Oh Lucy! : les secrets du tournage

La réalisatrice Atsuko Hirayanagi a souhaité avec Oh Lucy! s’intéresser aux silencieux car elle estime que ce sont "ceux qui ont le plus à dire". Elle s’est basée sur sa propre expérience puisqu’à l’âge de 17 ans, elle s’est rendue aux États-Unis dans le cadre d’un échange universitaire. Maîtrisant mal l’anglais, elle parlait peu, ce qui lui a vite valu d’être perçue comme la "fille asiatique tranquille", en opposition avec sa vraie personnalité. Elle s’est inspirée de son propre parcours pour écrire celui de Setsuko : "À mesure que nous devenons adultes, nous apprenons à nous contrôler, mais notre besoin d’être entendu ne disparaît jamais. Je pense que notre voix cherche toujours un lieu d’existence. Pour moi, le cinéma est cet endroit, l’endroit où l’on entend notre voix et un lieu qui reconnaît notre existence."

Le personnage de Lucy est né d’un travail universitaire pour lequel la réalisatrice Atsuko Hirayanagi devait écrire sur un membre de son entourage. Elle a porté son choix sur la personne la moins encline à inspirer l’héroïne d’un film : "Elle semblait cacher ses sentiments réels la plupart du temps et je voulais imaginer ce qui pourrait la déterminer à être sincère dans ses propos. Ensuite, j’ai voulu lui donner un alter ego. C’est l’origine de Lucy."

Encore étudiante, Atsuko Hirayanagi souhaitait réaliser un long métrage à partir de son script mais son professeur, Boris Frumin (devenu depuis le co-scénariste de Oh Lucy!), lui conseilla d'en faire un court métrage. Intitulé lui aussi Oh Lucy!, ce film de 22 minutes a été lauréat en 2014 du 2e prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes. Atsuko Hirayanagi souhaitait continuer à explorer le parcours de Lucy et a décidé de se lancer dans la réalisation d'un long métrage, qui n'est pas "vraiment un étirement du film, c’est une addition d’éléments au film d’origine."

La réalisatrice souhaitait jouer avec le contraste entre le Japon, où "les gens portent souvent des masques en société, afin de vivre en harmonie dans un milieu insulaire restreint", et les Etats-Unis où "au contraire, on était poussé à se révéler et à exprimer constamment ses besoins et ses sentiments." 

Le court métrage Oh Lucy!, présenté et primé en festival, a ouvert des portes à sa réalisatrice qui a pu co-produire son long métrage avec la NHK, groupe public audiovisuel japonais. La participation de NHK au projet a facilité le casting et a permis que Terajima Shinobu et Yakusho Koji, véritables stars au Japon, rejoignent l'aventure. Quant à Josh Hartnett, son arrivée a été simple puisqu'il a reçu le scénario via son agent et a rappelé la production dans la foulée. "Je l’avais en tête depuis le début. Ce qui m’a attiré chez lui, c’est qu’il a fait une pause en se retirant du métier de comédien pour voyager en quête de spiritualité", explique Atsuko Hirayanagi.

Oh Lucy! et Vibrator de Ryuichi Hiroki ont deux points communs : la présence de Terajima Shinobu au casting et... une scène de sexe dans une voiture ! Pourtant, la réalisatrice assure qu'elle n'avait pas vu le film de Hiroki : "C’est le jour avant le tournage de la scène de sexe dans la voiture que Shinobu me dit : « Ça fait bizarre. Il y a une scène vraiment semblable dans Vibrator ». Je lui ai demandé pourquoi elle ne m’en avait pas parlé avant ! J’ai pensé à changer la scène, mais c’est venu naturellement et j’en suis finalement satisfaite."

Le tournage s’est déroulé entre novembre et décembre 2016 et a duré 21 jours. Il y a eu 2 semaines de pré-production à Tokyo suivies de 2 semaines de tournage. Il y a ensuite eu une pause et une autre équipe est partie sur 2 semaines de pré-production à Los Angeles et 2 semaines de tournage.

Seule la directrice de photographie, la Mexicaine Paula Huidobro, était commune aux deux équipes techniques.