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    Les maîtres chanteurs de Nuremberg (Pathé Live)
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    twingolot
    twingolot

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    4,0
    Publiée le 28 janvier 2015
    Au-delà de son monumental Ring, de son divin Parsifal ou du révolutionnaire Tristan, le véritable chef-d'oeuvre de Wagner ne serait-il pas ces fameux maîtres chanteurs ? S'il s'agit de l'opéra de Wagner que j'aime pour l'instant le moins, je suis forcé d'admettre que l'oeuvre est autrement plus dense qu'elle n'y paraît, et de fait, moins évidente qu'un Lohengrin ou même un Tristan. Comme dans Lohengrin, Tannhäuser ou Parsifal, il est question d'une société sclérosée par ses règles mais pas que; comme dans le Ring ou dans Parsifal, il est question de renoncement à l'amour mais pas que, comme dans Siegfried et Parsifal, il est question d'apprentissage mais pas que... et on pourrait continuer la liste longtemps, car c'est sans doute le plus important condensé de Wagner que l'on puisse imaginer (c'est aussi son plus long opéra). Les maîtres chanteurs détonnent d'autant plus dans l'oeuvre de Wagner qu'il s'agit de sa seule "comédie", et pour tout dire d'un opéra "heureux" comme l'a très justement souligné Levine. Du coup, c'est sans doute l'opéra le plus facile à mettre en scène au premier abord (pas de changement scénique délirant à prévoir comme dans le Ring), et le plus difficile quand on s'y penche un peu plus ! La mise en scène d'Otto Schenck mise sur le strict respect des didascalies, et c'est donc bien l'opéra de Wagner et rien d'autre qu'il nous donne à voir. Il faudra repasser pour les explications de texte, mais force est de constater la beauté de cette mise-en-scène, tant au niveau des décors (la rue du 2nd acte et l'atelier de Sachs au 3e sont incroyables de précision), que des costumes (ça nous change de Bayreuth), ou tout bonnement de la direction d'acteurs (d'autant que tout le plateau est vraiment impliqué). On peut regretter un certain manque d'adrénaline dans le final du 2e acte (je n'ai en mémoire que la mise en scène de Wolfgang Wagner pour comparer), et un final sans aucune tentative d'ouverture (on suit le livret, point à la ligne ; Wolfgang Wagner pourtant avait très justement suggéré de réunir les frères ennemis Sachs et Beckmesser, ici Beckmesser disparaît presque sans explication). Pour ce qui est de la distribution, on est dans la quasi-perfection. Le David de Paul Appleby s'en sort bien, malgré un rôle assez ingrat je trouve (je ne parviens désespérément pas à m’intéresser à son discours du 1er acte, il faut dire que je n'y comprends rien à ces règles de chant - quand je dis que le père Wagner ne nous épargne rien en complexité), tout comme Karen Cargille en Magdalene. Le rôle d'Eva, tout aussi ingrat, est bien tenu par Annette Dasch aux 1er et 2e acte, mais elle déçoit grandement au troisième acte, peut-être parce-que submergée par les talents qui l'entourent... On a d'une part le fantastique Beckmesser de Johannes Martin Kränzle (en particulier sur le plan scénique, mais le chant aussi impressionne par sa dextérité), d'autre part un Walter de Johan Botha tout en retenue aux 2 premiers actes, et qui explose de grâce au 3e acte (à tel point qu'on imagine difficilement quelqu'un d'autre dans le rôle), et un Hans Sachs de référence en la personne de Michael Volle. Enfin, fin du fin, James Levine à la direction, même diminué, se révèle une nouvelle fois comme un grand chef wagnérien (lui que l'on pensait voir remplacé à la direction du MET), capable d'une précision remarquable, ne couvrant jamais le plateau, parfaitement attentif aux rythmes scéniques (un vrai chef de théâtre, et c'est exactement ce qu'il faut pour réussir des maîtres chanteurs). Sa direction est claire, tendre et joyeuse, et c'est une grande émotion de voir une maison d'opéra s'identifier ainsi à son directeur musical. Avec Levine au pupitre, l'adhésion du public est immédiate. Et le triomphe inévitable. Un très bon moment pour commencer l'année.
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