"Les saisons" n'est ni un documentaire, ni un reportage animalier, mais bien une fiction de cinéma, assumée comme telle. Le film raconte la forêt, depuis les temps glaciaux jusqu' à la période contemporaine, naturellement coupable de destruction de la nature. C'est bien là que réside la grande ambiguïté du long-métrage. Si, à l'instar du film "Océans", le film s'était contenté de regarder la nature, de l'embellir par le geste cinématographique, le spectateur aurait été conquis. En effet, indéniablement, la photographie est superbe, les prises de la caméra sont incroyables, le montage qui joue avec les échanges de regards des animaux est tout à fait astucieux, autrement dit, les deux réalisateurs réunissent toutes les qualités techniques pour offrir un hymne esthétique et amoureux à la nature ; jusqu'au moment où l'on se rend compte que toutes les images a priori authentiques sont l'expression d'une véritable mise en scène, certes ingénieuse, où les animaux ont été dressés pour se plier aux contraintes du récit. Toute la magie de la spontanéité, voire l'admiration devant une photographie si précise pour saisir l'instant sauvage, s'estompent au profit d'une histoire surannée, moraliste, limite ridicule avec cet enfant aux cheveux longs, tour à tour planté au milieu des hommes des cavernes, des paysans et des chevaliers moyenâgeux, et des soldats dans les tranchées. Le film s'enfonce alors dans un trop plein de poésie, de musiques, de sonorités auxquels le spectateur ne croit plus. "Les saisons" constitue alors une sorte de mensonge animalier, une tromperie, alors même que le film comporte en lui tous les ingrédients pour en faire un chef d'œuvre de beauté, d'émotion et de délicatesse.