Un véritable choc !
Des "acteurs non professionnels" époustouflants qui portent, avec une force et une émotion sans faille, à la fois un vrai sujet ET une vraie histoire, forts, riches, tendus. Une combinaison malheureusement trop rare.
Le film est frontal, sans concession, mais terriblement honnête à en croire les témoignages des interprètes (Tous migrants recrutés au Marco) et du réalisateur, Boris Lojkine, qui a fait un travail de documentation remarquable.
L'image est à la hauteur de la mise en scène et de la prestation des comédiens : Juste, toujours au service de l'histoire et de ses interprètes mais la précision et la finesse du cadre et du travail de la lumière ne laissent pas de place au doute on est devant un vrai film de cinéma qui ne se contente pas de capter froidement la terrible réalité des ghettos clandestins du Maghreb.
On est emporté, presque sans répit dans cette épopée moderne qu'est la migration. Suivant au plus près Hope et et Léonard sur un bout de ce voyage au milieu d'un monde souterrain inattendu et inimaginable. C'est bien Hope, La nigériane, qui est au coeur de l'histoire. Ballotée au milieu d'un univers où les hommes imposent leur volonté aux femmes, elle résiste, du mieux qu'elle peut, aux côté du protecteur qu'elle s'est choisie pour rester maîtresse, autant qu'elle le peut, de son destin.
Sur cette Route, c'est toute l'Afrique, dans toute sa diversité qui se bat pour le rêve d'une Europe, parfois fantasmée et souvent inaccessible pour la plupart de ces hommes et de ces femmes. On se prend ici de plein fouet la réalité et l'absurdité de la gestion des frontières de la forteresse européenne.
Dans toutes les langues, de tous le moyens possibles, ici ce sont les Camerounais, les Nigérians, les Congolais, les Sénégalais et toutes les nations africaines qui racontent l'histoire. Il est indispensable que ce récit soit entendu ici comme partout.