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Olivier Barlet
294 abonnés
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3,0
Publiée le 2 avril 2015
Ni la réalisatrice ni le spectateur ne savent au fond où se loge la fiction dans ce fait divers du début des années 2000. (...) C'est très parlé (le pays retrouve la parole) mais c'est passionnant, sachant que l'image de Sofian El Fani (Timbuktu, La Vie d'Adèle) donne vie au film. Et ce n'est pas sans humour : la dérision frise le burlesque. A partir d'un fait divers symptomatique, Kaouther Ben Hania tisse un portrait sans fard d'une société machiste - un documentaire qui aurait été impossible sous la dictature qui préservait l'image d'une société idéale. C'est ainsi la révolution qui, en ouvrant l'accès aux archives policières, a permis que ce film soit un documentaire et non une fiction, la réalisatrice pouvant se mettre à la recherche des victimes et du Challat lui-même, qu'elle trouvera dans le personnage de Jalel, mais s'agit-il du bon ? Sorte de Jack l'éventreur tunisien, le Challat s'attaque donc aux femmes et se forge ainsi une légende urbaine où la rumeur construit le mythe et cristallise les refoulés. Pour en rendre compte, Kaouther Ben Hania a écrit des dialogues et, en dehors de Jalel, sa mère, les gens des quartiers et elle-même, engagé des acteurs sans célébrité pour ne pas rompre la crédibilité du documentaire. Ce jeu de manipulation donne une fiction ambigüe, plus vraie que vraie, une farce à l'italienne dont l'humour met à distance les horreurs exprimées. (...)
Lorsque, le 1er Avril 2014, "Le Challat de Tunis" est sorti en Tunisie et, lorsqu’en mai 2014, il a été projeté à Cannes, dans le cadre de la (très bonne) sélection ACID, on était loin de penser que pourrait intervenir, moins d’un an plus tard, l’attaque du musée du Bardo, un événement dramatique qu’il sera difficile de traiter de façon aussi légère que le fait divers que nous raconte Kaouther Ben Hania. Durant l’été 2003, on prétend qu’un homme parcourt en moto les rues de Tunis, une lame de rasoir à la main, lame qu’il utilise pour taillader les fesses des jeunes tunisiennes. Rumeur ? Fantasme ? Vérité ? Manipulation politique ? 10 ans plus tard, une journaliste et un cameraman décident de mener l’enquête. Cette enquête va les mener jusqu’à la prison dans laquelle le « challat » est censé être emprisonné depuis 10 ans. Par ailleurs, ils vont aller jusqu’à organiser un casting qui leur permettrait de trouver un « challat », un « balafreur » crédible. "Kaouther Ben Hania" réalise avec Le Challat de Tunis son premier long métrage de fiction. Une fiction dans laquelle elle fait tout pour la présenter comme étant un documentaire. Un documentaire d’investigation qui associerait l’ironie et la dérision à la recherche de la vérité. Le vrai et le faux se télescopent en permanence et la réalisatrice semble se délecter à entraîner le spectateur sur des fausses pistes. Ce mélange des genres tourne malheureusement très vite au procédé et finit par lasser. C’est d’autant plus dommage que le film nous donne par ailleurs d’excellentes répliques pleines de machisme ordinaire. Au final, on est un peu peiné d’émettre des réserves sur un film réalisé par une jeune tunisienne. Soyons précis : ces réserves ne concernent que la forme, l’idée de départ, pas plus mauvaise qu’une autre, tournant trop vite au procédé par manque de maîtrise de la réalisatrice. Concernant le fond, par contre, le film nous en apprend beaucoup sur une période récente de l’histoire de la Tunisie et, tout particulièrement, sur les rapports délicats entre hommes et femmes dans ce pays.
La réalisatrice Kaouther Ben Hania enquête dans le Tunis d'après la révolution de 2011 sur un fait divers survenu 10 ans avant. Je suis fan de ce genre de cinéma où le documentaire se mêle de fiction. Il semblerait qu'à peine 10% du film soit du docu, le reste étant joué. Kaouther nous bluffe constamment par sa maîtrise de l'art et nous emmène là où elle veut. Il faut aller voir ce film si vous aimez la Tunisie et les femmes. C'est obligatoire. Moi j'aime les deux. Point barre.
La légende date de 2003, du temps de Ben Ali. Un balafreur à moto lacérait les fesses des femmes en plein Tunis. Dix ans et une Révolution plus tard, une journaliste enquête pour découvrir la vérité sur Le Challat de Tunis. Documenteur avec des morceaux de fiction à l'intérieur, le film de la cinéaste Kaouther Ben Hania est fort rusé. D'une part, impossible de distinguer ce qui relève de la réalité de la mise en scène pure ; d'autre part, le mystère quant à l'identité du "délinquant" reste entière. Plus fort encore, le ton du film, sous forme de satire sociale, qui aurait été impossible sous la dictature, montre un sens de l'auto-dérision étonnant tout en abordant son sujet de façon éloquente : la place des femmes dans le monde arabe et la vision qu'en ont les hommes, aussi machistes que finalement pathétiques et contradictoires dans leurs certitudes. Le Challat de Tunis cafouille parfois mais son caractère hybride et son style énergique en font une oeuvre essentielle et didactique dans le bon sens du terme.
Après l'Egyptien Mohamed Diab avec "Les femmes du bus 678", c'est au tour de la Tunisienne Kaouther Ben Hania de s'emparer du sujet du machisme dans les sociétés arabes. Elle part pour cela sur les traces d"un mystérieux "balafreur" qui, en 2003, lacérait avec un couteau les postérieurs des femmes aux tenues jugées provocantes. Elle mène l'enquête, retrouve le prétendu balafreur, interroge sa mère, ses victimes, les hommes de son quartier. C'est l'occasion d'interviews cocasses, tantôt émouvantes, le plus souvent loufoques et toujours politiquement incorrectes tant les hommes revendiquent haut et fort leur machisme décomplexé. On ne sait pas toujours si l'on est dans le documentaire ou dans la fiction, si c'est du lard ou du cochon, mais la réalisatrice illustre le sexisme mieux que ne le ferait un pamphlet. Les féministes risquent de s'étrangler. Les autres riront, tantôt de bon coeur, tantôt avec mauvaise conscience, devant ce film plein d'originalité et de fraîcheur.
(...) C’est en 2003 que la réalisatrice tunisien Kaouther Ben Hania s’est intéressée à l’histoire du Challat. Un fait divers sur un homme qui à la manière d’un Jack l‘éventreur mais sans tuer, attaque des femmes avec un rasoir, leur laissant une balafre au dessus des fesses. Dix ans plus tard, après des recherches qui ne donneront rien et d’autres projets de fictions, la jeune femme se penche à nouveau sur ce sujet. Utilisant le genre du documentaire, elle dépeint avec une certaine ironie et un humour noir la société tunisienne. Une enquête semble-t-il fictive, du moins en partie, qui laisse un sentiment étrange, laissant toujours le doute entre ce qui relève de la fiction ou de la réalité.
Il faut évidemment peu de temps pour comprendre que le véritable sujet du Challat de Tunis porte sur la condition des femmes en Tunisie. Sous forme d’interviews qu’elle réalise elle-même, hommes et femmes en tout genre défilent devant la caméra. Si une poignée s’oppose aux méthodes du Challat, une grande partie des hommes considèrent ses victimes responsables de leur sort. Car une femme ne doit pas montrer sa nudité, ne doit pas pervertir l’homme et le soumettre à la moindre tentation, sans quoi il ne peut répondre de ses pulsions. Devant de telles déclarations la réalisatrice garde intelligemment son calme et ne cherche pas à faire changer les mentalités. Elle nous présente de manière honnête une réalité. Cependant au-delà de cela il n’y a pas grand-chose et le film a vite fait le tour de la question. Pour combler le vide la réalisatrice tente d’inclure un homme se faisant passer pour le Challat mais qui n’en apporte pas davantage (...
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Vu en avant première en septembre 2014 en compagnie de la réalisatrice. C'est un film particulier, réussi, à mi chemin entre le documentaire et la fiction. Beaucoup d'humour dans ce film sur la condition des femmes, pas uniquement dans l'Islam et dans le monde arabe. Jallel Dridi est impressionnant.
Quelques mois avant la Révolution de Jasmin tunisienne (2005) ; le rumeur parcourt Tunis qu’un homme à scooter et muni d’un rasoir balafrerait les fesses des femmes aux tenues indécentes. Dix ans plus tard, la réalisatrice (Kaouther Ben Hania) part sur les traces de ce mystérieux Challat au cœur des rues populaires de Tunis. Légende urbaine, fait divers local ou même comportement misogyne de plusieurs hommes isolés ; toutes les pistes sont abordées comme dans un vrai documentaire. On suit au plus près l’enquête de la réalisatrice. L’objectif affiché est clair et riche des thèmes abordés pour cerner au mieux la société Tunisienne et la place de la femme. Tout de go : un droit républicain mis sur le même plan que le droit coranique, les tenues vestimentaires libre des femmes considérées comme une allégeance au mode de vie occidental et à ses prétendues turpitudes ; la frustration voir pire la misère sexuelle de bon nombre d’homme ; la mysoginie assumée d’hommes effrayés par un monde où les femmes seraient plus libres de leur destins ;… On est constamment entre l’horreur et le rire gêné devant cette société névrosée. En effet sur le chemin de ses investigations, elle croise bon nombre de personnages haut en couleur : un imam comparant le sexe féminin au diable, les comédiens voulant jouer le Challat, la créatrice du « vaginométre » démontrant que tout est vénale même sous couvert de la religion, l’inventeur d’un jeu vidéo obscène validé par les instances religieuses, et le Challat lui-même ou pas… Sous couvert d’un faux documentaire ; elle enchaîne les clichés et se consacre aussi beaucoup aux classes populaires pour développer son argumentaire ; une partie seule de la société est donc montrée. Souvent drôle, ce film finit quand même par nous épuiser du fait de son concept « faux documentaire » ; cette indétermination entre le vrai et le faux s’avère pesant. Photographie en partie réaliste d’une société cherchant ses repères entre modernité et obscurantisme religieux. L’étude des fondements des montées d’obscurantisme au service des dominants, ici la gente masculine,est assez justement montrés dans sa complexité. Mais voilà, le concept docufiction m’a épuisé dans la seconde moitié du film.
Une critique dit " hilarant ? " faut être tordu ! Comment peut on mettre ça sur l'affiche ? Le marketing n'a pas de limite. C'est très bien, mais c'est effrayant. Une démonstration qu'une culture d'un pays peut être pathologique car c'est de cela qu'il s'agit. C'est un reportage sur les maladies mentales collectives. A voir.
Présenté comme un documentaire et se basant sur un fait divers de 2003, Le Challat de Tunis nous plonge dans cette histoire improbable d’un homme qui balafrait les fesses des femmes en mobylette à Tunis. Dans un premier temps, le film scandalise le plus profond de notre être. On a du mal à entendre ces hommes dire que la rue tunisienne est un piège à pêchés et que la femme doit être correctement habillée pour être respectée. Certes la condition de la femme est horrible à Tunis, mais au bout d’un quart d’heure on sent l’arnaque, car tout sonne faux. Sorti un premier avril, la scène du cimetière avec un gamin chantant avec une voix de ténor, la création d’un jeu vidéo pour balafrer les femmes, la création d’un virginomètre pour vérifier la virginité d’une femme et à l’inverse, le gigimo qui permet de saigner sont autant d’exemples qui prouvent la supercherie du film. Il y a donc beaucoup de second degré dans ce docu-menteur, mais les propos restent trop choquants pour passer. Le film dérange malgré des blagues certaines comme celle qui dit que dans le Coran, il n’y a pas écrit balafrez-vous les uns les autres. Le Challat de Tunis est une satire qui force à la réaction, mais son seul mérite est d’avoir osé faire ce film dans une démocratie naissance, au lendemain de la révolution. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
"Le Challat de Tunis" est un documenteur, une enquête menée par une réalisatrice dans les rues de Tunis qui entremêle la réalité et la fiction. Son point de départ : une légende urbaine. En 2003, un mystérieux motocycliste terrorisait Tunis en balafrant de sa lame ("challat") les fesses des femmes qu'il jugeait impudiques. Qui était le "challat" ? A-t-il été appréhendé ? Jugé ? Condamné ? Relâché depuis ? Kaouther Ben Hania mène l'enquête. Elle retrouve Jallel Dridi, qui prétend être le challat et qui, en effet, avait été arrêté en 2003. Tout n'est pas vrai dans son film. Le témoignage des femmes balafrées par le challat l'est assurément. En revanche cette mère maquerelle qui commercialise un virginometre à l'efficacité douteuse est un personnage de fiction. Comme ce jeune islamiste qui conçoit un jeu vidéo inspiré des exploits du challat. Le machisme le plus primitif semble encore dominer les mentalités en Tunisie. Maman ou putain, la femme n'a pas la maîtrise de son corps. C'est elle qui pêche en l'exposant dans l'espace public et en excitant le regard du mâle. On rit souvent devant "Le challat de Tunis" tant les situations sont excessives tel les efforts déployés par Jallel Dridi pour plonger son virginomètre dans les urines de sa fiancée. Mais le malaise domine face à ce que ce documenteur nous dit de la misère sexuelle qui semble prévaloir dans les rues de Tunisie, printemps arabe ou pas.
Tout au long de ce film/documentaire on n’entend qu’une chose : les femmes sont le démon, ce ne sont pas elles qui décident comment s’habiller, et si certaines ne s’habillent pas « correctement » alors oui, il faut leur lacérer les fesse, ce sera leur punition. C’est quoi ce pays ? A l’arrivée cette société a fabriqué des refoulés sexuels et des imbéciles heureux qui sont certains de prêcher la bonne parole, et les seules femmes qu’ils respectent ce sont leurs mamans, ce sont les meilleures. Ben les autres aussi ce sont des mamans ! Ils ont juste oublié que ce sont les femmes qui les ont mis au monde, et rien que pour ça on leur doit le respect. La scène où il est demandé conseil à un religieux vaut le détour. Aussi, une des femme agressée nous explique que cette ségrégation féminine est tellement ancrée, depuis des générations et des génération, qu’on ne peut rien y faire, c’est comme ça. C’est implacable et ça vous donne une idée du malaise. 1h30 d’indigestion. Bravo à la courageuse réalisatrice. 3 étoiles.
Très étonnée par le procédé de tournage par la realisatrice tout le long du film. Je ne savais plus ou était le réel ou la fiction. Filmé a la façon d un documentaire . Et la vision de la femme dans une société patriarcale m a laissee perplexe ... bien que l auteure s en amuse a coeur joie .
Il faut vraiment voir ce film comme une sorte de documentaire sur la vie et les moeurs dans le Tunis d'aujourd hui, et, dans ces conditions, il est possible d'y trouver un intérêt. Si non, c'est Bof... on finit par s'ennuyer, ma voisine s'est même endormie...