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    Jauja
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    Kloden
    Kloden

    128 abonnés 997 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 mai 2015
    Format 4/3, rigueur ascétique des cadres, sécheresse narrative et originalité du propos : Jauja me faisait beaucoup penser (c'est toujours le cas, d'ailleurs) à La dernière Piste de Kelly Reichardt. Pourtant, ce film de Lisandro Alonso (le premier que j'ai eu la chance de voir) s'éloigne encore beaucoup plus des codes du genre que l'anti-western de la cinéaste américaine. Et pour cause, son propos (le terme est quelque peu impropre, mais on s'en contentera) n'est absolument ni politique, ni social, ni historique. Il est humain, tout simplement. Car Jauja est un film tout entier dédié à la perte et à la recherche d'un eden introuvable, annoncé comme une terre, alors que le récit se construit plutôt comme la recherche d'une jeune fille par son père. C'est sans doute ça le plus beau, la sensation même pour le spectateur de ne pas savoir quel mirage on poursuit, quelle force guide Viggo Mortensen, ni vers quoi. Le film se fait très vite cosmique (même avant les revirements finaux dont je parlerai plus tard), et sa radicalité formelle y est pour beaucoup. Dès les premiers plans, alors même que la famille est encore réunie, on sent à quel point aucun lien véritable ne relie les divers éléments du décor. Un plan se prolonge fréquemment après la sortie d'un personnage du cadre, les regards se croisent rarement même lors des dialogues, deux personnages peuvent apparaître à l'écran sur deux plans différents et sans même se remarquer : Jauja démarre dans un monde où les liens sont déjà éclatés, sans unité et cohérence véritable. Visuellement, il met à mal la sensation de confort et les repères pour mieux laisser s'insinuer une ambiance poétique d'abandon. Sa mélancolie, surlignée par certaines lignes de texte de la jeune fille, fait écho à l'omniprésence de la Nature (la proximité avec les morses, la multitude d'éléments de décor naturels) qui n'est jamais regardée comme dangereuse mais plutôt comme désespérément enveloppante. Après la fuite de la jeune fille et durant l'errance de son père, Alonso n'utilise par exemple pas le désert argentin comme un élément oppressant de par son aridité. Les plans d'eau ou les ruisseaux sont régulièrement filmés, et on ne montre même pratiquement que les passages où Mortensen s'y abreuve, comme si la soif véritable de cet homme avait une origine bien autre que physique. La Nature de Jauja n'est pas un monstre positivement dangereux, et s'oppose plutôt au personnage avec passivité, ce qui ne le rend que plus petit encore. Puis cette errance désertique est également l'occasion de comprendre à quel point l'utilisation du format 4/3 est géniale. Alors que les westerns utilisent si souvent le cinemascope, ou au moins des formats assez larges, Jauja écrase l'image et réduit son champ, comme pris dans un étau. Incapable de voir au-delà, j'étais aussi perdu que le personnage, alors même que le film maintient une forte conscience du hors-champ et laisse donc supposer la présence de ce quelque chose d'inaccessible que Mortensen recherche, et dont on sent l'existence sans jamais pouvoir y accéder. Puis Alonso continue à jouer du placement de ses cadres, à filmer un même endroit selon des angles divers et à peine connectés, pour montrer l'immensité de la pampa sans prétendre que son regard peut tout en dévoiler et permettre de s'y créer des repères. L'harmonie visuelle se maintient à merveille, la transition entre des décors herbeux et d'autres plus rocailleux figurant sans fracture trop abrupte la plongée du personnage dans un abîme absurde dont on ne distingue même plus les contours. Et Alonso continue d'habiter le décor, encore une fois non pas par des animaux dangereux, des pièges naturels ou des ennemis aux aguets, mais plutôt par une présence diffuse et donc inidentifiable, qui navigue entre mythe et réalité grâce à l'impression de porosité que dégagent les bords du format "carré". On notera par exemple un clin d’œil à Apocalypse Now, avec cette évocation récurrente de "Zuluega", un militaire disparu et inquiétant aux motivations inconnues, pas sans rappeler le colonel Kurtz. C'est ainsi que Jauja devient, loin de se limiter à un nihilisme qui met nécessairement fin à tout mystère et s'avère souvent trop définitif, une fable sur la perte, traçant un monde qui semble pouvoir s'étirer très loin au-delà de la portée humaine. Et cette errance atteint son point d'orgue lors d'une séance crépusculaire ou Viggo Mortensen, parvenu au sommet d'un amas rocheux, semble avoir atteint le point final de toute quête ou de toute réflexion, sous des étoiles ni hospitalières ni hostiles, tout simplement inatteignables. La seule envolée musicale du film (très belle, au passage) vient alors signifier que son périple a atteint sa fin, et cette scène a cela de magnifique qu'elle se révèle la plus poétique du film alors même que le récit n'est pas fini, parce qu'elle désigne les limites de toute volonté humaine et se pose donc en barrière, une barrière sur laquelle repose concrètement toute la mélancolie dont nous pouvons faire preuve en contemplant sans le voir ce qui, au-delà, ne nous sera jamais permis et révélé. Si le voyage continue, il s'enfonce dans des voies métaphysiques à la 2001 : L'odyssée de l'espace, dont discuter serait sans doute trop refuser au film de sa complexité pour que je m'y livre. Si on y peut y faire plusieurs lectures, preuve que Lisandro Alonso a bien digéré l'influence de Kubrick et qu'il ne s'en sert pas comme d'un artifice poseur, cette conclusion témoigne à merveille de l'ampleur inattendue que peut déployer ce récit a priori plus modeste, et montre que Jauja touche du doigt une idée d'absolu. Idée que, comme le film nous le montre lui-même, on ne pourra jamais faire davantage qu'effleurer. Voilà en quoi, au final, Jauja se révèle comme un voyage subtil aux confins de la conscience et des limites humaines. Sacrément profond, bien qu'émotionnellement limité.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    123 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 juin 2020
    → https://septiemeartetdemi.com/

    Ça y est, Alonso ennuie. Le réalisateur aussi monovisage que monostyle s’en tient pour le moment à une petite décennie de création, peut-être premier déçu que son ouvrage ne surpasse pas dans l’esprit des audiences le cinéma d’art & d’essais persistant. Pourtant cette quasi-chute ne repose pas, avec Jauja, dans la répétition ou l’ennui de ses obsessions (ce qui peut sembler improbable si l’on connaît un tant soit peu sa manie des longs plans fixes, vides & muets).

    J’hésite à pointer du doigt Mortensen. Le fait-même qu’il soit casté augmente l’irréalité du film, comme si ce dernier était de ces œuvres qu’on dit hors du temps, mais plus loin encore. Le voir prendre la suite des antiacteurs de Los Muertos & Liverpool semble faire du film le contenu de sa propre histoire : tandis que dans le reste de sa filmographie l’on demande à l’acteur d’Aragorn de remplir l’image, il semble ici la vider, aspirer les restes de substance qui pourraient demeurer dans l’étrange format 1.33:1, un quasi-carré où l’immobilité de la nature cède place au mouvement de l’imagination. Quand Ghita Nørby demande ce qui fait que la vie fonctionne & continue, c’est ma réponse : l’imagination. Elle sature l’image & distord le temps, transformant chaque coupure en faille dans son déroulement. Le mystique voyage dans le temps est un débouché au goût de Salt and Fire qui prend spontanément tout son sens.

    Bref, sans compter que Mortensen a composé la musique, pris un faux mauvais accent en espagnol (qu’il parle en fait couramment) & corrigé les sous-titres dans plusieurs langues, il a fait le film autant qu’Alonso lui-même, contribuant à perpétuer son essence plus qu’étrange que le réalisateur n’aurait peut-être pas maintenu sans lui… et je ne sais pas si l’on doit l’en remercier.

    J’ai l’impression que c’est lui qui fausse le film à une plus grande échelle, pervertissant le talent du cinéaste avec des détails trop “vrais”. J’ai seulement appris après le visionnage que Mortensen avait acheté son propre costume et s’était documenté sur l’histoire du Danemark pour son rôle, mais voilà exactement le genre de parasites matérialistes d’apparence bénins qui ont à mon sens troublé la délicate & incompréhensible alchimie de Jauja. Oui, un simple choix de casting a déterminé l’œuvre entière : elle qui semblait immanente à elle-même, elle tient sa prégnance à un élément qui lui est totalement externe : l’étrangeté trop simple d’y voir Mortensen, qui tue son aura.

    Trop connu, trop formaté, trop professionnel, peut-être simplement de trop bonne volonté, il a apporté à Jauja à la fois ce qui le rend uniforme & qui l’érode, voire le transforme en une œuvre injuste envers son créateur. C’est peut-être pour ça qu’il est monovisage en posant avec l’acteur… Moralité : ne surtout pas commencer la filmographie d’Alonso par Jauja.
    Nicolas L.
    Nicolas L.

    90 abonnés 1 751 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 13 août 2018
    "Jauja" est un de ces films dont on aimerait apprécier le mystère, mais qui font tout, mais alors tout, pour nous en éloigner. (...). Lisandro Alonso est un cineaste de films d'auteur et il tient à le prouver. Du coup on s'ennuie ferme et cette fin... Sans queue ni tête. Reste les plans très beau mais bon ça fait pas un bon film...
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    137 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 juin 2015
    La première partie est prestigieuse. Elle y montre un père et sa fille se séparant, plans après plans, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus dans le même paysage. Car "Jauja" est une offrande à la nature et à son désert aux monotones formes, dans lequel on peut y perdre autant sa montre que sa conscience. La couleur est un atout symbolique qui sert à se retrouver dans les sentiments d'autrui. Le bleu clair de la robe de la jeune fille en union avec le ciel et le sentiment d'envie et de liberté, juste avant de passer par le noir mat, qui représente la destruction d'un être, ou plutôt le renouveau, lors d'un final brouillon et en marge de tout le talent de mise en scène et de sobriété qu'on si bien bénéficié les deux premières phases. C'est le long intimiste dans tout son art et sa beauté, accompagné par un acteur soutenant tout autant la cause du cinéma expérimental. On peut remercier Mortensen pour ça.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 9 mai 2015
    Un scénario léger pour ce quasi-western aux images somptueuses mais à la mise en scène trop statique. On apprécie aussi la performance de Mortensen.
    Michel-Cresta
    Michel-Cresta

    2 abonnés 5 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 4 mai 2015
    D'abord on croit que c'est un western! C'est écrit dessus. Ah! La bonne blague! C'est surtout un film prétentieux et ennuyeux comme la mort! Vigo fait tout ce qu'il peut pour animer le machin, mais c'est dur! La photo est superbe! Faut dire la vérité! C'est beau au millimètre! On se croirait parfois au théâtre genre la Cour des Papes en Avignon. Pas étonnant que ça ait plu aux critiques pour bobos branchés. Sinon nous, les lambda, on se traine lamentablement aux côtés de Vigo qui cherche, euh...sa fille...qui a été enlevée par deux indiens "cabezza de coco", en plein désert de Patagonie ou à peu près. C'est très dur, on a du mal, mais on s'en fiche complètement. Faut bien dire aussi! Coup de théâtre à la fin: le sens profond de tout ça est révélé. Mais on est trop contents pour chercher, Parce qu'on est déjà parti! Chouette c'est la récré! Bien méritée la récré ! Ouf!
    Le Blog Du Cinéma
    Le Blog Du Cinéma

    109 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 avril 2015
    (...) Le réalisateur filme cette déambulation en procédant à des choix radicaux de mise en scène qui nous saisissent dès le premier plan. La palette colorimétrique nous renvoie immédiatement aux délires d’un Alejandro Jodorowsky et aux tubes de gouaches rouge vif utilisés dans les années 60 pour les giallo, westerns spaghetti et autres films de genre, lorsque l’on voulait montrer du sang. Le bleu, le rouge et le vert semblent fluorescents et se démarquent royalement au milieu de paysages à l’immensité réduite par un nouveau choix déstabilisant, l’utilisation d’un format carré en 1.33.
    Esthétiquement, la beauté naturelle des décors, dont le rôle va être primordial, laisse plus souvent place à la frustration, s’avérant un frein considérable quant à l’immersion. D’autant plus regrettable pour un film qui invite la caméra, les personnages et le spectateur à se perdre dans une expérience temporelle rare, mais à la lenteur rebutante (...

    critique par LORIS - l'intégralité sur Le Blog du Cinéma
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 693 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 4 mars 2021
    Je suis pour les drames complexes même s'ils sont extrêmement lents. Cependant lorsqu'il s'agit d'éléments d'intrigue presque indéchiffrables et de rythme extrêmement lent ce n'est pas un film pour moi. J'imagine que si vous êtes comme moi vous n'aurez pas la moindre idée de ce qui se passe à l'écran. Les talents de l'excellent acteur Viggo Mortensen sont presque complètement gâchés dans ce désordre cinématographique totalement déroutant. Je suis heureux que certains l'aient trouvé à leur goût mais pour moi il était totalement incohérent car j'attendais que certains éléments de l'histoire aient un sens...
    Tiphaine M.
    Tiphaine M.

    27 abonnés 1 critique Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 30 avril 2015
    A mourir d'ennui, on compte les minutes et même les secondes lorsque Vigo Mortensen remplit sa gourde au milieu des graminés remués par le vent pour la 7e fois. Le soir-disant onirisme sert surtout à masquer une absence totale de scénario. Fuyez!
    BigDino
    BigDino

    8 abonnés 473 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 juillet 2015
    Bien qu'on ai affublé ce film de l'étiquette western, ici pas de règlements de comptes, de cavalcades effrénées et de fusillades. Dès le début on pose le rythme du film : très lent, contemplatif, presque onirique, dépouillé à l'extrême. Pas même de musique pour quasiment tout le film, juste le bruit du vent et des animaux. La caméra est en général immobile, les personnages viennent vers elle, ou entrent et sortent du champ. Pour apprécier Jauja, il faut se laisser planer avec les images, ces paysages désertiques immobiles. Très belle scène par exemple, que celle de Viggo Mortensen sur son rocher, dans la nuit, contemplant le ciel. Si Jauja est la quête désespéré d'un père à la recherche de sa fille, c'est surtout pour l'onirisme du film, son côté planant et décalé, qu'on le regarde. La fin donne une justification à tout ça, mais même alors, cette manière étrange de filmer en caméra fixe continue. Clairement, Jauja est une oeuvre originale, qui défie les conventions, un film marquant qui, tout comme La Dernière Piste avant lui, ouvre un nouveau champ d'action au western.
    On regrette malgré tout le côté formel de l'ensemble, qui, à force de démonstration, perd en authenticité.
    mouh M.
    mouh M.

    5 abonnés 140 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 11 janvier 2020
    Soporifique et lent. Doté d'un scenario incompréhensible. Dialogues creux plein de banalités. Un film qui dérive sans direction. Je suis dubitatif sur le financement d'un tel navet.
    iof
    iof

    5 abonnés 140 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 8 mai 2023
    Beau, lent, âpre, énigmatique, on pourrait longtemps enfiler les qualificatifs pour parler de ce film. Je me suis beaucoup ennuyé.
    JCADAM
    JCADAM

    4 abonnés 370 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 21 février 2021
    J'ai regardé ce film car je suis fan de Viggo et de l'Argentine, mais je ne m'attendais pas à grand chose de celui-ci vu les mauvaises critiques, et bien j'ai été servi, déjà le film prends 45min à commencer avec le départ de la fille, puis l'heure suivante se résume à une balade du capitaine pour retrouver sa fille. Alors oui les paysages de la Patagonie sont sublimes, mais le réalisateur a oublié d'écrire un scénario car il ne se passe strictement rien, juste d'interminable séquences sans dialogues, qui en plus ne sont pas accompagnées d'une musique ou très rarement, de plus le format du cadre qui est carré ennuie encore plus le spectateur, car c'est des photographies du paysage qui sont quasiment identiques. Enfin la fin est incompréhensible qui est cette jeune fille ? On a beau chercher on n'as pas la réponse, "Alonso" disait que lui même n'avait pas tout compris à son film, alors nous encore moins... un film à éviter de toute urgence, même si comme moi vous êtes fan de Viggo Mortensen ou de l'Argentine.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 4 mai 2015
    Quel ennui! Tout est long, lent....même si les paysages sont beaux (ils auraient été magnifiques en 16/9 au lieu de ce ridicule format Instagram), on s'en lasse car les plans durent durent (on compte presque les pas du soldat qui gravit la longue longue montagne...). L'histoire est rocambolesque (dire "onirique")... Bref ce film est une erreur.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 21 mai 2015
    Bon documentaire sur les paysages de Patagonie...
    Pour le reste, on dirait un film des années 70 lorsqu'un cinéaste réussissait à rafler quelques subsides pour tourner une histoire fauchée avec peu d'acteurs, pas de décors et peu de moyens techniques.
    Un scénario minimaliste, une fin ésotérique, qui arrive comme un cheveu sur la soupe (manifestement, la production avait coupé les vivres), en font finalement un navet vaguement prétentieux et sans intérêt.
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