Encore de ces sempiternels films « inspirés d’une histoire vraie », cette fois, celle d’Iqbal Masih, qui avait été esclave au Pakistan et a été assassiné en 1995, à Lahore, à l’âge de douze ans, comme le dit le carton de fin, histoire dont on a d’abord fait un roman. Il avait été libéré à l’âge de dix ans, mais devenu militant, il gênait trop les rapaces du travail des enfants.
Ici, c’est un peu Oliver Twist qui serait tombé, non entre les mains de Fagin, mais des Thénardier, lesquels le séquestrent et, parce qu’on a découvert son goût pour le dessin, le forcent à travailler, en compagnie d’autres enfants, dans leur manufacture de tapis d’Orient – comme dans « Les mille et une mains », film marocain de 1973, totalement inconnu et qui a connu un insuccès noir
, mais là, c’était une petite fille qui trimait (j’ai rencontré l’un de ses interprètes français, un amateur qui livrait aux écoles du mobilier pour leurs classes). Donc le sujet a déjà été traité, quarante-trois ans auparavant, et plutôt mieux à mon avis
.
Le film a fait verser des flots de larmes attendries, encore faut-il noter qu’il est assez mal réalisé, que les images sont sommaires et animées piètrement, et que le seul dessin produit par Iqbal est plutôt laid. En outre, le discours exalté de la fin manque à ce point d’originalité qu’on croit que le film vient des États-Unis, alors qu’il est franco-italien. Le co-dialoguiste a déclaré qu’il avait voulu «–éliminer toute trace de dialogue apitoyé ou moralisateur, tout discours pompeux–». Raté ! Les bonnes intentions, dont je ne doute pas, ne suffisent guère.
Bref, je ne dénigre pas le personnage réel, mais le film, qui n’est ni beau ni émouvant, ne réserve aucune surprise.