Le portrait de la société russe dépeint par Andrey Zvyagintsev dans Léviathan est si affligeant qu'on peine à croire en la véracité d'un tel contexte. Et pourtant, en Russie comme ailleurs, quand les hommes se voient poussés dans leurs derniers retranchements, tant par la corruption que l'alcoolisme, on dirait bien que tout devient possible. La profondeur des paysages, de par leur étendue et leur beauté, apporte un tel contraste vis-à-vis du drame qui traverse la famille dont on suit le parcours, famille acculée par une société qui ne les reconnait pas et n'offre que trop peu de possibilité d'évasion. Ne restent que l'alcool et le sexe pour se tirer un peu de cette misère, le temps de reprendre son souffle et d'affronter à nouveau la froideur du bloc administratif qui s'impose à chaque tentative de pas en avant. Léviathan est un film de plomb, lourd de sens et de dénonciation.
Léviathan, film noir et désespéré, nous plonge dans une Russie provinciale contemporaine gangrénée par la corruption. La mise en scène est fluide, la photo splendide, offrant des séquences magnifiques comme cette scène finale terrifiante où l’on assiste à la destruction quasi en temps réel de la maison du personnage principal. Le film a reçu le prix du scénario à Cannes mais aurait pu tout aussi bien recevoir le prix de la mise en scène.
Leviathan est un film courageux, esthétiquement travaillé, et aux décors sublimes, mais dont les éléments de scénario inégaux empêchent ce dernier de transcender son propos. Le rythme imposé est lent et rend le temps terriblement long. Dommage, Zviaguintsev semble avoir du talent, mais semble en garder un peu sous la semelle.
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1,0
Publiée le 18 octobre 2020
L'histoire est simple et peut être racontée en trente minutes et je ne comprends pas ces plus longs tournages et ces actes dépressifs pour rien. Le paysage est spécial et les gens vivaient dans une vie si désordonnée. Je peux comprendre l'isolement, la bureaucratie, le pouvoir, le gouvernement avec leurs astuces mais il n'y a pas besoin de moments aussi ennuyeux avec des visages d'acteurs qui ne me montrent rien. Je peux comprendre en trois secondes maximum ce qu'ils pensent mais il n'est pas nécessaire de rester quelques minutes dans le même cadre dans la même position et dans le même sentiment. Ce film a créé l'idée que les Russes savent simplement comment boire de la vodka et vivre comme des solitaires sans motivation ni espoir dans leur vie. Léviathan est film ennuyeux et très décevant...
Il est certain que l'office de tourisme russe n'a sans doute pas sponsorisé le film! Certes les paysages filmés peuvent dans leur désolation parfois faire rêver, certes cette maison au bord de l'eau est magnifique, mais le règne de l'arbitraire sur fond de portrait de Vladimir Poutine, cela n'est pas sans rappeler les débordements du précédent quinquennat... En tout cas, on se dit qu'il y a du chemin à faire pour mettre en place un processus démocratique. Que Depardieu revendique son amitié avec Poutine me laisse songeur après avoir visionné ce film.Oui, le recours à la justice est possible, oui les lois existent et un avocat peut s'y référer, mais ensuite ? Ca, c'est pour le versant politique du film, qui nous montre comment l'exercice des pouvoirs politique, étatique, policier se déploie dans ce pays, comment l'expression de l'oeil de Moscou garde une actualité. A part ça, des problématiques familiales plus discrètes sont également abordées dans ce film, comme par exemple la place accordée par un fils à la compagne de son père veuf. Ou bien aussi combien la vodka est un breuvage d'utilisation quotidienne destiné à apaiser les tensions. L'ivresse semble être un état ordinaire en Russie. Une promenade ethnologique en somme.
Quel film splendide sur la Russie ou la présence écrasante de la Nature rends les êtres humains au point qu'ils se noient dans l'alcool et dans la violence - comme exutoire de l'exercice d'un pouvoir destructeur . Une bonne introduction à la haine que l'on peut avoir de cette Russie corrompue . Je ne serais pas étonné que le film une fois située Ussiev, le réalisateur se retrouve avec une balle dans la tête car il attaque de plein pied l Église Orthodoxe Russe , complice de tous ces crimes de la nomenclature russe. Je ne l'espère pas. Mais je serais lui le réalisateur je partirai pendant un an de Russie. Un très grand film - sur le désespoir d'être et de vivre en Russie qui se confond à celui d'être humain. Bravo!
Une tragédie un peu pompeuse mais très puissante et bien aristotélicienne dans les règles de l'art par le Russe Andrei Zviaguintsev. Malgré toutes ses qualités, elle n'égale cependant pas le chef-d'oeuvre qu'est "Le Retour".
Comme pour Elena et Le Retour, les deux précédents films du réalisateur que j'ai pu voir, on sent une grande maîtrise dans la mise en scène et dans l'évolution des personnages. Mais comme pour ces 2 films aussi, ça ne m'a pas passionné. Peut-être est-ce ces très beaux paysages qui sont tout aussi déprimants. Peut-être le rythme assez lent ou les situations désespérantes. Surement un mélange de tout ça. On voit le talent, mais il reste sur l'écran et n'ai pas venu jusqu'à moi
J'ai enchaîné ce film après Winter Sleep et indéniablement les deux se font écho. D'un côté on a l'absurdité du monde, la situation qui n'évolue pas malgré les apparences. Et là c'est la société en décadence. Dans des paysages magnifiques il faut le dire. C'est froid, glacial même, austère et impitoyable, un peu comme ceux de Winter Sleep encore mais différemment. Puis bon cette chute aux enfers, ce pessimisme totalement assumé c'est ce qui fait vraiment la force du film. Après il y a cette manière de filmer, déjà une femme aussi belle, et puis l'homme face à la puissance, à la démesure, de la nature forcément mais des événements. Il y a aussi quelques longueurs, et c'est pas aussi magnifique qu'on veut le faire croire mais c'est quand même beau et puissant. Rien que pour ça le film mérite largement le coup d’œil.
C'est de la vodka frappée , gigantesque , monstrueux , russe. Titre magnifique qui d'office dresse le cadre biblique , symbolique ,tragique .Musique qui emporte , paysages et personnages qui nous renvoient aux contes de l'enfance entre frayeur et magie . Oui c'est comme de la vodka :on se prend une gifle! soit on vomit ,soit une autre dimension s'ouvre: une lucidité magique, claire et glacée!