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Julien D
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3,5
Publiée le 9 novembre 2014
Après de magnifiques films sur les drames féminins, posant les bases d’une réflexion quasi-inédite sur la place de la femme en Corée du Sud, Lee Chang-Dong produit le premier film d’une jeune réalisatrice qui, elle aussi, semble vouloir explorer la question. Mais July Jung n’a pas pensé son scénario comme un quelconque porte-étendard de la cause féministe, mais comme une façon d’évoquer de nombreux problèmes tels que la maltraitance des enfants, l’alcoolisme, l’intolérance envers les homosexuels ou encore le travail clandestin d’ouvriers immigrés. Cette multiplication des sujets est à la fois la force et le handicap du film car, s’il arrive à donner une image étoffée du monde rural et rétrograde sud-coréen (aux antipodes des images du Séoul moderne que l’on a l’habitude au cinéma), il ne prend pas le temps de creuser pleinement toutes ses pistes thématiques. La principale d’entre elles, la relation entre une policière solitaire et une gamine battue, est développée d’une telle manière qu’elle finit par apporter au public un sentiment de malaise insidieux alors que les rapports de force entre elles en viennent à s’inverser. Mais la force émotionnelle de ce rapprochement entre ces deux femmes marginalisées réussit à être particulièrement émouvante grâce aux interprétations de Doona Bae (découverte dans The Host et Cloud Atlas) et de la toute jeune et déjà si prometteuse Kim Sae-Ron. On peut toutefois reprocher au surjeu de Song Sae-Byeok de rendre ses coups de colères trop risibles pour être dramatiques. Au final, si A girl at my door peut sembler parfois vouloir partir dans beaucoup de directions, il n’en reste pas moins un film décriptant astucieusement les travers d’un microcosme loin d’être aussi tranquille qu’il n’y parait et sur un portrait de femmes captivant dont la délicatesse est porteuse du regard très dur que sa réalisatrice sur son pays victime de sa croissance à deux vitesses.