Faut vraiment que les ricains arrêtent avec leurs remakes…dernière idée en date : et si on remakait "The Grudge" le film de 2004 : il avait cartonné à l’époque non ? A l’origine de cette « saga », on a "Ju-On" et "Ju-On 2", deux chefs-d’œuvre de l’horreur japonaise réalisés par Takashi Shimizu. Puis les américains ont voulu faire un remake et ont demandé à Shimizu de le réaliser lui-même : au final, le film est un énorme carton au box-office mondial. Sur la lancée les producteurs lancent une suite toujours réalisée par Shimizu mais très différente du "Ju-On 2"d’origine et là déjà on sentait un ralentissement, Shimizu étant moins libre artistiquement que sur le premier volet. Le film fut un semi-fiasco si bien que le troisième épisode sortit directement en dvd et sans Shimizu aux commandes….bref "The Grudge" était encore hier une licence moribonde et au point mort. Mais c’était sans compter avec Hollywood qui, étant plus que jamais en quête de marques à exploiter jusqu’à la dernière goutte, décide alors de lancer une sorte de reboot du remake de 2004 (vous suivez toujours là ?!), espérant ainsi remettre au goût du jour l’horreur japonaise (non, en fait y’a que le fric qui les intéresse). Et pour mener cette mission difficile, les producteurs ont choisi le metteur en scène Nicolas Pesce dont les premières réalisations sont passés totalement inaperçus ("The Eyes of My Mother" et "Piercing") : rien que ça, ça sentait déjà le pâté périmé à des kilomètres !!! Et soyons franc, cette version 2020 est tout simplement C-A-T-A-S-T-R-O-P-H-I-Q-U-E !! Le film échoue sur tous les domaines : 01) Le récit est bordéxxxxlique au possible, multipliant les lignes temporelles, les lieux, les intrigues et les personnages alors que, techniquement, seuls deux d’entre eux sont réellement importants. C’est inutilement complexe et cela donne vraiment l’impression qu’on a essayé faire du cache-misère scénaristique pour combler le vide et les incohérences (sans déc, à un moment on nous sort que l'inspecteur a bossé des mois sur une enquête sans jamais se rendre sur le lieu du crime : vous y croyez vraiment ??!!) Et le pire c’est quand les producteurs assurent que le film se situe bien dans la timeline de la franchise entre le premier et le second remake : sérieux ??!! 02) La mise en scène de Nicolas Pesce va au-delà du simple académisme : c’est plat, fade, à la limite de la fainéantise. L’action se passe souvent de jour, cassant totalement avec les codes du genre, en nous proposant une photographie immonde tirant sur un jaune cendré, une sorte de sépia du pauvre qui donne à l’écran une image baveuse et nauséeuse absolument dégueux. 03) Le métrage oublie constamment sa première raison d’être : l’effroi. A aucun moment le film ne fait peur !! D’ailleurs, dès le début du film le ton est donné :
au bout de deux minutes, on assiste à la première apparition de Kayako (enfin, de la « nouvelle » Kayako pour être précis)…dans la rue en pleine journée ??!!
Ensuite il faut atteindre le premier quart d'heure pour voir une vague tentative de frayeur (qui est vaine bien entendu), puis 11 minutes de plus pour un premier jumpscare bien naze...et ouais une demi-heure de film et rien à se mettre sous la dent, sauf un petit saignement de nez qui pourra peut-être faire de tourner de l'œil un hématophobe ou deux !! La suite, ce n’est qu’une vulgaire succession de sursauts au rabais (ah ça, vous allez en bouffer des jumpscares relous !!) : jamais le métrage ne vous proposera la moindre scène de suspense ou un seul véritable moment de terreur. 04) Les personnages sont totalement fades, insignifiants, à un tel point qu’on n’éprouve aucune implication émotionnelle ou identification envers eux…finalement, qu’ils crèvent ou pas on s’en tape royalement ! Le pire, c’est que beaucoup d’entre eux ne servent à rien sinon à rendre confus le visionnage. 05) Les acteurs sont totalement à la ramasse : Andrea Riseborough est transparente n’affichant pratiquement qu’une seule et même émotion sur son visage pendant 90 minutes (on est bien loin de ces prestations dans "Birdman" et "Mandy"), Demian Bichir fait mal au cœur tant il essaye de donner de la consistance à son perso alors qu’il se demande constamment ce qu’il peut bien faire ici, Lin Shaye est grotesque à un tel point que sa « performance » m’a rappelé celle immonde de Deanna Dunagan dans "The Visit", William Sadler surjoue tellement la folie qu’il en devient pathétique à chaque fois qu’il est à l’écran, quand à Jacki Weaver et Frankie Faison bin…bin…comment dire….c’est comme regarder un tableau entièrement blanc accroché sur un mur blanc ! Non franchement, ceux qui s’en sortent le mieux c’est John Cho et Betty Gilpin, mais leur temps à l’écran est tellement minime qu’on finit tout aussi vite par oublier leur prestation ! Sincèrement, comment on peut gaspiller autant de fric à produire des péloches aussi nazes ? C’est vraiment une production Ghost House, la boîte de Mister Sam Raimi, ceux qui ont produit "Don’t Breathe" et le remake d’ "Evil Dead" ?? Plombé par ces égarements scénaristiques et la mise en scène ultra fainéante de Nicolas Pesce, "The Grudge" 2020 n’est qu’un film sans âme, un autre produit de consommation de plus dans le grand fast-food de l’horreur : fastidieux et indigeste (en fait, c’est juste parfait si vous voulez simplement pioncer pendant 1h30 !)…une nullité qui crache sur les fans de cinéma horrifique et qui est une véritable insulte aux chefs-d’œuvre de Takashi Shimizu !