Après les mémorables Incendies, Prisonners, et Enemy, le canadien Denis Villeneuve revisite le thriller narcotique et politique avec son Sicario (Hitman dans le jargon mexicain), en traitant à la fois du milieu des cartels de la drogue mexicains et de la question de l'immigration clandestine. A travers un synopsis simple mais efficace, à savoir la mise en place d'un groupe de choc composé d'agents de la CIA (avec à sa tête un Josh Brolin toujours convaincant, en véritable mercenaire), de marshalls têtes brulées, et d'un ex-procureur mexicain devenu le bras armé vengeur de cette organisation (campé par un Benicio del Toro mystérieux et flippant par moment), pour faire chuter un gros cartel local à Juarez. Kate Macer, agent prometteuse du FBI est "recrutée" pour rejoindre ce groupe de mercenaires. Et c'est là le grand attrait du film, puisque ce personnage joué par Emily Blunt, qui s'impose de plus en plus par son talent, permet au spectateur de rentrer en pleine immersion dans l'intrigue, de par la tension ressentie, des questions posées sur l'avancée progressive de cette "mission". On vit avec elle chaque moment intense, on a peur avec elle, on perd nos repères comme elle, et on se pose les mêmes questions.
La scène de l'entrée puis de Ciudad Juarez en est un parfait exemple d'intensité quasi étouffante, où le danger est ressenti à chaque seconde.
. Denis Villeneuve prend le parti de faire de Kate Macer un véritable témoin, et réussi son entreprise.
Certes, le petit bémol réside dans le manque de tenants et aboutissants quant à la légitimité de l'action de ce commando,
même si la finalité est de permettre d'assouvir une vengeance personnelle d'un des personnages principaux.
, laissant un goût amer, mais c'est certainement le but recherché du réalisateur. Comme si, à l'instar de Kate Macer, on se sentait utilisé et mis finalement sur la touche, pour une cause qui nous échappe. Paradoxalement, c'est bien la grande réussite de ce film, nous identifier clairement à l'héroïne, au travers d'une réalisation bien maîtrisée, parfois suffocante.