Caméra d’or au dernier festival de Cannes, Party girl est un film réalisé par trois jeunes cinéastes prometteurs : Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis.
Ces trois là se sont rencontrés sur les bancs de la Femis, éminente école parisienne de cinéma, particulièrement prolifique ces temps ci. Ils sont unis par le même amour du cinéma et des visions communes. Liés par une profonde amitié et une intimité dont ils ne se cachent pas, ils se sont lancés avec Party Girl dans une aventure particulièrement audacieuse. Le propos initial est d’adapter au cinéma les aventures réelles d’Angélique Litzenburger, qui y interprétera son propre rôle et qui s’avère être la mère du réalisateur Samuel Theis.
Angélique est une femme de la nuit, entraineuse de cabaret depuis toujours. Ce monde n’a plus aucun secret pour elle : les cabarets de sa ville, elle les connaît. Seulement, la soixantaine arrivant, Angélique décide, à la grande surprise de son entourage, de se ranger pour s’offrir une vie plus paisible, plus « normale ». Michel, un client habituel sera le prince charmant à la main duquel elle prendra son envol.
Les différents participants du film, à commencer par Angélique, sont tous campés par les membres de la famille de Samuel Theis, à l’exception de Michel (qu’interprète magistralement le comédien Joseph Bour), marquant ainsi le film d’un réalisme quasi documentaire alors qu’il est aussi une fiction très scénarisée. Evidement intime et personnel, le film touche par son authenticité. Samuel Theis, et ses deux acolytes, parlent d’un milieu qu’ils connaissent bien avec justesse, empathie, sensibilité.
Doit-on néanmoins s’associer à tout concert de louanges ? Si le film demeure attachant en ceci qu’il est original et exhibe de réelles qualités, l’emballement général de la critique ne serait-il pas pour le moins superfétatoire ? Le parti-pris revendiqué du « docu fiction » ou du cinéma naturaliste aurait dû, avec de telles bonnes idées, prendre une autre ampleur. La façon dont est dirigé le rôle d’Angélique manque de densité et de profondeur, et c’est peut être là que réside un des « hics » du film. Malgré le charisme de la femme, il est difficile de s’émouvoir et de compatir au personnage.
Au regard des réelles qualités de mise en scène des trois réalisateurs, de la justesse du regard qu’ils posent sur la fille cadette, placée en famille d’accueil, ou sur le personnage du mari d’Angélique, nous aurions pu avoir à faire à un grand film. Mais il faudra nous contenter d’un agréable premier film qui, malgré ses imperfections, laisse à penser un bel avenir pour ce trio de metteurs en scène.