J'ai vu les noms de Bill Nighy et Imelda Staunton sur l'affiche et j'ai voulu en savoir plus. J'ai lu le synopsis et j'ai foncé voir ce groupe de gays/lesbiennes récolter des sous pour les mineurs.
Il doit y avoir un truc spécial dans le cinéma anglais qui m'attire mais je trouve toujours les films britanniques extrêmement bien réalisés, beaux décors, beaux cadrages, belle mise en scène, et celui-ci ne déroge pas à la règle en nous envoyant en pleine face des paysages gallois d'une majesté indescriptible.
Si on enlève tout ça, on comprends très vite que le long-métrage a pour but premier, et de très loin, de faire passer un message. Reprendre une histoire vraie qui dépeint un tableau très sombre de Margaret Thatcher en illustrant la grève des mineurs de 1984 et le soutien qui leur a été apporté à la Gay Pride 1985 a de quoi envoyer pas mal à ce niveau-là. Il reste juste à voir si c'est réussi.
Personnellement, je dirais que oui, et j'ai beaucoup aimé le film pour plusieurs raisons. Premièrement, il évite d'en faire trop sur les deux tableaux, ne faisant pas passer les mineurs pour des dépravés alcooliques au fond du gouffre, et ne tentant pas de faire rentrer dans la tête de tout le monde sans aucune subtilité que l'homosexualité c'est bien.
Non, tout cela est beaucoup plus fin. C'est un hymne à la tolérance qui est juste là pour nous montrer que les populations victimes d'injustices sociales et de rejet sont tout à fait similaires à ceux qui les rejettent, et n'ont donc pas de raison d'être rejetés. On ne peut pas nier qu'il y a un côté embelli, mais qui reste néanmoins très bien dosé.
On peut peut-être trouver deux défauts, mais qui sont des faux défauts. La mise en contexte est un peu envoyée à coup de masse, seulement il ne faut pas oublier que le spectateur n'est pas forcément familier avec le scénario politique de l'école et Matthew Warchus a bien joué le coup avec son rappel. On pourrait ajouter, un peu moins subtil, que le cumul des thèmes abordés aurait un peu tendance a ensevelir le film, c'est pas faux,
la maladie, l'homosexualité, la grève des mineurs, le rejet d'autrui, la tolérance, la recherche de l'amour, les conflits familiaux
. Je pense que garder le fond réel de manière romancée sans les "
vendettas familiales
" aurait été mieux, mais c'est un parti-pris. Le film fait deux heures, c'est ni trop, ni pas assez.
Tout ceci est bien sûr servi par un jeu d'acteurs de haut-vol. Pour ceux qui veulent voir le film pour Bill Nighy, il a un rôle secondaire, quasi tertiaire. En revanche, les deux seules scènes où il est vraiment mis à l'honneur... je sais pas... ce mec a vraiment un don pour dégager et faire dégager un potentiel émotif chez le spectateur que peu d'artistes, avec ou sans son expérience, arrivent à atteindre.
Pride est donc un film qui met du baume en cœur et fait remettre en question certaines choses, de manière un peu rose, certes, mais en s'ancrant de manière parfaitement réaliste dans le quotidien qu'avaient ces gens à l'époque.