Quand Jacques Perrin et Jacques Cluzaud nous proposent un long-métrage animalier, nous savons à l’avance qu’il sera de qualité. Ils ne font pas exception avec leur dernier film « Les saisons » ! Après « Le peuple migrateur » et « Océans », nos deux comparses nous emportent dans une nature en perdition depuis sa création et nous font côtoyer les espèces animales qui (sur)vivent autour de nous depuis près de 12 000 ans.
Avec une salle très fréquentée en ce mercredi début d’après-midi, nous ne pouvons que constater que les films documentaires, trop rares sur nos grands écrans, touchent un public très varié et attire de nombreux amoureux de la nature en quête d’images magnifiquement filmées. Preuve en est que nous avons encore ce besoin d’être connectés à la nature, de la (re)découvrir et de la côtoyer au plus près et c’est précisément ce que Perrin et Cluzaud nous invitent à faire depuis de nombreuses années déjà. Enfants comme adultes apprécieront le voyage et se régaleront des images époustouflantes offertes par les deux cinéastes.
« Les saisons » utilise un scénario original pour évoquer le monde animal terrestre. Le postulat de départ est de montrer l’évolution de la nature, de la Préhistoire à nos jours. Présentée de façon cyclique, on suit la vie animale, saisons après saisons, époque après époque. Bien qu’intéressant, l’angle pourrait lasser quelque peu au bout d’un moment… c’est d’ailleurs la seule petite critique que l’on pourrait émettre… et encore ! Le but de la sortie ciné est de prendre son temps, de vivre l’instant présent et de profiter pleinement : on vide son esprit, on vagabonde entre forêts et champs, on rie, on s’attendrit des péripéties des petites (et grosses) bêtes. Du reste, la voix off, quasiment absente, laisse place à la découverte et permet d’avoir cette sensation d’intimité avec l’environnement dans lequel on est immergé.
Pour profiter pleinement de la balade au grand air, il faudra la suivre sur grand écran et c’est pourquoi, dès sa sortie au cinéma, le rendez-vous est devenu incontournable. Sur l’immense toile défilent des animaux, l’infiniment petit ou l’immensément grand avec poésie et amour. Car de l’amour, ils en ont nos deux documentalistes. Car pour obtenir un tel résultat, ce sont des jours de patience, des voyages au quatre coin de l’Europe (les tournages ont eu lieu notamment en Pologne, Roumanie, Ecosse), des heures de rushes qui seront mis en place pour offrir un résultat grandiose. Lorsque le générique final défile, on peut se rendre compte qu’une fois de plus, l’équipe technique qui a travaillé sur ce film est conséquente et tous ont une place de choix dans la longue liste qui ne cesse de se dérouler.
Les techniques utilisées pour filmer « l’inatteignable » sont incroyables ! Bien qu’on ne les perçoive pas, on ne peut que se demander comment ils ont pu capturer ces moments rares. De la chute d’oisillons à une course folle de loups (belges puisqu’ils ont été prêtés par le Domaine des Grottes de Han) après des chevaux sauvages, de la petite souris qui se balance sur son épi de maïs à l’ours siestant sur des branchages, on se retrouve au cœur de la vie animale et c’est un pur régal !
Parmi les magiciens qui rendent ce film poétique, Bruno Coulais, qui compose les musiques sublimes de la bande originale. Habitué à travailler sur des films animaliers (« Océans », « Planète blanche », « Amazonia », « Le peuple migrateur », « Microcosmos »,) autant que sur des long-métrages divers et variés, il sert une partition qui sonne juste. Discrètes tout en étant présentes, elles invitent au voyage et aident à la réflexion, à la contemplation.
Bien plus qu’un documentaire animalier, « Les saisons » fait de nous des témoins privilégiés ! Derrière cette histoire soignée, cette trame temporelle adaptée, on décèle un souhait de nous faire prendre conscience que l’homme a envahit l’espace vital d’une nature fragilisée par le temps qui passe, qu’il ne respecte plus autant les animaux, les domptant lorsqu’ils sont utiles, les éradiquant lorsqu’ils paraissent dangereux. Par son discours latent, il nous fait réfléchir, nous questionne sans toutefois vouloir être moralisateur.