Triste Sire (que). Ah, les cirques, ces merveilleux endroits où l'on peut voir des animaux tourner en rond dans leur cage ou autour d'un piquet sous les bruits des marmots, et chaque soir forcés de répéter les mêmes tours pour un public qui les applaudit... Et encore, on ne parle que de ceux qui respectent la charte "bien-être animal" (sur laquelle on aurait "deux-trois" choses à redire). Alors, quand Disney s'attaque - après Dumbo - au monde du cirque avec ce film tiré de l'histoire vraie d'Ivan, le gorille à dos argenté acheté aux braconnier par un homme qui en a fait l'attraction principale de son cirque animalier, on voudrait que le message soit fort, puissant, émouvant, pour que le jeune spectateur se demande vraiment où se trouve la place d'un animal : dans une cage, ou dans la Nature ? Malheureusement, sur la force du message, Le Seul et unique Ivan reste un peu trop timide pour marquer les esprits au fer rouge, mais on comprend tout de même le fond de sa pensée (ce qui est déjà un bon début). L'attrait du film repose alors sur son casting vocal en VO (Sam Rockwell, Danny DeVito...) comme en VF très honorable (pour les francophones, vous trouverez des voix bien connues comme Adrien Antoine, Damien Ferette, Laura Préjean ou Fred Testot), une animation soignée (on croirait des vrais animaux, sauf lorsqu'ils bougent rapidement, où l'on ne peut s'empêcher de remarquer le trucage), un bestiaire amusant (la petite troupe est drôle), et une histoire profondément attristante. Celle d'une vie en prison dans un centre commercial, dont même le public a fini par vouloir mieux pour sa vedette, et celle-ci de finir
en parc animalier
(ce n'est pas encore la vie sauvage, mais tout de même mieux que la cage lugubre d'Ivan que l'on voit dans le générique). Les gags sont pour les petits (le chien qui pète, l'otarie qui parle à sa balle...), les personnages manquent de profondeur (Bryan Cranston est comme toujours au top, mais on aurait aimé un Monsieur Loyal moins vite brossé, de même que ses assistants et la fillette résumés en une ligne) et un message tellement lissé qu'il est difficile d'en être percuté (ce que l'on évoquait). Comment, en effet, se dire que les animaux sont malheureux et justifier leur envie d'évasion quand on ouvre sur un spectacle où les animaux sont tout sourire, sont dans de grandes cages avec des arbres et jeux, ont leur tranquillité en coulisses privées, ont un propriétaire qui les adore et rentre dans leur cage pour les câliner, n'ont pas à subir les transports... Clairement cela ne représente pas la réalité, pire, on croit que les animaux ont tort de vouloir partir de ce palais où ils semblent dégouliner de bonheur. Un vrai monde des Bisounours. Heureusement, malgré l'immense maladresse du discours engagé (rapidement) en faveur du bien-être animal, on prend du plaisir à suivre Ivan et sa troupe farfelue, surtout avec une bonne animation et un joli casting vocal (pour notre part, on s'est régalé de la VF). Pas aussi mordant que prévu, mais sympathique.