Paterson est une ville de la New Jersey où on arrive après quarante minutes de métro dès Manhattan. Là, chaque matin, un homme qui s'appelle Paterson aussi se lève autour de six heures et quart pour conduire un bus urbain. Pendant ses pauses, cet homme profite pour écrire de la poésie dans son cahiers, inspiré par le poète William Carlo Williams,
Jarmusch prend comme point de départ le longue poème Paterson, du déjà nommé auteur, pour son nouveau film. La particularité de l'oeuvre de Carlo ne sont que les caractéristiques et actions humaines attribuées à la ville comme si elle était un être humain. Émerveillé par ce fait, le réalisateur décide de jouer avec cette dualité ville-homme pour créer une des grands noms du cinéma du XXIe siècle: le chauffer-poète qui partage son nom avec l'endroit où il est né.
Adam Driver joue un homme simple de vie ordinaire. Du lundi au vendredi, il se lève, il conduit son bus, il écrit, il promène son chien, puis il prend une bière et il se couche. Le protagoniste est un type courant, anonyme est invisible, même pour les passagers qu'il transporte. Malgré tout, Jarmusch réussit qu'il devienne en héros de la classe ouvrière, à la hauteur du Stan de Killer of sheep ou l'Ivanhoe de Tout, tout de suite. Dans un environnement si banal à nos yeux, qu'une personne si humble soit capable de transformer une boite d'allumettes en poésie suppose une gifle dans la gueule des snobs qui dominent le monde des arts aujourd'hui. Ces gens qui Jarmusch a déjà parodié les représentant comme vampires dans son précédent film, Only lovers left alive.
Même s'il accepte son étiquette de bobo new-yorkais, le cinéaste est né dans un quartier industriel d'une petite ville dans l'Ohio. Si on prend sa filmographie laissant de coté tout les références mélomanes dignes d'un sybarite, on verra que dès son début Jarmusch a toujours représenté la classe ouvrière: des sales cul-de-sac à New York blindés des gens qui n'ont rien à perdre, montrés dans Permanent vacation; une jeunesse grise dans Stranger than paradise, des jeunes vingtenaires qui galèrent décrits en réponse au mirage de la société crée par l'arrivée de la chaîne télé Mtv aux foyers des États-Unis; les passages de Night on Earth aux coins cachés et pas-si-idylliques des points touristiques les plus fréquentés à New York, Los Angeles, Paris et Rome; les ruines de la ville de Détroit une fois que la splendeur d'une époque industrielle est disparue, montré dans Only lovers left alive; le hip-hop improvisé par les gangs dans Ghost dog; les immigrés qui de battent pour trouver leur place; les garages plein de graisse; les câbles et les poteaux télégraphiques...
Au-delà de ses goûts, Jarmusch s'est toujours montré cohérent avec ses origines et il n'y a pas de doute que Paterson est un hommage à toutes ces villes de travailleurs fouettés par la situation économique actuelle. Le ton reposé et la luminosité du film font de cette ville une bulle de paix dans une Amérique qui avance vers l'obscurantisme. Trump lui-même a affirmé avoir vu des musulmans sortant fêter les attentats su WTC le 11 septembre à Paterson. Jarmusch isole ces noyaux de population dans une capsule où l'intoxication des médias et des hautes classes économiques et politiques n'a aucun effet. Non seulement le protagoniste est capable de voir la beauté de l'endroit, sinon que l'endroit décrit par le cinéaste provoque qu'une vie monotone qui suit légères variations grâce aux curiosités des gens devienne un bel objet.
L'homme n'est pas seul, car ses voisins sont aussi des poètes, soit la gamine qui commence à écrire, soit le rappeur qui crache ses rimes dans la laverie. Le patron du bar avec un mur dédié aux personnalités de la ville ou les amants qui se disputent au point de devenir une sorte de Roméo et Juliette. Mais aussi la copine enthousiaste -un rôle trop petit pour une femme comme Golshifteh Farahani- qui ne lâche pas son créativité et son envie de rendre plus beau son entourage malgré ses échecs.
Un film formidable et optimiste qui défend la pureté d'une création artistique loin de tout artifice. Un film qui encourage à s'exprimer face à l'adversité. N'importe quand. N'importe où: Paterson.
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