Patrice Leconte et son acteur fétiche, du moins l’un d’entre eux, en mode service minimum pour l’adaptation au cinéma de la pièce de théâtre éponyme, Une heure de tranquillité. D’une durée d’à peine une heure et quinze minutes, ce nouvel essai du célèbre cinéaste s’apparente à une petite promenade de santé, transposition simpliste d’un petit morceau de comédie sur grand écran, là ou Christian Clavier s’acharne, avec plus ou moins de succès, à faire du Christian Clavier. Sans dénigrer cette légère comédie populaire plutôt sympathique, accessoirement parisienne bobo, l’impression de vite fait bien fait inévitable dès le générique de fin débutant ne permet pas de véritablement apprécier le film. Dès les premières notes de musique, nous semblons déjà naviguer en eaux conquises, sans l’once de surprise nécessaire au succès d’une telle mise en scène. Tout le monde tient sa petite place, essayant perpétuellement d’agacer le personnage principal, égoïste distingué, en l’empêchant d’écouter son nouveau disque, réédition improbable et dont seul lui connaît la valeur.
Une femme agaçante, Carole Bouquet en mode mineur, un fils pénible, des voisins envahissants, des travailleurs gaffeurs, un ami insupportable, une femme de ménage impayable, une maîtresse qui ne tombe jamais à pic, une famille de philippins et j’en passe, empêche notre gus de savourer son petit moment à lui. Jusque ici, rien de surprenant. Le tout en serait même parfois drôle, Christian Clavier parvenant, sur le durée, à devenir franchement oppressé donc comique. On pourra alors regretter ce petit final de cinq bonnes minutes, moraliste à souhait, tâche d’huile dans une bassine d’eau éclatante. Mais cela, au vu des ambitions d’un tel scénario, n’est somme toute qu’un détail insignifiant.
Peu de choses à dire, en définitive, sur un film d’une légèreté télé-filmique clairement assumé par ses artisans. Si le public français et francophone était sans doute en droit d’en attendre bien plus d’un réalisateur et d’un acteur du gabarit des deux collaborateurs du moment, il faudra néanmoins se contenter de ce petit instant de théâtralité. L’affiche, plutôt laide, nous renvoie d’ailleurs, dans le même esprit, au Carnage d’un certain Roman Polanski, et ce même si les deux adaptations de pièces radicalement différentes, n’ont rien à voir. Il s’agit simplement de situer le film. Avis aux amateurs de la vieille France populaire, de ses comédiens parisiens indéboulonnables et de ses séquences téléphonées qui font, avouons-le, parfois mouche. 08/20