"Les Chaises musicales" réussit à dégager un charme certain, du bout des doigts, par petites touches légères et délicates, un peu maladroitement sans que curieusement ce soit finalement ici un réel défaut !
Car au fond, ce film se veut un peu timide et sur ses gardes à l'image du personnage principal Perrine, dont Isabelle Carré donne une âme très délicate et sensible...
Après un début un peu forcé et fastidieux, on se laisse séduire par cette musicienne qui a peur, qui bredouille, qui doute d'elle même, qui n'ose pas dire ce qu'elle a à dire...
Par le biais de cet homme tombé malencontreusement dans le coma, ce qui devient vraiment intéressant réside dans le sens que Perrine va donner à sa vie, complètement vide jusque là.
D'abord rongée par la culpabilité, elle entre ainsi doucement dans l'intimité de ce mystérieux Fabrice, jusqu'à le seconder et même l'accompagner avec amour dans ce séjour à l'hôpital dont l'issue est incertaine, à fortiori !
On suit l'évolution de cette femme, on repère ses changements d'humeur et d'attitude, ses avancées et ses retours à la case départ !
Tout ceci est parsemé de situations drôles, incongrues, loufoques et presque surréalistes, mais sans doute bien en phase avec ce que peut ressentir tout être timide, qui loin de foncer va préférer louvoyer pour mieux se perdre et renoncer.
Et justement ce côté un peu niais apparemment déploré par certains, m'a semblé justement être ici un petit plus qui correspond bien à l'univers de ces êtres un peu décalés, prisonniers de leur propre peur...
Marie Belhomme a su donner aux seconds rôles, (Carmen Maura, Philippe Rebbot) des aspects attachants qui donnent du relief en entourant cette Perrine avec beaucoup de tendresse.
Un peu hésitant, cahotant et bricolé, cette réalisation sans prétention, sans clichés réussit malgré tout à démarrer et fonctionner sans ratées pour nous faire passer un agréable moment, débordant de fraîcheur et de simplicité !
Une ode aux timides, qui sont donc vraiment à découvrir pour leurs qualités cachées, toutes précieuses et tellement insoupçonnées...