Une réalisation solide, des acteurs impeccables, une reconstitution soignée : de ces points de vue, le Pont Des Espions est un bon "produit", on sent même un effort certain pour reproduire l'atmosphère de la guerre froide, un effort certain mais hélas bien vain en définitive. On a même une légère guimauve qui vient pointer son groin parfumé à l'eau de rose...
Une guimauve qui participe à cette belle propagande impérialiste pro-américaine de l'Oncle Sam triomphant des méchants bolchéviks et des pays du Pacte de Varsovie et qui se bat pour la liberté contre les méchants Rouges blablabla etc (remplir et déverser ici toute la litanie habituelle de nos chers amis d'outre-atlantique, la main sur le coeur, ça c'est mon fusil, patati patata).
En fait, même les films d'espionnage (américains) de l'époque (de la guerre très froide) ne sombrent pas autant dans cette vieille retape et vieille rengaine. Je n'en aurais pas cru Spielberg capable, capable à ce point : par son film, il a clairement servi la Patrie, la Nation et la Gloire de nos Armes, Amen (etc !).
En dehors de cette "radicalisation" mal venue, le Pont souffre de longueurs : 2h20 pour organiser un échange sur un pauvre pont, mais dis donc Stevie, tu te moquerais pas de nous par hasard ? Quant à l'atmosphère, malgré tous ses efforts et tout ce pognon, il ne suffit pas d"énumérer les clichés les uns à la suite des autres pour la reconstituer, pour lui donner vie ; il faudrait du talent, aussi.
Evidemment, ça fait trèèès longtemps que Spielberg l'a perdu, son talent. Alors il nous pond ses machins, mécaniquement, sans passion. Malgré ce sacré Tom Hanks ! ce gâchis tout de même.i