« La face cachée de Margo », deuxième adaptation d’un des romans à succès de l’auteur John Green après « Nos Étoiles Contraires », adapté une année auparavant. N’ayant pas lu le livre du film, je ne saurai pas les comparer et donc mon avis se base uniquement sur le long-métrage.
L’histoire est celle d’un jeune garçon plutôt timide nommé Quentin, qui termine sa vie au lycée; il est, depuis son enfance, passionnément amoureux de son énigmatique voisine, la ravissante Margo, son « miracle ». Un soir, elle l’entraîne avec lui dans une virée nocturne et vengeresse. Mais le lendemain, Margo disparaît… il semblerait toutefois que la jeune fille ait laisser des indices pour Quentin afin qu’il la retrouve, s’ensuit ensuite une grande aventure pour le jeune homme ainsi que pour ses amis.
Je tenais à dire que j’ai vu « Nos Étoiles Contraires », et je ne l’ai pas aimé; selon moi il était trop pathos, niais, et au final très surestimé. Je ne vais pas comparer ses deux oeuvres, car même s’il s’agit du même auteur, la morale et le message n’ont absolument rien à voir.
Je ne serai vraiment pas dire pourquoi j’ai voulu voir ce film, il m’a intrigué, d’une certaine façon; et puis c’est peut-être aussi pour le beau visage de Cara Delevingne. J’avais une après-midi de libre, alors j’ai sauté sur l’occasion. Et bien, je peux vous dire que j’ai été agréablement surprise par ce long-métrage !
Tout d’abord, le film s’appelle à la base « Paper Town », qui signifie littéralement « ville de papier ». Ce terme a été inventé par deux cartographes. Ces derniers ont inventé la ville d’Agloe, dans l’État de New York, en plaçant sur une carte cette ville fictive à l’intersection de deux chemins de terre dans le sud des Catskills afin de protéger leur travail du plagiat. Je vous explique ça car les « villes de papier » sont un élément essentiel du film et que je compte en reparler, c’est pour que vous sachiez ce que c’est.
Le film débute comme un teen movie assez classique, puis petit à petit, il nous entraîne dans un road movie vraiment sympathique. Pour commencer, le film est plutôt bien rythmé (même si j’ai senti une ou deux longueurs), il montre des scènes d’amitié
(avec le jeu de piste et les nuits de folie)
, tout en nous laissant une part de mystère concernant l’intrigue sur Margo. Bien que l’histoire se présente au départ simple et en grande partie réservé à un public d’ados, il saura, je pense, toucher un public plus large du fait de l’expérience vécue par le héros. Voilà, c’est un sujet qui parle, même si il est souvent utilisé. La mise en scène est jolie même si elle reste relativement classique. On peut noter la très belle lumière faite sur les scènes de nuit, rendant l’environnement mystérieux. Tout cela accompagné d’une bande-son plutôt plaisante, qui s’accorde parfaitement avec l’énergie du film.
J’aimerais maintenant parler des acteurs et de leurs personnages. Un point très important, car les personnages (en partie les deux principaux) sont directement liés au message et à la morale du film. Natt Wolff (Quentin) est épatant, toujours équilibré et juste dans son jeu. Je me suis attaché à ce personnage car j’arrivais, à beaucoup de moment, à m’identifier à lui. Ce jeune homme est fou amoureux de Margo, une fille rebelle, aventurière avec un look décontracté. Le duo fonctionne et offre une scène vraiment belle dans le building où ils dansent (Et c’est d’ailleurs là que la jeune fille évoquera pour la première fois « les villes de papier », cette signification qui petit à petit va avoir une importance capitale dans le film en construction). Le jeune homme est obsédé par Margo tout le long du film,
mais en mettant sans arrêt Margo sur un piédestal, le protagoniste se trompera totalement sur la véritable nature de la jeune femme.
Et c’est LÀ, que je vais enfin pouvoir parler de cette fin, que j’ai trouvée juste génial, enfin génial, dans le sens où elle est originale et très réaliste. Pour beaucoup, elle a été une déception, c’est normal, car au moment de la « vérité », on sait tous retrouvé à la place de Quentin, ont été comme lui. À ce moment là, l’histoire prend tout son sens et le dénouement est tellement bon que j’ai failli en pleurer.
Ça nous fait comprendre à travers le protagoniste qu’il y a toujours une différence entre la manière dont on s’imagine quelque chose et la manière dont ça se déroule réellement.
Et c’est peut-être le message essentiel de cette comédie aux allures de voyage initiatique :
se préserver des apparences pour mieux se recentrer sur ce qui importe vraiment.
Ici, je parle de la fameuse Margo, qui est vu tout le long du film comme un mystère, un « miracle », quelque chose de fantastique.
Margo est une personne insondable, ce qui permet à chacun de poser un regard différent sur elle, de se projetter une image de la jeune fille. Elle se donne un rôle tout en le subissant, et ça, l’actrice l’incarne avec grandeur.
Cara Delevingne est bluffante dans ce personnage
(pour le peu qu’on la voit d’ailleurs)
, surtout que c’est un de ces premiers rôles au cinéma, je commence à devenir fan d’elle. On sent à travers son jeu sensible la force attractive qu’elle opère.
« Cette jeune femme n’a jamais été perçue pour ce qu’elle est vraiment » explique l’auteur John Green au sujet de Margo,
et ça, l’actrice l’a bien compris.
Margo est une fille en papier, qui va vivre dans une ville de papier car elle se sent fausse. Et c’est là qu’on se rend bien compte de la réalité : C’est une jeune fille comme les autres, qui vit sa vie, et Quentin c’est complètement fourvoyer sur la situation. L’histoire prend tout son sens au moment où elle lui explique tous quand ils sont dans le bar. Et puis, quand Quentin s’apprête à retourner chez lui en bus, elle demande au garçon si il veut rester avec elle, et il répond, d’un ton serein, qu’il préfère rentrer chez lui. C’est un choix plus que normal et cohérent, car il faut savoir être raisonnable; et Quentin a bien raison, car comme on la appris au début du film, il a un avenir qu’il compte réalisé.
Et c’est à ce moment qu’on apprend aussi que le film n’est pas que l’histoire d’un premier amour, qu’on embellit à tort; c’est aussi l’histoire d’un apprentissage, d’un voyage, celui qui nous apprend qu’on a aussi sa valeur.
Celui qui nous apprend que l’autre existe aussi indépendamment de nous et de notre volonté.
On fait place au mystère et à l’aventure, en partie celle qui accompagne le passage à l’âge adulte. Le film explore les thèmes de la fascination amoureuse, contrebalancée par les liens d’amitié entre les personnages, ainsi que l’acceptation et l’affirmation de soi. Le résultat est étonnamment réaliste et exprimé de façon simpliste. Incluant une jolie morale, le réalisateur arrive grâce à ses personnages, à nous transmettre un message qui saura à coup sûr en interpeller plus d’un.
Pour conclure, « La face cachée de Margo » exprime un passage à l’âge adulte et la découverte de soi, forcée par les travers et difficultés du sentiment amoureux, sous forme de voyage initiatique teinté d’une pointe de mélancolie et d’un humour efficace (bien que parfois un peu poussif). Le film est saisissant, touchant, drôle, et surtout très humain. La fin m’a vraiment touché, je la trouve vraiment intelligente, en plus d’être originale comme je l’ai déjà dit. Malheureusement je ne pourrai pas comprendre ceux qui ne l’ont pas aimé car ses derniers ont probablement dû lire le livre, et pas moi. C’est une belle leçon de vie, que l’on a tous un jour connu, car on a plus ou moins rencontré ce genre de situation, ou que l’on connaîtra un jour. 4/5