Une sublime luminosité de bord de mer russe installe le glauque pour un bon moment. Un morceau symphonique au tout début, un morceau symphonique à la toute fin, c’est le seul accompagnement musical (à moins qu’il n’y en ait eu entre les deux, et qu’il se soit retrouvé dissout dans le glauque). Entre les deux, un malheureux fait face, sans savoir-faire, à la corruption, à l’infidélité, à la trahison, et surtout à l’alcool. Il y a de petites joies de-ci de-là, mais elles sont d’un triste ! L’alcool est le héros de ce film d’horreur, le prédateur qui disloque sans distinction. On a l’impression de visiter tous les recoins d’une déchetterie pour en faire un documentaire. Pas une seconde d’humour, pas un oiseau, pas un arbre, juste une baleine au loin, à la fin, qui plonge, signe que la vie est ailleurs. Du début à la fin, la justice, raide comme la justice, s’abat sur ce malheureux. Le pire est en effet que la justice n’est pas inexistante, qu’elle est même très élaborée, et qu’elle verrouille les choses comme il faut, preuve qu’on n’est pas dans une déchetterie, ni dans un pays pourri sans roi ni loi, qu’on est bien dans une société sophistiquée. Une société qui manipule même le religieux. Car du début à la fin, le religieux est là, aussi raide que la justice, avec qui il partage le bétonnage du malheur, à grands coups de discours bibliques et néo-bibliques. Un bulldozer détruit la propriété du malheureux à la fin, d’une façon qui lui donne vie à ce bulldozer, animal d’acier qu’on aimerait voir ensuite s’animer et se retourner contre le mal. En fait, on déraille, on en a marre, on est pris à la fin d’une envie irrépressible d’une grosse cuillère à soupe de miel pour s’adoucir les méninges. Cette fin qui ne dit même pas le pourquoi-comment du chantage, de la trahison, du meurtre, etc, où tout est à imaginer, ce qui est beaucoup trop quand on cherche surtout à oublier qu’on a vu ce film.