Dieu sait que je suis "bon public" - dans le sens où le cinéma austère (par exemple..) ne me rebute pas du tout. Mais à la condition qu'il y ait du sens, du fond, de l'intérêt... Heinrich von Kleist, auteur de "La Marquise d'O.." (dont Rohmer fit un film, en 1976), de "Le prince de Hombourg" (dont Bellochio fit un film en 1996) et de "Michael Kohlhaas" (plusieurs fois adapté au cinéma, dont en 2013 par Arnaud des Paillières, avec Mads Mikkelsen) - entre autres oeuvres romanesques, théâtrales et poétiques, fit une fin romantique, à l'âge de 34 ans, en 1811 (en France, année de naissance du futur Aiglon, unique fils légitime de Napoléon 1er). Il se suicide, en compagnie d'Henriette Vogel (qu'il tue d'abord), une jeune femme mariée (atteinte d'une "maladie de langueur", mais se croyant incurable) avec laquelle il entretenait une correspondance amoureuse, depuis un an environ. L'Autrichienne Jessica Hausner (élève de Haneke - "Hôtel" ; "Lourdes") prétend raconter cet épisode ultime de la vraie vie du grand écrivain allemand (Prusse), avec "Amour fou". Si la forme est soignée, très esthétique, très recherchée (volontairement sans musique, autre que quelques intermèdes, répétitifs, assurés par Henriette et sa fille...), on cherche en vain cet "Amour fou",c'est-à-dire la passion d'absolu de Kleist.... On ne voit qu'un petit jeune homme oisif, proposant mollement à sa cousine Marie d'abord, puis à Henriette (par défaut) de mourir avec lui - cette dernière menant une vie étriquée de provinciale, bonne épouse et mère d'une fillette. Sans que l'on saisisse pourquoi ! Christian Friedel ("Le Ruban blanc" de Haneke) fait un Kleist crédible au physique - par comparaison avec les portraits de ce dernier. Seul point positif d'une réalisation sophistiquée, mais sans âme. Et d'un ennui abyssal... Petit retour sur mon expérience des films de JH : avais baillé sans remède à "Hôtel" (2004), mais m'étais passionnée en visionnant "Lourdes" - avec Sylvie Testud (2009)....