«Party Girl» c’est avant tout un choix radical de traitement. Celui d’un cinéma-vérité qui renvoie directement à ce qu’ont pu faire Cassavetes, voire Pialat.
Basé sur un scénario inspiré de la vraie vie de son héroïne, Angélique Litzenburger, «Party Girl» narre la tentative de passage d’une vie à une autre.
A l’aube de ses 60 ans, Angélique décide de changer de vie, laisser derrière elle ce passé fait de nuits blanches à travailler dans les cabarets, à séduire les hommes.
Les trois coréalisateurs (dont le fils de l’actrice principale) ont pour cela décidés de laisser une grande part à l’improvisation. A ce titre, le film, qui semble être tourné dans sa continuité ( ? ) reflète ce procédé.
Si on semble encore tâtonner dans l’interprétation lors des premières séquences, cette sensation disparaît très vite pour laisser place à une docu-fiction proche d’un néo-réalisme hyper prenant.
Les acteurs, entre non-comédiens, et vrais membres de la famille de l’actrice et d’un des réalisateurs, donnent dans une juste mesure la force nécessaire aux personnages qu’ils interprètent. Et si l’improvisation tient une place importante tout au long de l’histoire, la justesse des dialogues et de la narration cadrent l’ensemble dans un récit à la touche dramatique envoutante. La réalisation, elle, plutôt banale et répétitive (cadres serrés et peu justifiés) n’égratigne en rien la force d’un récit qui ne souffre jamais d’une curiosité déplacée. Les coréalisateurs évitent ainsi de poser un regard stéréotypé avec un penchant populaire.
Là où Angélique concentre les forces du film c’est dans sa propension à nous parler du désir et de la liberté ; la sienne comme celle des membres de sa famille, avec pour lien, le mariage qui finalement réunira plus de deux êtres.
Ce portrait de femme à « l’accent vérité » finit donc par nous toucher et évite la principale faute dans laquelle ce genre de récit peut plonger, celle du voyeurisme.
La conséquence d’une interprétation laissée libre, en grande majorité par des scènes où l’improvisation est l’articulation majeure. Si certaines erreurs ne sont pas évitées (une empathie trop présente par certains moments), «Party Girl» livre une jolie proposition de cinéma, différente et dans la continuité de ce que certains grands réalisateurs avaient déjà fait. A défaut d’être au même niveau, nous sommes loin d’une copie factice et l’essai vaut d’être salué par les accents de vérité et les notes touchantes que le film, et surtout Angélique Litzenburger, nous donnent avec générosité.