs » et en demandant toujours plus, avec des producteurs cupides (ici les acheteurs) près à payer de plus en plus cher pour le spectacle !
D’autres part, là ou Bayona réussi haut la mains là ou Colin avait échoué précédemment, c’est à CREER UNE AMBIANCE !! Car oui, « Fallen Kingdom » ne jure pas par le gigantisme démesuré du spectacle mais par une habille gymnastique entre les genres, du film catastrophe au film fantastique d’horreur en passant par le film d’aventure avec de l’action jusqu’au plus improbable de tous…le huis clos !! Alors là…jamais je n’aurais pensé combinaison plus improbable, plus paradoxal et plus casse figure que celle-ci. A l’oreille, « Jurassic World » sonne comme tout mais pas comme un huis clos et pourtant…le plus incroyable, ben c’est que ça fonctionne…et vachement bien en plus !! Manoir, labo sous terrain, nuit pluvieuse, petite fille, longs couloirs…Bayona nous fait frissonner de plaisir en baignant un film grand publique d’accents sous-jacents d’épouvante horreur (on réussit à avoir ici ce qui pourrait s’appeler un « film d’horreur grand public ») à l’ambiance similaire de « Quelques minutes après minuit » (2017), du « Labyrinthe de Pan » de Del Toro ou des vieux films d’horreur de la Warner-Universal des années 30-40 comme « Masques de Cire » (1933) de Michael Curtiz, « Frankenstein » de Tod Browing (1931), « L Île du Docteur Moreau » de Erle C. Kenton (1932), et plus récemment le « Carnosaur » d’Adam Simon en 1993.
Evidemment, le lien est aussi fait avec le film pionnier de L’Expressionisme Allemand, « Le Cabinet du Docteur Caligari » de R.Wiene (1922) dont Bayona serait comme Burton un héritier direct notamment avec l’utilisation répétée des ombres dans son film de dinosaures comme magnificence de l’aura fantastique et l’ambiance de cauchemar (une dimension de « cauchemar » encore plus appuyée par la présence de Maisie et surtout dans la séquence ou la fillette se cache du raptor sous ses draps, qui génère presque un côté psychologique…presque comme dans les Fritz Lang, façon « Le Secret derrière la porte » de 1947 et « Les Contrebandiers de Moonfleet » en 1955).
Côté acteur, là aussi, la perf’ est encore meilleure ! Bryce Dallas Howard arbore encore son beau sourire mais pas que ! On sent l’actrice rousse du « Village » (2004) et « La Couleur des sentiments » (2011) encore plus à l’aise et bien moins « précieuse » que dans le 1er « Jurassic World » ; pas juste une poupée en chaussures à talons mais une vraie battante prête à se salir dans la boue ! La Gwen Stacy de « Spider-Man 3 » (2007) a définitivement sa place dans les blockbusters ! Ai-je besoin de dire quelque chose sur Chris Pratt, vraiment ?!! Star-Lord est toujours dans le top du top de sa forme, décontracté, charismatique et franchement badasse en dresseur de vélociraptors !
Là je crois que j’en ai suffisamment dit. Au final, « Jurassic World : Fallen Kingdom » est une immense réussite, inattendue, enterrant net le film de Trevorrow et tous les défauts qui allaient avec. C’est assez drôle que le titre du film signifie « le royaume déchu » alors qu’au contraire, c’est lui qui vient de faire renaître un des blockbusters les plus mythiques de toute l’histoire du Cinéma !! Excellent, prenant, jouissif, Bayona avec son côté fantastico-horreur espagnol nous file un spectacle ahurissant plein de frissons !! La voilà enfin la « vraie » renaissance de « Jurassic Park » qui avait loupée le coche en 2015, Spielberg peut être fière du travail de son disciple. Maintenant c’est à la fois la joie et la tristesse qui m’habite en pensant à « Jurassic World 3 » qui débarquera en Juin 2021 et qui verra le retour de Colin Trevorrow à la réalisation. Mec t’as intérêt à en prendre de la graine et pas tout gâcher !