Nous commençons sur un ferry, esseulé dans l’immensité des eaux profondes méditerranéennes. Puis rapidement le zoom se fait sur Antoine, un continental qui revient sur les terres de son enfance, en Corse, là où ses ancêtres sont enterrés. Il est accompagné de sa fille Louna de 17 ans, mais pas de sa femme, laquelle doit les rejoindre ultérieurement.
Enfin... officiellement...
Laurent, le meilleur ami d’Antoine, est du voyage, ainsi que sa fille Marie, 18 ans. Ca tombe bien, Louna et Marie sont les meilleures amies du monde. Le soleil est présent, les cigales chantent, la masure est au beau milieu des arbres, et le décor est absolument superbe. Que demander de plus ? La télévision ? Pour quoi faire quand on peut faire du canyoning ? Du réseau mobile ? Pas la peine quand on est dans un cadre de rêve qui vous offre du calme, de la sérénité, et de l’évasion. Enfin parlez-en aux adolescents et vous allez voir que pour la plupart d’entre eux, ils vont être ravis… entre les "c’est encore loin ?", "c’est relou" et compagnie… Donc il faut s’occuper. Etre isolé de tout, c’est bien mais la promiscuité s’en trouve favorisée, avec ses avantages et ses inconvénients. Surtout quand l’un des deux pères est beaucoup plus cool que l’autre. Le quatuor nous offre une très convaincante chronique de vacances. Dans ce quatuor, Vincent Cassel est celui qui s’en sort avec les honneurs, tant il parvient à exprimer son désarroi, ses regrets, son cruel dilemme. Lola Le Lann n'est pas mal non plus, surtout dans le jeu de la manipulation exercé par son personnage Louna, qui en parait ainsi presque diabolique. Par contre, et je précise que la comédienne n’y est pour rien, j’ai trouvé que la scène de la perspicacité de Marie est mal maîtrisée. Je ne saurai dire pourquoi, car les éléments sont là pour étayer le propos, mais elle m’a laissé une sensation bizarre. Il me semble qu'elle arrive un peu tôt, mais ce n'est qu'un avis qui n'engage que moi... Je ne situerai pas cette réalisation de Jean-François Richet par rapport à l’œuvre originale de Claude Berri tournée en 1977, puisque je ne l’ai jamais vue, du moins à ce jour. C’est donc avec un œil neuf et non pollué de vagues souvenirs, que je peux noter cette version avec toute la clairvoyance qui s’impose. Ici, ressortent la crédibilité et l’implication des acteurs devant un tel sujet, une implication habilement introduite par l’absence et donc la futilité de certains besoins technologiques créés de toutes pièces par l’offre. "Un moment d’égarement" est une très bonne réalisation de Jean-François Richet, qui se contente d’alerter sur ce genre de situation car il faut savoir que ça existe, sans toutefois prendre parti, ce qui en fait une œuvre empreinte de justesse. Afin de toucher un public aussi large possible, outre le conflit des générations, le scénario a été dopé avec un atout considérable : la bande originale, allant de la simple composition de Philippe Rombi, à de la sélection très éclectique de titres musicaux divers et variés. Je ne vais pas tous les citer, mais on va balayer 70 ans de hits, de "La mer" chantée par Charles Trenet en 1946, jusqu’au son résolument dancefloor représentant bien la frénésie des pistes de danses insulaires, en passant bien évidemment par les chants corses. Alors si vous avez un moment d’égarement à tuer, n’hésitez pas !