Je voudrais que tout le monde aille voir ce film ! Je pose ici ma petite critique, les yeux encore rouges, la tête pleine - et pour longtemps, je crois – des mots brulants de Spartacus et Cassandra. Le frère et la sœur, 13 et 10 ans, ces enfants rroms que Ioanis Nuguet a choisi de suivre pendant de longs mois. Autant sans doute qu’il a été choisi par eux. C’est ce que l’on comprend en tout cas, en essayant de s’expliquer la proximité, l’empathie remarquable dont ces images sont la preuve. Il y a donc Spartacus et Cassandra, sommés de choisir entre leurs parents et l’espoir d’une vie meilleure, et Camille la jeune circassienne qui les a recueillis, figure ambivalente - bonne fée ou voleuse d’enfants ? - le film ne la ménage pas et la montre aussi dévouée que cinglante. Et puis, il y a le 4ème larron, le réalisateur lui-même, qui a choisi le hors-champ. Rester invisible et filmer. Filmer à hauteur d’enfant, filmer tout le temps, quand la vie est dure, intenable même, maman est folle, et papa on ne peut rien attendre de lui, et aussi quand on touche le bonheur du doigt, une glace à l’eau, une fenêtre qui ouvre sur un cerisier... Images sensibles, moments vécus (et non pas volés comme si souvent) portés par la seule voix des enfants, les textes qu’ils ont écrits - poèmes pour Cassandra, slam pour Spartacus, mais pas toujours. Ce documentaire miraculeux, à la fois fluide et délicat, tient bien-sûr du journal. On dirait ça : un journal intime filmé par un tiers bienveillant. Le beau journal de ces années de Spartacus et Cassandra, petits équilibristes de la vie. Dupes de rien, mais qu'on voudrait savoir tirés d'affaire.