Ulrich Seidl nous immisce au cœur de la société autrichienne. Les citoyens de ce petit pays utilisent leurs sous-sols bien plus que nous ne l’utilisons. Ce recoin lugubre et sans âme à une toute autre signification pour eux. Ils y passent le plus clair de leur temps, le transforme en salon, en chambre, en salle de sport, en pièce à vivre, y organisent des soirées, des anniversaires ou le transforment afin de pouvoir y assouvir leurs plus étranges passions…
Et c’est ainsi que l’on fait la découverte d’une multitude de personnages haut en couleurs. Chacun ayant ses obsessions, toutes plus ou moins… surprenantes.
On y croise une femme "nullipare" (qui n’a jamais eu d’enfant) et qui entretient une relation particulière avec ses poupées "reborn" (ultra réaliste). Dans le sous-sol suivant, on y croise un chanteur d’opéra qui tient un stand de tir, dans le suivant, c’est un chasseur qui se complait à tirer sur les animaux de la savane et les collectionne tels des trophées. Dans la cave suivante, c’est un musicien creepy & fanatique du 3ème Reich et dans l’autre c’est un maquettiste de chemins de fer. Et dans les suivantes, on fait la rencontre de pratiquants sadomasochistes, avec un esclave sexuel ventripotent et une femme battue reconvertie dans le SM & bondage.
Le réalisateur autrichien nous fait découvrir des univers tellement riche et varié que l’on va de surprises en surprises. A l’image de l’émission belge Strip-Tease, Ulrich Seidl pose sa caméra, sans fioriture, il les laisse vaquer à leurs occupations, nous racontent leurs passions (ou passe-temps), avec en prime, une visite guidée de leurs caves. Sans jamais faire preuve de voyeurisme. Des personnages hauts en couleurs, à l’image de ces pratiquants SM dont la caméra ne semblent absolument pas les déranger. Impossible de ne pas repenser au documentaire D/s (20011) de Maîtresse Leia & Jacques Richard.
Sous-Sols (2015) n’est peut-être que le (triste) reflet de la société autrichienne, dans toute sa splendeur (ou horreur). Car il s’en passe des choses dans leurs caves à ces hurluberlus, comme en atteste ces quelques faits-divers retentissants, à commencer par le plus médiatisé de tous, celui de Natascha Kampusch (qui avait été séquestrée pendant plus de 8ans) ou encore l'affaire Fritzl (où un père de famille avait séquestré sa fille pendant près de 24ans), à chaque fois, les drames s’étaient déroulés… en Autriche, dans le sous-sol de leurs bourreaux.
Un documentaire fascinant et qui bien évidemment, ne concerne qu’une frange de la population autrichienne. Sociologiquement parlant, le film vaut le détour et nous questionne sur ces pratiques et ces hobbies pour le moins déconcertants.
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