Bah écoutez… je comprends tout à fait qu’on puisse être un peu déçu de ce "Conspiracy". Pourquoi ? Parce que la bande-annonce semblait promettre un film d’action sur un scénario relativement simple plus ou moins d’actualité : infiltration des services par des terroristes en vue d’un attentat à Londres… Mais en fait, le scénario est bien plus tarabiscoté qu’il n’y parait. Peut-être un peu trop. Car les ultimes rebondissements paraissent quelque peu ridicules, jusqu’à ce que le spectateur se voit expliquer les motifs de ces agissements. Du coup, le scénario passe du statut de ridicule à celui de… tordu. Tordu et somme toute peu concevable, bien que l’idée soit une piste intéressante à étudier, notamment par nos dirigeants politiques. Oh ! je sais bien que ça reste du cinéma, mais quand on choisit de s’attaquer à quelque chose d’actualité (en l’occurrence le terrorisme), autant le faire avec un minimum de crédibilité. Car la construction dans l’enchaînement des faits ne convainc pas complètement le spectateur. Avant de voir l’improbable association de personnes très différentes (vrais/faux islamistes extrémistes et vrais/faux agents occidentaux) dont je vous laisse juger à votre guise, ça commence par le rappel d’Alice Racine, ex-interrogatrice de la CIA. Un rappel improbable parce que j’estime qu’une agence telle que la CIA ne dispose pas seulement d’un seul et unique interrogateur, pour le coup mort… D’autant plus improbable qu’Alice est a priori grillée, traumatisée par les conséquences d’une affaire précédente. Une direction prise pour les besoins du scénario, mais bon ! Pourquoi pas, après tout ? Sans doute sont-ils partis du principe que les conspirateurs ont jugé cette personne hors du coup en comptant sur une perte substantielle de réflexes due à sa période d’inactivité à ce poste. Seulement voilà : quand on est formaté, on l’est durablement. Jusqu’à la moelle. Souvenez-vous de Jason Bourne ("La mémoire dans la peau")… Alice Racine se rapprocherait du personnage phare de la saga ? D’une certaine façon, je crois qu’on peut dire ça, bien que le contexte soit différent. Sauf qu’il manque un je ne sais quoi pour rendre ce "Conspiracy" aussi prenant. Non pas que le casting, prestigieux, ne soit pas à la hauteur. Au contraire, Noomi Rapace incarne à la perfection les capacités qu’un agent doit avoir pour mener à bien sa mission sur le terrain : engagement, abnégation, incorruptibilité, vivacité d’esprit, audace, et j'en passe. Dans ce rôle, elle se montre intensément féroce ! Et il le fallait face à la froideur implacable de Wilson (Philip Brodie), au soutien en trompe l’œil de l’un
(Jack Alcott, interprété par un surprenant Orlandi Bloom au visage marqué)
, et à un réseau tendu par l’autre
(Michael Douglas dans la peu d’Eric Lash dont on soupçonne qu’il a un rôle majeur dans cette conspiration lorsqu’il hurle l’adresse à Alice)
. Et même si John Malkovich incarne une sorte de flegme britannique avec un chouia d’humour pince sans rire assez fin et caustique, au final "Conspiracy" est un assez bon film finalement assez ordinaire. Le seul avantage est qu’il met en avant une héroïne, ce qui n’est pas si fréquent dans un thriller d’espionnage. Cependant, ni ce concept, ni le casting de grande classe ne suffisent à le rendre inoubliable.