Oliver Barroux, que l’on connaît surtout comme le deuxième larron de Kad et Olivier, à qui l’on doit tout de même l’inénarrable Kamoulox, réalise son septième film tandis que, de notre coté, nous réalisons qu’à l’exception du très drôle Les Tuches, nous sommes vraiment passé à côté de cet aspect de sa carrière. Et à vrai dire, si le reste est au niveau d’Entre amis, c’est-à-dire bien en dessous du niveau de la mer, nous avons bien fait de ne pas assister au naufrage.
Sur l’invitation de Richard (Daniel Auteuil, servant bien mieux le texte de Nos femmes) qui vient de refaire sa vie avec Daphnée (Mélanie Doutey que l’on a vu au côté de Jean Dujardin dans La French), deux couples d’amis, Gilles (Gérard Jugnot qui ne cassait pas des briques dans Benoît Brisefer : les Taxis Rouges) et Carole (Isabelle Gélinas) ainsi que Philippe (François Berléand) et Astrid (Zabou Breitman que l’on avait vu dans 24 jours), se retrouvent pour une croisière vers la Corse au départ de Marseille tout frais payés par leur ami de cinquante ans. L’avis de tempête qui se profile va faire de l’ombre à leur amitié.
Jusqu’où ira l’embourgeoisement du cinéma français se demande-t-on, abasourdis en regardant ces figures nationales, longtemps symbole d’un cinéma populaire de qualité, que furent Daniel Auteuil ou Gérard Jugnot, faire étalement de la décrépitude d’un humour qui lui-même s’embourgeoisant ne fait plus rire qu’eux-même. Entre amis, c’est un titre mais c’est également tout un symbole. A l’image des quotidiennes de Canal , ce qui furent autrefois à l’avant-garde ne font plus partager qu’un entre-soi bien triste. Auteuil, Jugnot, Berléand, Breitman, tous ont joué ensemble à un moment donné de leur carrière parfois pour des rôles marquant comme Jugnot et Auteuil dans Pour cent briques, t’as plus rien ou Jugnot et Berléand pour Les choristes. C’est surtout à eux-même que s’adresse le scénario tristement banale, voir vulgaire, d’Entre amis. Hormis le cadre marin, rien ne surprend jamais la monotonie d’un discours lassant sur l’amitié, mille fois déjà entendu et que dorénavant on ne peut que subir interdit. Tout récemment, Nos femmes ou Barbecue ont su se saisir du sujet avec une toute autre grâce et une écriture plus inspirée.
Quant on pense que Nos femmes est attaqué, entre autre, pour avoir le mauvais goût de ne pas être paritaire (comme si on ne pouvait plus raconter une histoire d’amitié entre trois hommes), Entre amis qui respecte cette parité à la perfection, n’en est pas moins véritablement lourdingues dans sa misogynie de bar du commerce. C’est bien là ce qui différencie Entre amis des films précédemment cités, la vulgarité étant de mise à chaque ligne de dialogue. Les trois hommes, bien qu’ayant réussi à prendre l’ascenseur social, sont des beaufs en puissance. Ici, les représentants du sexe masculin ne se remettent jamais en cause. Carole est une potiche, Astrid une mégère et Daphnée une ingénue. A leur égard, lorsque les hommes parles en aparté, ils sont toujours grossiers. De plus, aucun ressort comique ne réussit réellement à faire sensation. Seul effort notable, le personnage du skipper corse, Battistou (Jean-Philippe Ricci) qui se perd néanmoins dans les clichés les plus fatiguant. Et qui, pour couronner le tout, et ça devrait nous faire rire, est la risée des six bourgeois dont le mépris de classe n’a pour limite que le manque de vocabulaire de ces derniers.
Avec un casting pourtant intéressant, faisant la part belle aux vieilles gloires du cinéma français, Entre amis n’échappe pas à la tempête. Si les héros du film en réchappe, le film, lui, coule à pic dans les profondeurs de la fumisterie. Et malheureusement, on se dit, un peu peiné, que la page qui se tourne, c’est un peu notre enfance. Adieu Olivier, et bon vent !
Retrouvez nos autres critiques sur Une Graine dans un Pot :