Un nouveau film de Spielberg est toujours un évènement. Alors, avec en plus les frères Coen aux dialogues, et le grand Tom Hanks dans le rôle principal, les attentes sont encore décuplées. C’était aussi le premier film du réalisateur dans le domaine de l’espionnage, ce qui rajoutait encore du piment. Bref, j’étais vraiment impatient, et je dois dire que j’ai été légèrement déçu. Alors, les points forts habituels des films de Spielberg sont toujours là : son génie de la mise en scène, sa capacité à nous intéresser avec un sujet pourtant austère, des acteurs irréprochables (avec notamment la révélation Mark Rylance), un rythme maîtrisé. Mais j’ai eu la sensation d’une machine, certes parfaitement rodée, mais qui manque d’imprévu et de folie. Le scénario reste très prévisible, et
la fin en mode « bisounours » m’a refroidie. Certes c’est l’adaptation d’une histoire vraie, mais est-ce qu’on verra un jour Spielberg tuer ses héros ? Ses happy end permanentes me semblent un peu dépassées, à l’époque de Game of Thrones ou Breaking Bad. Tout comme son héros père de famille honnête, courageux et bonhomme, même si Tom Hanks excelle dans ce genre de rôle.
La première partie en Amérique est du reste un peu lente, et surtout très bavarde. Là aussi j’ai été déçu de ne pas retrouver le mordant habituel des frères Coen, ou alors par fulgurances, alors qu’il avaient pourtant la matière pour se lâcher. La deuxième partie à Berlin est en revanche plus animée, avec une magnifique reconstitution des années 60. Le point fort du film reste d’ailleurs pour moi la retranscription des négociations entre puissances, qui se font vraiment sur un coin de table et en toute illégalité.
En résumé, cela reste un bon film, qui parvient à nous garder concernés du début à la fin. Mais on n’en ressort pas vraiment ému ou marqué par ce qu’on a vu. Insuffisant pour Spielberg à mon sens, quand on sait ce dont il est capable, d’où ma critique un peu sévère.