La Face Cachée de Margo, du best-seller de John Green, est un film intéressant, agréable et ludique qui tente d’analyser la fin de l’adolescence de façon romancée. S’il passe très vite sur l’enfance, s’il escamote la plus grande partie de l’adolescence, il décrit avec un humour certain le dernier semestre d’un groupe de lycéens d’Orlando en Floride. Quentin, l’ado pas déniaisé, parfaitement interprété par un Nat Wolff convaincant dans son formalisme réservé, va devenir, au début à son corps défendant, le complice d’une vengeance, toute féminine et pleine d’une sournoise maturité, exercée par une Margo, magnifiquement incarnée par une Cara Delevingne au naturel irrésistible. Autour de ce duo vont progressivement se retrouver quatre autres personnages importants, Radar (Justice Smith), le noir timide, fidèle, Angela (Jaz Sinclair), Ben Starling (Austin Abrams), l’ami qui se rêve conquérant, envoûtant, sans avoir l’envergure pour endosser le costume du play-boy, voyant ses rêves se déliter à peine nés, et la charmante Lacey Pemberton (Halston Sage), aussi fine que jolie. Ce moment est émaillé d’amours juvéniles, d’émois d’adolescents, d’expériences inabouties, avortées, contrastant avec la sourde obsession d’une passion inextinguible malgré les ans. Hormis Margo, ils sont encore de jeunes gens qui jouent à se connaître alors que Margo, qui ose, qui assume, qui ne veut plus des règles du groupe prépare sa vengeance. Elle manipule, elle entraîne, elle déchaîne sa rancœur d’une façon aussi efficace que subtile. Voulant conquérir sa vie, elle s’évade de son univers trop étriqué, s’échappant de parents qui n’en peuvent mais. Lorsque Margo s’en va, les problèmes du lycée, de la classe deviennent ridiculement accessoires. Les cinq amis se serrent les coudes autour d’un objectif commun, retrouver Margo. Mais l’essentiel n’est pas là car au cours de ce vibrant road-movie initiatique, aux épisodes tour à tour drôles, tendres ou émouvants, ils vont progressivement découvrir ce qui fait la joie de la vie. Etre ensemble, avoir un seul but, être amis. Même si Quentin comprend que l’amour est plus important que le bal de fin d’année, plus important que sa voiture, plus important que l’amitié, il admettra, après un amer épilogue inattendu, que l’amitié résiste mieux aux affres de la vie.
Si l’optimiste happy end final est fort tempéré par la désillusion de l’épilogue, un peu Odyssée, un peu conquête de la Toison d’Or, ou du Graal, ce roman courtois remis au goût actuel, cette comédie romantique réussie peut enseigner à vaincre des peurs enfantines afin de réagir en adulte.