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velocio
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4,5
Publiée le 17 septembre 2014
Metteur en scène anglais, Matthew Warchus est beaucoup plus connu pour son travail au théâtre et à l'opéra que dans le monde du cinéma. De fait, à 48 ans, "Pride" n'est que son 2ème film, 15 ans après "Simpatico", un film au casting impressionnant : Nick Nolte, Jeff Bridges et Sharon Stone ! Pour le public français, le casting de Pride apparaitra beaucoup moins prestigieux. A tort, car Bill Nighy, Andrew Scott, Dominic West, Ben Schnetzer, Imelda Staunton, etc. jouissent d'une grande réputation de l'autre côté de la Manche. Quant au film lui-même, film de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2014, il vient s'ajouter à la longue liste des bijoux du cinéma anglais qui allient avec bonheur le social et la comédie.Si vous avez aimé "Les Virtuoses", "Full Monty", "Billy Elliot", "We Want Sex Equality", il y a toutes les chances pour que la vision de "Pride" soit pour vous un régal. Certes, la mise en scène n'a rien d'exceptionnelle, mais l'enthousiasme des protagonistes emporte tout et rend a priori presque ridicule toute critique négative. De plus, dans le contexte actuel de méfiance par rapport à la politique, ce film a le mérite de montrer ce qu'elle peut apporter lorsqu'elle est prise en compte à la base.
Depuis des décennies, la lutte politico-sociale menée par les ouvriers des régions minières dont l’industrie a été démantelé par la ligne ultralibérale du gouvernement Thatcher dans les années 70-80 a été le contexte de centaines de films britanniques, mais si celui-ci est différent de ce qui a déjà été fait sur ce thème surexploité vient de croisement avec un combat plus dans l’air du temps qu’est celui de la défense des droits des homosexuels. S’il n’avait plus rien fait depuis son seul film quinze ans plus tôt, Matthew Warchus s’est montré très inspiré en adaptant un épisode important de l’époque et pourtant méconnu qu’a été le soutien apporté par un groupe d’homosexuels londoniens à un groupe de grévistes gallois. Véritable leçon de militantisme, Pride parvient à imbriquer dans sa reconstitution des sous-intrigues plus intimes qui rendent le long-métrage touchant, mais aussi une morale de fraternité poignante en faisant ainsi se rapprocher des personnages à priori antagonistes (des citadins très ouverts et des paysans très conservateurs) autour d’une volonté de solidarité très émouvante.
Voici donc l'ultime surprise de ce mois de Septembre. William Warchus (plus souvent metteur en scène au théâtre que réel réalisateur) transpose à l'écran une histoire vraie avec une finesse et un savoir-faire implacables. Ainsi, aucun personnages ne sont oubliés. Sans tomber dans la caricature la plus grotesque, il affine ces derniers pour mieux nous émouvoir, mais aussi pour nous faire rire. Pour être plus clair : même un néo-nazi sans coeur attaché à son siège pourrait facilement être effleuré, voir touché, par cette démonstration remplie à ras-bord de sentiments jamais exagérés. La comédie-dramatique anglaise dans son meilleur pour un pur bijou d'émotion, certes un bijou traditionnel, mais qui procure un maximum de plaisir.
J'vous ferais bien une critique de 30 pages pour vous dire que Pride est LE chef-d'œuvre de notre temps, que le scénario est délicieusement bien ficelé, que l'humour très british sur un fond historique beaucoup plus noir m'a ému aux larmes, que tous les personnages sont attachants car sublimés par des acteurs plus vrais que nature, que la photographie est belle, que le montage et parfait et que la musique est entraînante, j'vous le dirais bien... Mais non. Pride c'est la Vie, Pride c'est tout. Voilà. Rien à ajouter. Quand t'as vu Pride t'as plus rien à dire. Tu peux aller te suicider. Voilà.