Ah, ah, et bien, depuis Mega Python vs Gatoroid je crois que je n’avais pas vu un nanar volontaire aussi réussi que celui-ci. Raptor Ranch ou Dinosaur Experiment est dans son registre très spécial un vraie petite bombe que je conseille vivement en cas de morosité, car c’est du n’importe quoi décomplexé puissance mille !
Au casting un seul acteur que je connaissais personnellement, à savoir Lorenzo Lamas. Petit rôle, il ne fiche pas grand-chose, et heureusement qu’il n’en fait pas plus car c’est en général un acteur assez apathique qui manque sérieusement de punch et de conviction. Il faudra donc se rabattre en rôle principal sur la débutante Jana Mashonee. Chanteuse, elle met ici son physique plus que son jeu d’actrice au service d’une héroïne assez attrayante en fait. Clairement, à l’instar des autres interprètes, elle ne prend absolument pas son rôle au sérieux, et joue continuellement la carte du second degré, ce qui fait très bien passé son jeu hautement approximatif (il faut la voir les bras ballants lorsqu’elle parle, le genre de gaffe que l’on ne fait plus après une semaine de théâtre !). Les autres acteurs ne sont guère meilleurs d’ailleurs, mais son eux aussi dotés de rôle totalement hallucinants et jusqu’au boutiste dans le ridicule volontaire. Entre les deux mecs qui se prennent pour des « hommes nichons », le chanteur noir efféminés qui vient pousser la chansonnette chez les rednecks, et ses deux danseuses, une gothique et l’autre poupée Barbie, il y a de quoi faire ! Je passe sur le savant fou totalement gâteux et autre joyeuseté. En tout cas c’est plaisant de voir un film qui met le paquet, et n’a peur de rien, c’est ce que l’on peut attendre de ce genre de film.
Le scénario tient sur un timbre-poste, tout est dans le titre en fait. Alors évidemment ce n’est pas pour la finesse de l’intrigue qu’on regarde ce film, mais pour sa bonne humeur communicative à base de n’importe quoi et de scènes bouffonnes. Et là il y a le paquet. Ce film est totalement givré. Entre la chaman amérindienne qui se fait bouffer en plein rituel, la scène de sexe écourtée, la scène de l’os à l’acrocanthosaure (et oui on choisit une espèce au nom compliqué histoire que ce soit plus scientifique), il y a de quoi faire ! Le cache-cache final est aussi un grand moment de cinéma. Alors c’est totalement idiot, mais c’est généreux et vraiment attachant. On sent que les scénaristes ont fait un cadavre exquis de leurs idées les plus débiles, et le réalisateur c’est chargé de le filmer. C’est vraiment très sympa, jusqu’à l’épilogue absolument bouffon, qui fait croire que ce film est une sorte d’autobiographie de Mashonee !
Visuellement le film est dans la même dynamique. Dan Bishop se lâche outrageusement et ça marche ! Curieusement ce n’est même pas du tout si mal fait que cela. La scène d’attaque du bus est même très bien fichue pour un budget misérable. A côté de cela Bishop s’amuse à accentuer les gags avec une certaine réussite, et Bishop est d’une roublardise à toute épreuve. Le plan sur les fesses de Mashonee par exemple en témoigne. Pour être franc tout ce mélange dans la réalisation de Bishop, du bon surement volontaire, du moins bon, surement volontaire lui aussi, mais c’est toujours très punchie. Alors évidemment niveau décors, niveau figurant, niveau photographie Raptor Ranch est à l’image de la plupart de ses congénères, faible. Le budget n’a visiblement pas trop effleuré cette partie du film, mais au moins on peut dire que c’est retombé sur le budget effets visuels. En effet les images de synthèse ne sont pas immondes, et les animatroniques pour les gros plans sont de belles factures. Alors certes ce n’est pas au niveau du Jurassic Park de 1993, mais la scène du bus toujours montre de bonnes choses. De même le film est sanglant, avec pas mal d’effets à l’ancienne et le rendu est de qualité même si évidemment on n’aura pas peur. A noter une bande son des plus sympathiques, qui utilise entre autre les qualités originelle de Mashonee.
Bon pour être très franc ce film est une réelle tuerie dans son genre. Bien sûr il faut préciser dans son genre, car si on prend ce métrage au sérieux et au premier degré, ouille, mais si on le comprend, et qu’on le perçoit pour ce qu’il est, c’est-à-dire un nanar volontaire fauché c’est un métrage mémorable. Très dynamique, n’ayant peur de rien, généreux à outrance, bouffon comme pas permis (et vu le travail hallucinant des doubleurs je crois qu’eux-mêmes l’on très bien comprit), ce Raptor Ranch est dans le très haut de gamme des films de monstre comique. Si c’est votre style alors foncée, c’est beaucoup beaucoup plus fun que les précédents Raptor Island et Planet Raptor. 4.5 car bon, il y a des aspérités techniques, mais il a 5 dans mon coeur, sans difficulté.