Michael Apted fait partie de ces réalisateurs dont les meilleurs faits d'armes sont visiblement derrière eux mais qui continuent de rôder inexplicablement dans le paysage cinématographique actuel malgré leur grand âge.
Néanmoins, "Conspiracy" pourrait bien être le film synonyme d'un départ mérité à la retraite tant on se rend assez vite compte qu'on est en présence d'un des thrillers les plus idiots de l'année 2017.
Pourtant, s'il est on ne peut plus basique (ne plus rien attendre d'original de la part d'Apted), le début de "Conspiracy" n'est pas tellement honteux : une menace d'attaque bactériologique terroriste oblige une agent de la CIA encore traumatisée par un drame dont elle se croit responsable à reprendre du service dans un Londres où, pour une fois, le caractère cosmopolite de la ville n'est pas oublié. Sans faire d'étincelles, le film se laisse suivre pendant ses premiers instants et réserve même un petit twist pour mieux impliquer son héroïne dans toute cette affaire où les traîtres vont proliférer comme des orties.
Mais, ça ne va hélas pas durer, dès que celle-ci se retrouve engagée dans une course contre la montre pour arrêter la menace terroriste en ayant toutes les agences d'espionnage à sa poursuite (non, non, elle ne s'appelle pas Jack Baueuse, hein), "Conspiracy" part dans un n'importe quoi général tirant sur toutes les ficelles les plus datées et les plus risibles.
L'identité de la taupe principale (et donc rebondissement final du film, c'est embêtant) est grillée au bout d'une demi-heure à cause d'une mise en scène (dans tous les sens du terme) absolument ridicule et à laquelle il n'y a bien que l'héroïne qui accorde une once de crédibilité (à l'avenir, on conseillera aux agents de la CIA de suivre une formation en cinéma pour découvrir les clichés débiles entourant ce genre de révélation d'une autre époque, ça gagnera du temps).
Alors que l'on commence déjà à rire nerveusement, l'apparition lunaire du personnage d'Orlando Bloom vient en remettre une couche. Mauvais comme un pou recalé du cours Florent, l'acteur interprète un rôle de cambrioleur/ex-soldat/beau gosse auquel l'héroïne accorde inexplicablement sa confiance en un clin d'oeil pour l'embarquer sans aucune méfiance avec elle dans la suite de ses aventures, on a vu des agents de la CIA un peu plus malins et suspicieux...
À ce stade, vous l'avez compris, "Conspiracy" n'a déjà plus rien de crédible et seule la conviction d'interprétation de Noomi Rapace nous permet encore de regarder ce triste spectacle d'un oeil. La suite des évènements ne s'arrangera pas, la menace d'attaque terroriste n'aura plus grand chose de justement menaçant dès lors que l'on en a compris tous les tenants et aboutissants à l'avance (et les terroristes du film ne sont pas les plus doués de la planète vu qu'ils ne pensent même pas à fermer une porte à clé lorsqu'ils font joujou avec un virus mortel), les batailles de soupçons entre les différentes agences ne seront que les vecteurs de baillements polis et le duel final plus qu'attendu n'aura pour conséquence que de nous faire pousser un ouf de soulagement devant ce bidule déjà oublié avant même son générique de fin.
Si l'on excepte Noomi Rapace (la seule qui semble y croire), ce genre de film a l'air de faire vivre tout un tas d'acteurs (Michael Douglas, John Malkovich, Orlando Bloom) qui ne se cachent même plus de ne rien en avoir à faire d'être là sinon de toucher un cachet conséquent. C'est bien mais pas sûr que le cinéma ait été envisagé d'abord comme une espèce d'oeuvre caritative dégénérée pour acteurs vieillissants en pilote automatique. Ou pour des réalisateurs au bord de la retraite... et peut-être même de la sénilité, on hésite. Vous en pensez quoi, Michael Apted ?