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maxime ...
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5,0
Publiée le 10 juin 2017
Pour ma part, Fatima est mon premier film de Philippe Faucon. J'ai déjà commencé les bandes annonces de ces précédentes créations tant ce film-ci a pu m'enthousiasmer. Les actrices sont incroyables, le césar de Zita Hanrot est amplement justifié. Un long métrage encensé mais aussi parfois bêtement écorché, une oeuvre qui fera date !
Après "La Désintégration", Philippe Faucon filme le mouvement contraire dans "Fatima", récit d'une femme qui accumule les ménages pour pouvoir payer les études de sa fille aînée. Le film touche par sa délicatesse, que l'on retrouve aussi bien dans la brièveté des scènes que dans la façon de dessiner ses personnages, jamais caricaturés mais saisis dans un instant de leur vie. Parti pris intéressant de ne pas leur donner de l'épaisseur et de ne pas les faire évoluer mais simplement de les inscrire dans un contexte social réaliste et de suivre leur quotidien; cependant, on peut aussi pointer des limites à cette démarche qui, si elle permet un regard politique et social lucide, est exempte de toute prise de risque, tant sur un plan formel que critique. Même si "Fatima" est doté d'une mise en scène plus précise et élaborée que certains détracteurs ont voulu faire croire (encore faut-il savoir regarder un film !), il manque la vision forte d'un Kechiche ou d'un Guiraudie, qui permet aussi une émotion autrement plus intense. Quant au regard que porte Faucon sur cette histoire, il est souvent juste et ne tombe que très rarement dans l'illustration mais, avec un peu de recul, on se dit que son film n'est pas dépourvu d'évidences qui auraient peut-être méritées à être déconstruites afin de créer plus d'incertitudes. C'est finalement ce choix de ne pas adopter une posture dialectique et complexe qui empêche "Fatima" de s’élever et de proposer une lecture politique singulière.
Le film est pas mal, sans plus. Il s'agit d'une chronique de la vie d'une femme immigrée, mère courageuse, qui élève seule ses deux filles et fait tout ce qu'elle peut pour elles. Il y a quelques idées véhiculées tout au long du film en rapport avec l'importance de savoir parler et lire la langue du pays d'accueil ou sinon, les enfants auront honte de leurs parents. Il y a également l'idée que, pour les filles, la liberté passe par la réussite dans les études. Mais franchement, rien d'exceptionnel, rien qui justifie, à mon sens, une récompense comme un césar.
Fatima fait montre d'une belle sensibilité, en nous montrant le portrait d'une immigration réussie, malgré le mauvais vouloir des français qui y sont confrontés. La scène de conclusion est un modèle dans le genre. La barrière de la langue est ici montrée également dans un cadre plus intime, créant une séparation entre les enfants et leur mère. Si le jeu de la jeune Souad sonne parfois un peu faux, peu importe finalement, l'objectif est réussi. Il est important de montrer des films de ce genre, qui montrent que l'échec de l'immigration ne vient évidemment pas seulement des étrangers, mais aussi de notre attitude condescendante vis-à-vis d'eux.
Très bon film, épuré et tout en sensibilité. Simplement filmé, il fait réfléchir sur la diversité. beaucoup de chemin à parcourir. Chacun a des droits et des devoirs. A voir
Non, non et non, ce film n'est pas une merveille du cinéma français, c'est un documentaire sur une famille d'en bas, avec ses problèmes tristement universels. Ce n'est en rien artistique, en rien remarquable (sauf pour les gens biens) mais c'est à la mode.
Le cinéma est-il un art ou un outil de propagande? A voir ce film, j'ai eu le sentiment de contempler un épigone de Leni Riefenstahl pour une autre cause! Dégoulinant de clichés boboïstes, de stéréotypes de la bonne gauche lang-oureuse pseudo-artistique, de cryptages "amalgamistes"... Qu'un jury ait pu voir en ce film le meilleur film français de l'année ne me donne plus du tout tout envie d'aller au cinéma voir des films... français ou définis comme tels. En terme d'analyse : rien dans la mise en scène, dans la photo, dans la musique, dans le jeu d'acteurs, dans le scénario hyper-convenu... L'isotopie générale? De la propagande pure et dure, la glorification de la fraude et de l'assistanat, l'apologie du non-effort d'intégration et du repli sur soi... J'en suis ressorti avec un violent sentiment d’écœurement et je me suis soigné en revoyant le superbe Thérèse Desqueyroux de Claude Miller ou les vestiges du jour de James Ivory, pour me convaincre que le cinéma peut réellement être magnifique et procurer des moments de transcendance pure... Ce film est dans la lignée des films de Boisset (dupont lajoie), sans le talent de Carmet et sans la maîtrise du réalisateur : une caricature simpliste, à la mode, convenue et dangereuse.
D'une profonde humanité, ce film à la mise en scène d'une infinie délicatesse et de la plus grande sensibilité dresse pourtant un portrait sans angélisme et sans fards des difficultés de l'intégration. Discrètement politique, il interroge finement sur les fossés générationnels et sur le racisme ordinaire. Le spectateur n'est pas prêt d'oublier le dernier plan du film bouleversant et qui résume de manière admirable l'amour et la fierté d'une mère, lumineuse Soria Zeroual.
Remède idéal contre le fatalisme ambiant, « Fatima » dresse le portrait tout en nuance d’une mère immigrée et de ses deux filles. Le rapport à la langue est central : Fatima souffre de ne pas maîtriser le français et cette lacune l’isole socialement et la met à distance du parcours scolaire de ses enfants (brillant pour l’un, plus problématique pour l’autre). Evitant aussi bien le piège de l’angélisme (l’intégration demeure problématique) que celui du déni du racisme latent de la société française, « Fatima » propose des portraits de femmes complexes et émouvants.
Délicatesse et sobriété de la mise en scène comme celui du jeu des actrices. Les plans fixes, souvent américains, cadrent l’essentiel: les rapports humains. Stakhanoviste du don de soi, la mère s’évade dans l’écriture. Elle parle en arabe à ses filles qui lui répondent en français ; tout est dit.
Film nécessaire et attendrissant d'un joli trio féminin révélant l'actrice Zita Hanrot. Philippe Faucon réussit une retranscription réaliste et délicate.
Enfin un film où moi, petite spectatrice bourgeoise blanche, je ne me sens pas sommée de rendre des comptes, où chacun prend ses responsabilités, où la bêtise et la mesquinerie sont également réparties entre la patronne qui laisse volontairement traîner un billet et les voisines médisantes et blessantes. Un film où il est montré que si on a la rage (ce sera dur, ce n'est pas une question de couleur de peau, mais de milieu social), on peut s'en sortir par les études. Un film qui montre que la révolte adolescente balaie tout sur son passage (il est vrai que le complexe du colonisé joue à plein dans le mépris tellement injuste, manifesté par Souad pour sa mère) et pourtant l'institution scolaire semble être présente et attentive, même si Fatima n'a pas les mots, tout du moins pas en français. Un film qui fait du bien.
César du meilleur film, de la meilleure adaptation, du meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot, Fatima, petite pépite loupée en 2015, est une ode aux mères courage, un film magnifique sur l'intégration.