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In Ciné Veritas
89 abonnés
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3,0
Publiée le 23 février 2017
Premier long métrage de fiction réalisé par Boris Lojkine, Hope présente quelques qualités notables qui viennent pleinement justifier le prix SACD obtenu en 2014 dans le cadre de la Semaine de la critique du festival de Cannes. La première de ces qualités est certainement l’originalité de traitement d’un sujet sensible : l’émigration clandestine d’africains souhaitant vivre en Europe. L’écriture précise du scénario emprunte au monde du documentaire, dont est issu Boris Lojkine, et permet au long métrage d’échapper à nombre de stéréotypes. Les ghettos communautaires des filières de migration et leur organisation hiérarchique sont ainsi décrits avec pertinence et justesse. Enfin, le récit de l’exil du couple de réfugiés central, interprété par Justin Wang et Endurance Newton, comédiens non professionnels, s’effectue exclusivement à travers leur regard. En ne faisant pas abstraction de la violence et de la vulnérabilité de tout un chacun face à elle, Boris Lojkine questionne les spectateurs sur le pouvoir de l’argent, les systèmes mafieux des filières d’émigration et la position des femmes dans cet exode.
Au milieu du Sahara, parmi un groupe de migrants clandestins, Léonard, un jeune camerounais épaule une nigériane, Hope. Leurs relations pendant le reste du voyage hésitent entre solidarité, exploitation et amour. B. Lojkine, dont c'est ici le premier fil de fiction1, a agi en documentariste ; il doit avoir lu beaucoup sur le sujet (on pense à ''Bilal sur la route des clandestins''), mais surtout il a enquêté à la rencontre de migrants au Maroc, dans les ''guettos'' où ils se regroupent par origine. Le film doit à cette démarche son réalisme et celui de son scénario. Les acteurs, des migrants recrutés au Maroc, pendant leur propre périple, sont excellents. Ils parlent leurs propres langages, entre langue traditionnelle d'origine, français métissé ou pidgin. Il est du reste remarquable que Endurance Newton (Hope) se débrouille mieux en français au fur et à mesure du film. Si le film montre bien ce qu'est le périple dans lequel se lancent des africains en si grand nombre (la dernière grande aventure humaine, plus incertaine que les voyages spatiaux), il ne nous explique pas sur ce qui les a conduits à prendre cette route ; ce n'est pas le sujet du film, mais c'est une question qu'il amène à se poser. Puisque le film vous aura passionné, essayez de voir ou revoir ''La pirogue'' de Moussa Toure (2012) et ''Bako, l'autre rive'' (1985) de Jacques Champreux, scénario Cheik Doukouré. Si vous ne l'avez pas encore vu, Hope sera à l'affiche de Visions d'Afrique (Oléron 14 au 20 octobre 2015).
Sans doute l'un des films les plus forts que j'ai vu depuis longtemps ! Force du propos, du décentrement du regard européen, de la direction d'acteurs non professionnels, du montage : le tout tendu comme un arc, sans gras, sans esbroufe, où rigueur et justesse laissent affleurer des moments de lyrisme. Un regard à hauteur de femme et d'homme, d'une grande dignité. On sort grandi d'un tel film. Bravo et merci !
Ce n'est pas du documentaire, ça en a la toute la force. Avec deux acteurs formidablement crédibles et un contexte rarement transcrit dans une fiction. Les images sont fortes, la lumière est belle. C'est dur, c'est beau, c'est émouvant, ça fait réfléchir. Et c'est d'une grande actualité. Allez-y, ça se passe à notre porte !
Hope, jeune nigériane, est en route pour l’El Dorado… Passer de manière illégale en Europe. Léonard, jeune camerounais, a le même rêve d’Europe. Bon an mal an, ils vont s’associer et faire corps pour le meilleur et pour le pire durant ce long voyage. Film choc témoin de son époque, le jeune réalisateur, issu du documentaire, ne fait pas dans la dentelle et livre un regard éclairé sans complaisance ni pathos sur la dureté du périple des migrants africains. Ces milliers d’africains jetés sur les routes sont d’une détermination sans limite… Au vu de ce qu’ils vivent jusqu’à arriver à nos portes (viol, prostitution, mafia, épuisement, peur, esclavage moderne, famine,…) ; les risques mortels pris par la traversée de la méditerranée semblent bien dérisoires. Ce film s’inscrit dans une vague actuelle cinématographique plus documentaire que fictionnel porté par le désir de montrer le monde en temps réel et tel qu’il est. « La pirogue », récemment, surfait sur la même vague ; chacun de ces films apportent une pièce d’un complexe puzzle. Ici, c’est l’immigration subsaharienne et tous ces acteurs ; migrants victimes de leurs compatriotes profitant de leurs misères. Sans fard, ce film est donc rude, mais laissant toujours les forces de l’ordre hors champ tout comme les actes de violence les plus horribles. Pas de misérabilisme. Après la critique centrale de ce genre de film est souvent la même : une intrigue faiblarde, quelques longueurs, et une distance trop importante aux personnages. Personnages et non acteurs qui eux tous amateurs reprenant un rôle toujours proche de leur propre vécu sont toujours très crédibles dans leurs compositions. Un film utile et nécessaire… « L’aventure a changé de camp », raconte Boris Lojkine. « Elle n’est plus du côté des Européens explorant des contrées sauvages. Le temps des Indiana Jones est révolu ! Les aventuriers d’aujourd’hui, ce sont les hommes et les femmes qui, du Sud, partent à la conquête du Nord. »
On les voit arriver sur des bateaux de fortune, quand ils arrivent. On les voit malades, épuisés, hagards, quand ils tiennent encore debout. Mais on n’imagine pas tous les obstacles, les embûches, les tracas qu’ils ont dû affronter tout au long d’un périple inhumain. C’est ce que nous raconte Boris Lojkine en suivant le parcours d’un jeune camerounais et d’une jeune nigériane qui ne devaient jamais se rencontrer. Le malheur les réunit sur le même chemin qu’ils vont aborder envers et contre tout pour gagner, mais à quel prix, une liberté hypothétique. Boris Lojkine filme sèchement leur aventure, comme absorbé par l’aridité ambiante du paysage, imprégné de leur déshérence. Les comédiens sont des amateurs mais ici ce terme n’a pas beaucoup de sens. Ils ne jouent pas vraiment, ils vivent et survivent.
Avis bonus Trois scènes coupées… Pour en savoir plus
C'est presque un documentaire, sur le périple de migrants africains souhaitant rejoindre le Maroc afin d'espérer un jour arriver en Europe, mais les 2 héros auxquels s'attache le réalisateur sont tellement touchants qu'on suit leurs aventures avec passion: au milieu de personnages sordides, Hope et son compagnon apportent beaucoup d'humanité au film et sont symbole d'espoir.
Plus qu'un film inspiré de faits réels : un documentaire. Une histoire d'amour rude dépeinte de façon très sombre par le réalisateur qui ne nous fait aucun cadeau. On y est. On ne peut s'évader. On prend conscience. On est gênés. On tremble. Parfois même, on a mal. Le film en lui-même est un choc frontal, nous obligeant à ouvrir les yeux sur une réalité trop peu évoquée par notre société : les migrants. Des migrants qui sont prêts à tout pour quitter leur terre natale, affreusement hostile. Le fait que le film soit joué par des comédiens amateurs, eux-mêmes migrants, renforce incontestablement la force du message véhiculé par le film. Rien n'est surjoué. Pas de place à la romance ; on nous décrit ce que ces personnes vivent, à l'état brut, sans fioritures.
Entre documentaire et fiction, le film nous balance d'une émotion à l'autre, grâce notamment à l'interprétation remarquable de Justin Wang et Endurance Newton. Comme deux amants en cavale, à la recherche d'un paradis presque interdit, Hope et Léonard sont confrontés à la hiérarchie des camps de migrants (avec sa police, son "chairman"…) et à des choix impossibles. Boris Lojkine mêle fresque romanesque et chronique politique avec un talent et une subtilité rares. Un film à ne pas manquer.
Le film prend aux tripes assez rapidement. Il est tendu du début à la fin. La justesse du jeu des deux principaux protagonistes est sidérante. Le sujet est grave et terrible, il est ici documenté. Dans cet enfer peuplé de racketteurs, de macs, de chefs de bandes, tout autre individu paraît hostile, et le parcours d'autant plus valeureux. A deux moments Boris Lojkine (qui se réserve le rôle du client de l'hôtel de passes) nous propose de magnifiques pauses lyriques, aussi intenses que brèves. Dommage que la photo de l'affiche soit aussi hideuse.
Bien sûr il y a un sujet fort qui peut rappeler les journaux, les magazines, d'autres films... les migrants, les clandestins, les lumières de l'Europe, on croit qu'on a déjà vu ça... et en fait, non. Jamais comme ça. Jamais avec ce souffle à la fois romanesque et réaliste, pure alchimie de la fiction et du documentaire. Jamais avec cette simplicité et cette force. Jamais avec ce qui me semble un regard et une mise en scène aussi juste, car la réalisation est toujours juste par rapport à ce qu'elle raconte. L'histoire est dure et triste bien sûr, mais cela ne doit pas vous arrêter, car le film est vivant, vibrant, haletant, parfois souriant, et il porte en lui l'âme de l'Afrique comme elle est rarement montrée au cinéma. Hope c'est un double voyage, celui de deux migrants avec qui nous vivons ce que c'est vraiment que de traverser l'Afrique pour essayer d'atteindre Gibraltar, mais aussi celui de nous spectateurs occidentaux qui partons avec eux, pour peut être voir le monde bien différemment.
Boris Lojkine vient du documentaire et cela se voit. Dans Hope, récit d'une migration africaine vers une Europe rêvée, la question de l'authenticité du propos et des scènes ne se pose pas, elle est d'une réaliste évidence. Et pas seulement parce que les acteurs sont amateurs et eux-mêmes des "aventuriers" de l'exil. Le plus étonnant et pratiquement jamais montré est le communautarisme de ces candidats au grand voyage. Congolais, camerounais, nigérians : ils sont prêts à en découdre pour le pouvoir de diriger. Et que dire de la condition des femmes ? Abusées, dans tous les sens du terme. A glacer le sang. Le film se transforme lentement en histoire d'amour. Celle-ci se heurtera à bien des obstacles. Hope est plus faible sur le plan de la fiction, ce qui l'empêche d'être le grand film sur un sujet qui n'a jamais été autant d'actualité. Malgré tout, même s'il est loin d'être parfait, il en dit mille fois plus long que n'importe quel reportage ou enquête.
la force de ce film réside dans son traitement quasi documentaire, et par la véracité de son propos. les candidats à l'exil sont rançonnés par leur compatriotes, les femmes ne sont plus que des marchandises sexuelles, les ghettos sont des lieux de non-droit. éprouvant et aride, mais également bien réalisé et surtout des acteurs criants de vérité. bravo, même si ce n'est pas plus palpitant que ça.