Faire un film résolument plein d’espoir sur la base d’une effroyable histoire tient, en quelque sorte, du prodigieux pour Lenny Abrahamson. Room, salué par la critique, distingué aux Oscars avec le meilleur rôle féminin pour Brie Larson, est un véritable tour de passe-passe tant le sujet aurait été propice au pathos, aux larmoiements et aux poncifs du genre. Rien de cela, si ce n’est quelques lenteurs, dans le film d’Abrahamson, un cinéaste qui livre là un produit parfaitement maîtrisé, touchant et captivant. En somme, l’archétype même de ce que l’on pourrait attendre d’une sortie en salle digne de ce nom.
Le film, en lui-même, se découpe en deux parties bien distinctes, soit la séquestration dans cette fameuse chambre, puis l’émancipation, le retour dans le monde, comme aime à appeler l’Extérieur le jeune Jack. Quelle est donc la phase la plus douloureuse? La première partie est en tous points passionnante, l’enfermement et les difficiles conditions de vies des occupants de cette prison ultime étant si précisément mises en scène que lorsque vient le temps du bouleversement, le film manquera parfois de percussion. On attend, une heure durant, la délivrance, et lorsque celle-ci viendra, nous ne pourrons malheureusement en être pleinement satisfait tant la tâche du metteur en scène paraissait insurmontable. Oui, comment renvoyé deux personnage attachant à la vie, en une heure, sans passer par de multiples raccourcis? Impossible. On pardonnera donc à tous les artisans derrière le film leurs errances quant à la simplicité d’une telle reconversion.
Room, accessoirement, est porté par ses deux comédiens principaux. La talentueuse Brie Larson, qui mérite bien son sacre Hollywoodien, est parfaite de naturelle, exprimant remarquablement des puissants sentiments de son personnage. Mais la véritable attraction, dans tout ça, c’est le jeune Jacob Tremblay, gosse remarquable poignant, au faciès indéfinissable, qui habite le film de toute sa présence. Superbe.
Je ne peux donc que conseiller Room, un film sensible et résolument réaliste, une œuvre maîtrisée de bout-en-bout qui fait la part belle aux talents des comédiens. Lorsque le cinéma parvient à être touchant sans recours à des poncifs éculé, on ne peut que s’en réjouir. Reste simplement que la seconde partie du film ne rend pas forcément honneur à la première et que des longueurs viennent parfois plomber un peu l’optimisme. 16/20