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Christoblog
835 abonnés
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4,0
Publiée le 27 octobre 2015
Dans la veine réaliste anglaise, si féconde, il manquait un chaînon violent et noir, quelque chose qui soit plus brutal et désespéré que tout le reste. Catch me daddy, de Daniel Wolfe, est un prétendant idéal pour ce rôle.
Au début du film, on ne comprend pas trop ce qu'on voit : des hommes de main qui filent dans des directions qui nous échappent. Le scénario s'amuse à nous jouer des tours : naïveté des deux tourtereaux, suspense gentillet autour de la caravane, éclairs de violence insoutenables. C'est très déstabilisant.
Le film est sec, frigorifiant, parfaitement maîtrisé. En prenant le parti de montrer les relations ethniques (pakis contre anglais pure souche) à travers le prisme d'un thriller hyper-violent, Wolfe réussit un coup de maître, à la fois sur la forme (quelle belle utilisation des gros plans) que sur le fond (la violence renvoie les deux parties dos à dos).
La fin est glaçante, et frustrante pour certains, je peux le comprendre. Elle m'a ravi.
Quelques scènes fortes sinon, on s'ennuie ferme. On a du mal à s'attacher à ces personnages ou même à se préoccuper de leur sort tant cela parait "too much"
Dans ce premier film, Daniel Wolfe instaure un mystère silencieux... qui ne fait pas mouche. Le spectateur éprouve un total désintérêt vis-à-vis de l'intrigue et de ses protagonistes en fuite. Malgré un dernier quart d'heure éprouvant, Catch me Daddy est au final un film de genre terriblement convenu avec un dénouement qui fait peine à voir. A éviter. Pour en savoir plus, lisez notre critique complète sur :
Laila fuit son père pour une raison que l'on ne saura jamais. Réfugiée dans le fin fond du Yorkshire avec son petit ami, elle mène une petite vie tranquille jusqu'au jour où des hommes de main envoyés par son père la retrouvent. S'ensuit une course-poursuite effrénée et violente qui ne laissera personne indemne... S'il met du temps à commencer et à mettre en place tous les éléments de la poursuite, ''Catch me Daddy'' ne manque pas de fasciner par la façon dont l'histoire est amenée et dont elle est toujours mise en scène nerveusement. Ici, la psychologie ne compte pas, ou très peu. C'est l'action qui compte. La fuite, la course, le meurtre, voilà de quoi est fait le film qui dégage une belle énergie, rythmé par une bande-originale se fondant parfaitement dans le récit. En filmant les trognes de ces personnages en gros plans, les réalisateurs installent rapidement un univers où l'espoir et l'amour ne semblent pas pouvoir exister. Habile et prenante, la course-poursuite qui fait le film se finit malheureusement de manière abrupte, comme si l'action comptait plus que la résolution. Et c'est bien dommage.
Même si son retour semble s'amorcer petit à petit, le genre Western, le vrai, le pur, a disparu de nos écrans pendant de nombreuses années. Cela n'empêchait pas de voir apparaître de temps en temps des films qui s'apparentaient au genre, quand bien même ils avaient été tournés à des milliers de kilomètres des paysages grandioses de l'ouest américain, au Kurdistan, par exemple (My Sweet Paper Land). Et puis, après tout, le Western n'est jamais très loin de la tragédie classique, de Corneille, de Shakespeare, et s'apparente donc à la tragédie grecque. En tout cas, pour leur première réalisation, les frères Daniel et Matthew Wolfe nous font cadeau de "Catch Me Daddy", un beau western shakespearien tourné dans le Yorkshire, présent à Cannes 2014 dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs. Ce film prouve qu'on peut passer sans problème du monde du clip à un premier long métrage qui combine le réalisme social de Ken Loach au monde sans pitié des westerns de Sam Peckinpah. Le cinéma britannique peut rajouter les noms de Daniel et Matthew Wolfe à sa liste déjà longue de réalisateurs de talent.
Daniel Wolfe signe là un premier film d'une grande maturité. Dans cette impitoyable chasse à l'homme (à la femme, plutôt), la photographie est parfaite, à l'image de sa jeune actrice principale très prometteuse : Sameena Jabeen Ahmed. Dommage que le début soit un peu long et que la fin soit un peu trop "ouverte" pour certains.