Martin Bourboulon a souhaité aborder de façon comique quelques sujets comme l'autorité parentale ou les petites lâchetés conjugales et tenter de réaliser une comédie méchamment drôle et régressive. Il a choisi ses principaux acteurs avec justesse, leur qualité de jeu et leur implication dans le film ne peut être mise en cause. Ils se donnent à fond. On peut même leur tirer notre chapeau car ils font tout ce qu’ils peuvent pour éviter le naufrage. La croisière s’est amusée… mais elle a coulé. Pas la faute à l’iceberg ! Non, seul le capitaine est à mettre en cause, ne manie pas l’humour qui veut ! C’est une arme qui blesse souvent ceux qui veulent en user sans la culture, sans les références, bref, sans talent.
Après une initiale poursuite poussive, hystérique, aussi inutile que grotesque, peinant à nous montrer comment des gens qui se donneront à fond dans leur métier ont pu délirer lors de leurs études, nous faisons connaissance avec une femme responsable de l’édification d’un champ d’éoliennes off-shore et un homme obstétricien œuvrant dans un grand hôpital régional. Lui doit bientôt partir dans une O.N.G. à Haïti, elle sera promue dans un plus grand projet au Danemark. S’ils sont prêts à divorcer, c’est, comme pour bien des couples, sans grande raison, par ennui, par lassitude, pour se sentir libres, on pourrait même supputer une nécessaire entrée dans l’âge adulte. Pour eux, le gros problème, c’est la garde de leurs enfants. Tout mais pas ça !
Le plus âgé, Mathias (Alexandre Desrousseaux), est un grand benêt au regard ahuri qui ne sait que répéter "J’hallucine !". Leur fille, Emma (Anna Lemarchand), est devenue accroc au mobile et à la tchat perpétuelle. Le plus jeune, Julien (Achille Potier), regard absent, s’essaie à finir les fonds de verre. A la réflexion, ces enfants sont assez représentatifs de la jeunesse actuelle, pourrie par des parents qui tentent de compenser leur absence d’éducation par la prolifération de cadeaux et qui camouflent leur désintérêt pour eux par un soi-disant libéralisme issu d’une génération post soixante-huitarde. Ils sont tellement imbuvables, ces sales gosses, qu’on ne peut à aucun moment compatir à la déchirure qui s’ouvre devant eux. Même la baby-sitter, pourtant payée aux cachets parisiens dans un trou de province, jette l’éponge.
Que faire pour ne pas obtenir la garde de ces moutards ? Ce qui aurait pu devenir comédie irrévérencieuse, méchamment vacharde, incisive, devient alors une succession de séquences où le mauvais goût succède à la grossièreté, où la blague potache remplace la trivialité, où l’obscénité s’allie au mépris des autres. En d’autres mains, l’humour aurait pu naître et faire croître le rire dans la gorge des spectateurs. Ici, calme plat dans la salle même si, par instants, quelques sourires s’esquissent, si par moments, un éclat de rire germe pour s’étouffer tout aussi rapidement. Pour un film sortant un mercredi après-midi, la séance télévisée de Questions au Gouvernement eut été bien plus réjouissante tout en étant instructive.
Enfin, pour le cas où vous n’auriez pas compris, l’anniversaire du petit dernier se transforme en une course toute aussi échevelée, caricaturale et oisive que celle assénée par le prologue. Celle-ci se clôt sur un symbolique incendie, l’amour brûlant le cœur de nos deux divorcés.
Dans la veine de Tanguy, un film à éviter.