A lire si vous avez vu le film.
Ce film a exactement les mêmes problèmes que son précédent ELENA.
Sens du cadre indéniable, comédiens absolument aussi sublimes dans leur laideur que dans leur beauté, mise en scène de problématiques qui élève le niveau de l'esprit avec, contrairement avec des metteurs en scène comme Denis Villeneuve, la possibilité d'une discussion entre le film et vous, mais... MAIS ! arf, le scénario comme toujours, grande maladie des films d'auteur du XXIème. Que ce soit au montage ou à la plume, avant ou après le tournage, chers metteurs en scène, il faut toujours que vous forciez la main sur une idée plutôt que de dizaine par plan.
Dans ce cas, c'est la volonté de misérabilisme. De vouloir détruire, après la séquence pique nique, toute possibilité d'amour et de métamorphose. Pourquoi pas... Mais le scénario n'a alors plus aucune tension. On sait que c'est la fin, que tout ira de pis en pis, et on s'ennui alors de plus en plus. On avait compris.
Imaginez une fin ou se révèle le bluff de l'avocat... le copain et sa femme dans cette appartement en ruine contemplant le palais de Dieu à la place de sa maison... Les voitures de luxe sur le parking... Et l'hésitation du personnage à faire ce qu'il avait promis "s'il y construit un palais, je le brûlerai"...
La force de la mise en scène avec son sujet était selon moi, dans le rapport des images à présenter cette nature sauvage et agressive, la mer et la terre du Léviathan et de la trace que tout laisse, érosion naturelle, passage des animaux, les humains dans leur environnement en fonction des choix qu'ils ont fait... L'histoire laisse des traces partout. Le caillou dans l'eau laisse des ronds... une baleine échouée sa carcasse... le bidon rouge du dernier plan... la poussière de la voiture sur la roche dans un des premiers, repris d'ailleurs à la fin mais couvert de neige... Il s'agit de la trace. La trace du mal laissé ? Oui mais éphémère... Trace éphémère. Il faut être là pour l'avoir vu sinon, ça disparaît comme une image de cinéma... on se rappelle, mais ce n'est plus là.
Dans cette logique il y avait plus de sens à détruire la maison, les adieux des copains pas prêt de se revoir (la photo serait plus triste encore), et cette église dans le fond, au travers de la fenêtre de cet appartement nauséabond, et alors la routine qui reprend. Les poissons, les porcs qui mangent, et lui, seul dans le froid à réparer la voiture gratuitement de Pacha.
La rupture avec le quotidien est dommage, car elle était pire. La trace disparue de sa maison sous l'église était plus en rapport avec la proposition de départ. C'est dommage. Le film aurait été moins long et ennuyeux, certainement plus terrifiant.
Ne pas laissé la possibilité à son personnage comme à Job de cesser de se torturer est assez cruelle et peu intéressante.